Cet article fait partie du dossier : Les Rendez-vous Mobilités du Cerema
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Les principes généraux de cette évaluation
La circulation inter-files se caractérise par une circulation des deux-roues motorisés entre les files de véhicules situées sur les deux voies, ayant le même sens de circulation, les plus à gauche d’une chaussée. Elle est possible sur les autoroutes et les routes à deux chaussées séparées par un terre-plein central et dotées d’au moins deux voies chacune, où la vitesse maximale autorisée est supérieure ou égale à 70 km/h, lorsqu’en raison de sa densité, la circulation s’y est établie en files ininterrompues sur toutes les voies autres que celles réservées, le cas échéant, à la circulation de certaines catégories particulières de véhicules ou d’usagers. La vitesse des deux-roues motorisés en inter-files est limitée à 50 km/h.
Cette définition légale de la circulation de CIF conduit à définir son complément la remontée inter-files (RIF), qui est complémentaire de la CIF, ou autrement dit le non respect d’une règle relative à la CIF.
La méthode d’évaluation a été déployée autour de quatre thématiques : Les comportements, l’accidentalité, l’acceptabilité et la formation.
Pour ce qui relève des comportements et de l’accidentalité, la méthode repose sur le principe d’une évaluation "avant" et "après" pour le réseau autoroutier des huit départements de la Région Île-de-France, des Bouches-du-Rhône, de la Gironde et du Rhône. Le département de Haute-Garonne a été retenu comme "zone témoin". De plus, l’évaluation de l’accidentalité des deux-roues motorisés en CIF ou en RIF a été comparée aux évolutions de l’accidentalité des deux-roues motorisés sur le réseau éligible à la CIF de chacun des départements ainsi qu’à l’évolution des accidents 2RM pour tous les réseaux routiers de chaque département afin de tenir compte des éventuels effets contextuels.
Pour ce qui concerne l’acceptabilité, 3 vagues d’enquêtes ont été dirigées vers les conducteurs d’automobiles et de deux-roues motorisés afin de recueillir leurs déclarations relativement à l’expérimentation.
Enfin, deux enquêtes ont été menées relativement à l’enseignement de la CIF, l’une auprès des personnes qui passent le permis deux-roues motorisés ou le permis automobile, l’autre auprès des formateurs, permettant à partir des déclarations d’obtenir une photographie des process en cours.
Les résultats de l'évaluation
Une évolution favorable des comportements 2RM, notamment en terme de vitesses pratiquées, mais qui reste minoritaire relativement au respect des règles.
Les principaux résultats de l’évaluation indiquent que l’expérimentation a globalement eu des effets positifs concernant les comportements. Bien que restant minoritaire, le respect combiné des règles de positionnement et de vitesse tend à s’améliorer au cours de l’expérimentation, notamment sur le boulevard périphérique parisien.
Concernant le seul aspect des vitesses, 23 % des 2RM circulaient à 50 km/h ou moins en pratiquant la CIF en 2015 contre 40 % en 2018. Il ressort que les vitesses des conducteurs des 2RM en situation de CIF se concentrent entre 41 et 70 km/h. La proportion des grands excès de vitesse (> 20 km/h) est, quant à elle, en diminution (20 % en 2015 ; 9 % en 2018).
Une gravité qui reste faible, mais un nombre d’accidents qui croit légèrement avec cependant une hausse importante en Gironde.
L’accidentalité des 2RM a diminué de 10 % France entière entre l’état initial (2012-2014) et les années d’expérimentation (2016-2018). L’accidentalité des 2RM à l’échelle de l’ensemble des zones expérimentales (les départements entiers) a également baissé de 10 % tandis qu’elle a augmenté de 12 % sur le périmètre des « réseaux routiers où s’applique la CIF expérimentale » et de la zone témoin, en se stabilisant au cours de l’expérimentation.
4 500 procès-verbaux d’accidents de 2RM sur les réseaux expérimentaux ont été analysés sur la période 2015-2018 (une année avant l’expérimentation, 3 années après) afin de déterminer les mécanismes de chaque accident impliquant un 2RM. Le total cumulé des accidents dans lesquels les 2RM pratiquaient la CIF ou la RIF sont de l’ordre de 1 650 accidents légers, 161 accidents graves et 16 accidents mortels. Pour les 16 accidents mortels de 2RM, aucun ne respectait les règles de l’expérimentation CIF: vitesse ou positionnement – le plus souvent la vitesse était très supérieure à la limitation à 50 km/h.
Les facteurs d’accidents impliquant un 2RM en situation de CIF ou de RIF, concernent principalement une vitesse excessive ou inadaptée pour les conducteurs de 2RM combiné avec un changement de file inopiné ou sans respect des règles du code de la route par les usagers non 2RM.
Alors que le nombre d’accidents de 2RM relevant de la CIF ou de la RIF est en légère hausse sur la plupart des réseaux de l’expérimentation, la Gironde fait exception : le nombre d’accidents 2RM relevant de la CIF ou de la RIF sur le réseau expérimental a triplé (13 en 2015, 57 en 2018). Sur ce territoire, une forte augmentation annuelle du trafic routier est notée sur le périphérique, qui concentre 90 % des accidents de 2RM. Cette augmentation de trafic se traduit par une augmentation de la congestion, du nombre de 2RM et donc de la pratique de la CIF et de la RIF, pouvant expliquer en partie l’augmentation de l’accidentalité.
Une connaissance des règles qui peut être améliorée.
Les conducteurs de véhicules légers déclarent une bonne acceptation des règles de l’expérimentation. Des modifications de conduite de la part des 2RM sont déclarées au cours des années (recherche du regard des usagers, usages des feux).
Un léger effet sur l’apprentissage de la conduite
Il ressort également que la CIF a été plus fréquemment abordée en 2016 dans les centres de conduite dans les zones expérimentales que sur le reste du territoire. L’expérimentation a donc permis de renforcer la pédagogie, des marges de progrès subsistent.
Au final, une expérimentation qui n’apporte pas de résultats tranchés.
Suite à cette évaluation, il ressort la nécessité de mieux contrôler les règles de conduite, de mieux communiquer et enseigner la pratique. Enfin, le développement des voies réservées (voie de droite, voie de gauche, ...) dans un avenir proche nécessite de clarifier les règles de la pratique de la CIF en leur présence.
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