Cet article fait partie du dossier : Les Rendez-vous Mobilités du Cerema
Voir les 56 actualités liées à ce dossierLe webinaire s’est déroulé en deux grandes parties entrecoupées de deux sessions de questions-réponses de 15 min et de présentations courtes ("pastilles")
1ère partie : l’impact du Covid sur les modes de transports
L’impact direct de la crise sanitaire se retrouve dans la fréquentation différenciée des modes de transports.
La première présentation s’intéresse à l’impact sur l’usage des transports collectifs. On constate à l’heure actuelle une rupture. Si un retour progressif à une situation proche de la normale en matière de fréquentation est constaté, celle-ci reste inférieure dans de nombreux réseaux (entre -15 et 20% de baisse fréquentation). Si la peur de la contamination est plus jugée comme un facteur conjoncturel, des changements plus profonds (mode de vie, travail) interrogent, et les exercices de prévisions restent compliqués.
Sur les autres modes de transports, si des évolutions contrastées ont été mesurées, celles-ci ne s’apparentent pas à des ruptures.
Le développement du vélo a été accéléré par la crise sanitaire, et reste à savoir si cette croissance va continuer et jusqu’à quel niveau. Si la marche reste un mode plébiscité, on note l’essor sur certains territoires des Engins de Déplacements Personnel Motorisés (EDPM). La voiture reste le mode principal de déplacements des français, l’épisode Covid ne changeant pas a priori les perspectives d’usage. Si le covoiturage a subi une forte baisse de fréquentation pendant la pandémie, la hausse brutale des prix des carburants pourrait à moyen terme changer la donne.
La crise sanitaire a un impact très fort sur les déplacements aériens de voyageurs avec une baisse spectaculaire des voyages. Les premières tendances laissent à penser que le retard de croissance de 2020-2022 ne sera pas rattrapé, la croissance du trafic aérien restera dynamique mais sera plus faible que pour les projections réalisées antérieurement à la pandémie avec un retour aux trafics 2019 vers 2023-2024.
2 ème partie : évolutions structurelles influençant les mobilités
La crise liée à la Covid pourrait conduire à des changements structurels sur nos façons de produire de travailler et de se loger. Il est aujourd’hui difficile d’anticiper la nature et l’ampleur de ces éventuelles transformations. La deuxième partie du webinaire a essayé d’avancer des analyses avec les données actuellement disponibles.
La crise sanitaire a mis en exergue la vulnérabilité des chaines logistiques, elle agit comme un accélérateur de changements et rend nécessaire des évolutions vers des systèmes plus résilients. Plusieurs pistes sont avancées :
- Contre les ruptures d’approvisionnements : redondance (plus de sites de production, mieux répartis) et stocks de sécurité
- Régionalisation des chaînes logistiques : relocaliser les sources d’approvisionnement et la production
- Chaînes logistiques à géométrie variable pour mieux s’adapter aux chocs et à la volatilité de la demande : construction de chaînes plus réactives, plus évolutives voire « éphémères »
Le développement du télétravail a été un phénomène marquant lié à la pandémie. Avant la crise un jour moyen seul 1% des actifs étaient en situation de télétravail, fin 2021 ce chiffre s’élevait à 10%. Il est aujourd’hui encore difficile d’anticiper les impacts sur les mobilités quotidiennes mais les analyses sur les comportements de télétravailleur avant pandémie amènent à s’interroger. Les télétravailleurs quand ils travaillaient à leur domicile avant 2019, parcourraient beaucoup moins de kilomètres que les autres actifs. D’un autre côté les télétravailleurs avaient tendance à habiter plus loin de leur lieu de travail. Si au global on peut s’attendre à une baisse de mobilité avec le développement du télétravail, celle-ci pourrait être limitée par des effets rebonds. Il est nécessaire de voir quel comportement de mobilité les "nouveaux" télétravailleurs vont adopter.
Les effets de la crise sanitaire sur les mobilités résidentielles restent à analyser en lien avec l’essor du télétravail. Des territoires pourraient voir leur attractivité augmenter, des préférences pour certains types de logement (pièce de plus, terrasse, jardin) se renforcer mais les grandes tendances sur les choix de localisation des ménages (grandes métropoles, façades littorales…) devraient perdurer. On peut s’attendre à une baisse de fréquence des déplacements et à un certain allongement des distances parcourues ce qui pourrait ne pas être neutre dans l’organisation des transports collectifs.
Enfin, les périodes de crise sont aussi l’occasion de s’interroger sur d’éventuels changements de valeur (la place de la mobilité aujourd’hui) ou sur des innovations porteuses de ruptures (metavers). Le webinaire a partagé des idées sur des sujets qui ne manqueront de revenir nous questionnait dans les années à venir
Le Cerema remercie tous les participants au webinaire et reste preneur de toutes remarques, documents, études sur le sujet.
Dans le dossier Les Rendez-vous Mobilités du Cerema