20 janvier 2025
route de montagne
Le 12 décembre 2024, le Cerema organisait un RDV Mobilité consacré aux mobilités en montagne. En s’appuyant sur le retour d’expérience de 5 territoires issus de 4 massifs différents, ce webinaire a mis en avant les 3 dimensions essentielles à tout projet de mobilité : la stratégie, la définition du bouquet de mobilité et la mise en place d’une politique d’animation et de sensibilisation.

Retrouvez ici les supports de présentation et le replay du webinaire.

La Montagne, un quart du territoire français

Quand on parle de mobilité en zone de montagne, de quoi parle-t-on exactement ? La loi Montagne définit un certain nombre de communes en fonction de leurs caractéristiques liées à l’altitude, à la pente et/ou au climat, qui rendent complexe l’utilisation des terres. Dans une dimension plus large, les communes dites de massifs agglomèrent ces zones de montagne stricto-sensu et les zones contiguës (piémont ou plaine si continuité de massif) : la France compte 9 massifs, dont 6 métropolitains, qui représentent 27 % du territoire français et 15 % de la population !

 

En matière de mobilité, ces zones sont marquées par la part très importante de la voiture dans les déplacements (80 %) ainsi que par un temps d’accès aux équipements et services supérieur à la moyenne nationale (de 30 % pour le Massif central, par exemple).

 

 

Le dénivelé, la distance, la saisonnalité, le climat, l’enclavement...Autant d’éléments qui apparaissent comme étant caractéristiques de la mobilité en zone de montagne et que les projets de mobilité sur ces territoires doivent prendre en compte.
 

La présentation :

Définir une stratégie

La définition d’une stratégie est un temps essentiel à la mise en place d’un projet de mobilité. C’est ce qu’a montré Olivier Ramond, du Département des Vosges, dans la présentation du travail mené autour de Longemer et du Col de la Schlucht. L’objectif est de créer un schéma à 10 ans sur ce territoire à la fois touristique, de transit et assez densément habité pour une zone de montagne. Sur la route des crêtes, qui permet notamment l’accès aux services touristiques, la question du trafic et du stationnement est essentielle avec des pics de fréquentation qui génèrent des problèmes de sécurité. 

En termes de mobilité active, il existe aussi plusieurs infrastructures structurantes qui convergent vers la route des crêtes. 

carte route des crêtesFort de ce constat, le projet s’est fixé des objectifs clairs : exclure une fermeture complète de toutes les crêtes, tout en permettant des fermetures temporaires sur certains tronçons. Il prévoit également l’aménagement de parkings et la réutilisation de certains parkings existants, en utilisant des remontées mécaniques pour accéder à la route. Enfin, la mise en place de navettes et d’un système d’information en vallée sur l’état du stationnement permettra de favoriser le report modal.

La présentation :

Choisir son bouquet de mobilités

Fort d’une stratégie, un territoire peut dès lors concevoir un bouquet de mobilité adapté à son territoire et à ses enjeux. En zone de montagne, on peut multiplier les solutions : Transport à la demande, navette de centre-ville, covoiturage, autopartage, service vélo…

C’est ce que montre bien la Communauté de communes du Bugey Sud : 35 000 habitants répartis sur 42 communes, dans le massif du Jura, à la croisée de l’Ain, de la Savoie et de l’Isère. Leur stratégie mobilité 2023-2026 prévoyait de déployer un bouquet de mobilités autour d’un service de transport urbain, un transport à la demande, du covoiturage, de l’autopartage, de l’animation et de la promotion et un schéma des mobilités actives. La navette de centre-ville a été lancée en septembre 2024 et c’est un succès. Une fréquence de 45 minutes à 1h30, une complémentarité pensée avec les autres services (transport à la demande, vélo, car région) et, finalement, 1500 validations en novembre, après un 1ᵉʳ mois gratuit.

Autre solution avancée, le Vélo à Assistance Électrique (VAE), qui prouve que le vélo peut être une solution adaptée aux territoires de montagne : La location se fait sur 1, 2 ou 3 mois, avec une flotte de 35 VAE. Après 5 années de service, le bilan est positif : 350 bénéficiaires différents qui ont réalisé 115 000 km, majoritairement des femmes (70 %) issues de 85 % des communes. Le service se poursuit avec l’acquisition de 4 longtails, l’allongement possible de la durée de location et l’instauration d’un tarif solidaire.

