Cet article fait partie du dossier : Les Rendez-vous Mobilités du Cerema
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Comment développer un espace public de qualité tant pour les piétons que pour les cyclistes ? Sous quelles conditions peuvent-ils circuler en mixité sur un même espace ? Comment gérer les points d’interaction ? Existe-t-il des exemples réussis en la matière ?
Retour sur cette conférence en ligne organisée en partenariat avec le Club des villes et territoires cyclables et marchables (CVTCM) et l’Académie des Mobilités Actives (ADMA), qui a rassemblée plus de 1000 participants.
Le développement du vélo et de la marche se traduit par une croissance des usages respectifs des deux modes. Il en découle une multiplication des interactions entre usagers qui peuvent parfois être vécues comme conflictuelles. Cela peut se produire par exemple dans des cas où la qualité des aménagements proposés n’est pas au rendez-vous.
Ces interactions ne donnent lieu qu’à peu d’accidents graves ou mortels, comparativement au nombre d’accidents recensés impliquant des véhicules motorisés. Pour autant, elles peuvent engendrer un sentiment d’insécurité pour certains usagers, constituer un "frein aux déplacements à pied ou à vélo" et pénaliser fortement la qualité de l’espace public.
Face à ce constat, le Rendez-vous Mobilités dédié à la thématique de la cohabitation piétons-cyclistes s’est intéressé aux problématiques suivantes :
- Les interactions piétons-cyclistes et leur complexité par le biais d’un exercice participatif
- Les recommandations clés pour aménager à la fois pour les piétons et pour les cyclistes
- Des outils concrets mis en œuvre pour apaiser les tensions entre les modes : élaboration et mise en œuvre de plans de circulation, communication auprès des piétons et des cyclistes
Une introduction à trois voix pour un Rendez-vous Mobilités partenarial Cerema-CVTCM-ADMA
L’introduction du webinaire a été scindée en trois parties, donnant successivement la parole à :
- Catia Rennesson du Cerema, pour présenter le dispositif des « Rendez-vous Mobilités » du Cerema ainsi que les enjeux de la thématique du webinaire
- Catherine Pilon du Club des villes et territoires cyclables et marchables, pour préciser le rôle des collectivités dans le travail de prévention d’apaisement à mener entre piétons et cyclistes
- Elin Lundmark de l’Académie des Mobilités Actives, pour présenter et valoriser les ateliers immersifs dédiés à la thématique piétons-cyclistes, mis en œuvre dès 2023 dans les métropoles de Bordeaux, Lille et Montpellier à l’initiative conjointe de l’ADMA, du Cerema et du CVTCM.
Interactions piétons-cyclistes : qualifier et prévenir les conflits
Un temps participatif pour cerner les interactions piétons-cyclistes (Cerema)
Suite aux temps introductifs, Cédric Boussuge (Directeur de projets Mobilités piétonnes et espace public au Cerema) a animé un temps consacré à la présentation des cyclistes et des piétons dans leur diversité, de leur accidentalité et du ressenti négatifs de nombreux usagers mis en avant dans les résultats des baromètres des villes cyclables et des villes marchables.
Cette introduction a servi de base à une expérience collective consistant à caractériser par le vote plusieurs "rencontres" entre piétons et cyclistes. Pour trois situations de cohabitation visualisées en vidéo, les participants ont pu exprimer s’ils caractérisaient la rencontre comme inexistante, acceptable, gênante, conflictuelle, ou dangereuse.
Pour chacune des situations rencontrées, les résultats des votes se sont révélés très disparates, ce qui révèle combien les perceptions de nos interactions sur l’espace public sont subjectives, mais également la nécessité de prendre en compte les perceptions les plus sensibles si l’on souhaite aménager un espace public inclusif.
Aménager conjointement pour les cyclistes : mode d’emploi (Cerema)
Avant de donner la parole aux acteurs locaux, Flavien Lopez (chef de projets aménagements cyclables et espace public au Cerema) a dressé un panorama des principales recommandations à respecter pour prévenir les conflits piétons-cyclistes et offrir un espace public de qualité pour les deux modes.
Les messages clés à retenir de cette présentation sont :
Retours d’expériences de collectivités et d’associations pour favoriser conjointement marche et vélo
Au sein de la Métropole de Bordeaux, des outils sont mis en place pour mieux connaître et résoudre des points de conflits sur des d’espaces publics. Arnaud Costes et Claire Schreiber, du service modes actifs, montrent comment ils identifient les problématiques de cohabitation piéton-cyclistes : alertes d’usagers via des outils participatifs (cyclofiches, fiches piétons) ou contributions aux baromètres des villes cyclables et des villes marchables. A cela s’ajoutent des revues de projets organisées en interne sur des projets de requalification d’espaces publics à différentes étapes de conception, où une vigilance est apportée sur la prise en compte des potentiels conflits entre modes actifs et autres modes de déplacement.
Ces avis sont illustrés par plusieurs cas concrets :
- Passage du réseau express vélo dans une rue étroite avec un arrêt de bus,
- Utilisation d’une contre-allée pour tester puis aménager une piste cyclable bidirectionnelle et transformer une ancienne voie verte en grand trottoir,
- Réaménagement d’une petite place avec un espace central dédié aux piétons et des contre-allées pour les cyclistes et les véhicules motorisés.
A Besançon, le pont de la République a également été réaménagé au bénéfice commun des piétons et des cyclistes. Frédéric Colin, du Département Mobilités de Grand Besançon Métropole, explicite les différentes phases d’aménagement qu’a connu le pont. Après la réintroduction d’une voie de tramway, des conflits entre tramway, cyclistes et piétons sont apparus. Avec un travail sur le plan de circulation et une analyse de différents scénarios d’aménagement, la fermeture du pont à la circulation motorisée est actée, avec des aménagements spécifiques aux entrées.
Cela permet de créer une piste cyclable confortable, de donner plus de place aux piétons, et de résoudre les conflits d’usages. D’autres applications du plan de circulation au bénéfice des piétons et des cyclistes sont illustrées dans des quartiers d’habitat et industriels : réallocation de voies de circulation pour créer des pistes cyclables et conforter les trottoirs, suppression de flux de transit dans des quartiers pour apaiser et sécuriser les déplacements en modes actifs.
Les associations d’usagers ont aussi un rôle à jouer dans la meilleure cohabitation des piétons et des cyclistes. Les associations Droit au vélo (ADAV) et Rue de l’Avenir ont ainsi collaboré pour la publication prochaine d’un livret "A pied, à vélo, mieux se comprendre, pour une cohabitation vigilante et bienveillante". Michel Anceau, directeur de l’ADAV située en Hauts-de-France, explicite la nécessité de communiquer pour un meilleur respect mutuel entre piétons et cyclistes.
Des exemples sont illustrés sur différents lieux : à proximité d’une piste cyclable, dans une aire piétonne, sur une voie verte, mais aussi sur des espaces "indéfinis", où les statuts et règles d’usages ne sont parfois pas claires. L’attention et la bienveillance des usagers sont complémentaires à des aménagements qualitatifs pour la cohabitation harmonieuse des piétons et des cyclistes.
Marion Ailloud, responsable du secteur Espace public et voirie urbaine au Cerema, a conclu cette conférence et note en particulier la richesse et la précision des échanges des intervenants mais aussi des participants. Elle rappelle la possibilité de solliciter le Cerema pour des formations et des accompagnements sur la marche et le vélo, et annonce le prochain Rendez-vous Mobilités sur l’accidentologie des cyclistes, prévu le 4 avril prochain.
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