A quoi doivent ressembler nos stations de montagne dorénavant ? Le Cerema apporte son éclairage aux Assises de la relance en montagne

Quel mode de développement pour les stations ?

La crise sanitaire a provoqué l’arrêt brutal de la saison d’hiver 2019/2020 des stations françaises, entraînant des pertes d’exploitation dans les différents secteurs (hébergement-restauration, commerces, domaines skiables …) et perturbant leur économie. Si durant l’été, la montagne semble être devenue la destination gagnante des Français, en revanche, les saisons suivantes restent toujours marquées par l’incertitude (chute du tourisme international, baisse du pouvoir d’achat, durée de la crise sanitaire…), questionnant le mode de développement des stations.

Dans ce contexte étaient réunis durant deux jours à Méribel des professionnels, élus, acteurs et experts (économistes, sociologues, chefs d’entreprises, visionnaires …), pour mettre en commun les constats et réflexions, débattre et échanger, et imaginer quel pourrait être le devenir des stations.

Invité à participer à la table ronde : « A quoi doivent ressembler nos stations dorénavant ? », le Cerema a évoqué le positionnement des Villes pairs et territoires en transition, qui peut interpeller les stations sur leur adhésion à ce tournant vers la transition écologique, au-delà des démarches de labellisation réalisées (Flocon Vert, Green Globe, ...).

Des leviers de transition présentés par le Cerema

Le Cerema a également fait part des premiers résultats du travail exploratoire sur les leviers de transition spécifiques aux territoires de montagne, réalisé au travers de l’analyse de quelques contrats de transition écologique, en relevant trois marqueurs de la transition en montagne :

1. S’appuyer sur les individus (à différencier des « acteurs » et des « territoires » comme le souligne Patrick Beauvillard, cofondateur de l’Institut des territoires coopératifs) qui vivent, travaillent et circulent au quotidien dans les territoires de montagne, qui y sont confrontées à l’adversité, aux effets concrets du changement climatique, qui développent un sentiment d’appartenance fort avec leur territoire, avec son patrimoine paysager et naturelCes personnes constituent des ressources sur les territoires, par leur capacité d’engagement dans des projets porteurs de transition (touristique), incarnant l’esprit des lieux et leur différenciation ;
    
2. Rechercher l’"hybridation" ou la mutualisation des fonctions dans un contexte d’économie des ressources, en particulier de l’eau, des espaces naturels et agricoles : comment utiliser les installations existantes pour remplir d’autres fonctions ? L’exemple du programme de développement d’énergies renouvelables de Serre-Chevalier Vallée (Hautes-Alpes), notamment sous forme de panneaux solaires souples sur les gares des remontées mécaniques du domaine skiable , associé à des engagements de sobriété et d’efficience dans la gestion du domaine, montre une piste à explorer ;
    
3. Impulser des dynamiques de projets locaux, sous forme de (nouvelles) coopérations entre acteurs et individus présents et agissant sur le territoire, sources d’innovations et génératrices de création de valeurs (Cf. les "écosystèmes coopératifs territorialisés" décrits par Julian Perdrigeat, Co-animateur d’une Fabrique des transitions). A ce sujet, a été citée la dynamique de transition écologique et solidaire impulsée par le PETR du Grand Briançonnais, avec des moyens d’actions mis en œuvre pour reconnaître et valoriser les initiatives des acteurs et individus, développer leur inter-connaissance et inter-action.

Pour la suite, le Cerema donne rendez-vous lors de la prochaine session du séminaire annuel de travail et d’échanges consacré aux territoires de montagne, prévue en juin 2021 sur le thème : "Montagnes en transition(s) : Quelle complémentarité des ingénieries ?".

Ce séminaire annuel organisé par le Cerema s’adresse aux acteurs techniciens territoriaux qui portent et mettent en œuvre les politiques publiques en montagne, dans les champs de la transition écologique et solidaire et de la cohésion des territoires, ainsi qu'à ceux qui leur viennent en appui.

Il a pour objectif de créer un espace de dialogue hors-cadre institutionnel entre ces acteurs pour confronter leurs points de vue et rechercher des complémentarités d'actions dans l'exercice de leurs compétences et missions.