La présentation :

Dans le Massif central, à Hautes Terres Communauté (11 000 habitants pour 35 communes) dans un espace hyper-rural, un large éventail de solutions se déploie également : navettes, transports à la demande, mobilités partagées ou modes actifs. Sur ce volet, le projet a démarré en 2021 avec la création d’un itinéraire vélo structurant le territoire. Dans le cadre de ce plan vélo, un service de location de VAE a été mis en place. Initialement pensé à vocation touristique, le service a muté vers un service aux habitants. Autre solution innovante et adaptée au territoire : l’autopartage. Un véhicule est actuellement en service à Murat, disponible 24h/24 et 7J/7. Depuis sa mise en service il y a quelques mois, 874 km ont été effectués, avec une moyenne de 47 km par trajet et une location pour une durée moyenne de 3 heures. Ce service correspond donc bien à un déplacement de proximité ponctuel.

feuille route mobilités actives

La présentation :

L’autopartage, c’est aussi une solution déployée par le Parc Naturel Régional (PNR) de Chartreuse, mais cette fois non plus à travers un système géré par un opérateur, mais en développant l’autopartage entre particuliers. Cette expérimentation, lancée en 2022, vise à promouvoir la mise en commun d’un véhicule entre amis, voisins ou proches. Dans ce cadre, le PNR apporte une assurance adaptée, une aide technique pour la mise en place (barème kilométrique, contrat, organisation pratique…) et un accompagnement pour résoudre les problèmes.

Enfin, autre facette du bouquet de mobilité : le transport à la demande (TAD).

La Communauté de communes des Portes du Haut-Doubs, qui compte 26 000 habitants pour 47 communes, propose deux facettes de ce type de solution : d’un côté Libertàd, un transport à la demande solidaire qui existe depuis 13 ans et transporte principalement un public âgé et des jeunes en insertion ; de l’autre les navettes Y’Lico, liaisons intercommunales à destination des bourgs-centre et des arrêts de transports en commun régionaux (TER ou cars régionaux). 

 

Ce projet, dont l’expérimentation débute, est un TAD avec 66 points de départ et 16 points d’arrivée, dont les missions et la gestion sont distinctes de Libertàd. La préexistence d’un schéma local des mobilités appuyé sur une analyse des besoins assure la cohérence de ces deux projets.

La présentation :

Développer les partenariats et animer le territoire

En matière de mobilité, les acteurs sont nombreux autour des multiples compétences à déployer. La mise en place de partenariats solides est donc le gage d’un projet réussi.

C’est la conviction du Département des Vosges qui a pris le temps de construire une réflexion commune, d’autant plus importante que cette route est à la limite administrative de 2 territoires : le Département des Vosges et la collectivité européenne d’Alsace, toutes deux gestionnaires de voirie. Avec la Région Grand Est (autorité organisatrice de la mobilité -AOM- régionale) et l’ensemble des EPCI (AOM locales sur leur territoire), il était nécessaire de partager une vision commune pour construire une stratégie solide sur 10 ans.

fête du vivant

L’action commune du PNR de Chartreuse et de la communauté de communes Cœur de Chartreuse témoigne aussi de l’importance des partenariats. Structurellement, les liens sont importants entre ces deux structures, et même si aucune ne dispose de la compétence mobilité, elles peuvent agir : soit par délégation régionale pour Cœur de Chartreuse, soit en venant en appui des communes, comme c’est la vocation d’un PNR. Celui-ci a inscrit les mobilités durables dans son projet, et vient accompagner les communes dans des phases d’expérimentation ou sur des sujets précis : mobilité des entreprises, projets associatifs locaux, animation.

Ce dernier point est d’ailleurs d’importance, car il permet de sensibiliser aux mobilités alternatives individuelles, mais aussi de faire connaître, de faire tester les solutions proposées sur le territoire. Ainsi, en 2024, des actions ont été mises en place lors de la fête du vivant ou le marché aux fleurs, avec des challenges, des jeux, le test d’un véhicule léger intermédiaire,…

La présentation :

Une communauté pour échanger 

Ce que nous montrent ces territoires de montagne, c’est que même avec des situations de dénivelé, de saisonnalité, de distances importantes, des solutions alternatives existent et permettent des réussites dès lors qu’elles respectent certaines étapes, certains principes : stratégie, bouquets de mobilité dans une logique intermodale, animation et partenariat, par exemple.

Les acteurs de montagne, souvent dans des zones rurales, témoignent aussi de l’importance des échanges, des partages d’expérience. C’est dans cet état d’esprit que le Cerema a ouvert une communauté « mobilités en montagne » sur Expertises-Territoires, pour permettre le partage d’expérience, offrir la possibilité de poser des questions à ses pairs et au Cerema, bénéficier de ressources spécifiques conçues initialement pour accompagner les lauréats Avenir Montagne Mobilités. Cette communauté est ouverte à tous !

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Le replay

Dans le dossier Les Rendez-vous Mobilités du Cerema

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