Cet article fait partie du dossier : Le Cerema accompagne les territoires de montagne dans leurs transitions, en intégrant leurs spécificités et leur diversité
Voir les 34 actualités liées à ce dossierL'objectif du séminaire qui a réuni 67 participants sur les deux jours, était de faire travailler et échanger les participants autour du thème des gouvernances coopératives nouvelles qu'il va falloir inventer pour réussir les transitions nécessaires sur les territoires.
Des visites ont permis d'illustrer des situations de gouvernance innovantes ou à inventer, les présentations ont alterné entre informations d'actualités, notamment sur la réglementation spécifique à l'aménagement en montagne et à la mise en œuvre du programme Avenir Montagne, et expériences inspirantes.
Quelle gouvernance pour assurer les transitions ?
Après le mot d'accueil du Maire d'Arreau et l'ouverture du séminaire par Cyrille Portalez du Cerema Occitanie, une table ronde sur la gouvernance a réuni Maryse Beyrié présidente du PETR du Pays des Nestres et vice-présidente du conseil départemental des Hautes-Pyrénées en charge du tourisme, Delphine Mercadier commissaire de massif des Pyrénées et Jean-François Caron directeur de l'association de promotion de la Fabrique des transitions.
L'objectif était d'ouvrir le séminaire en commençant l'exploration, sur la base des expérience des intervenants, de la notion de cette notion de gouvernances nouvelles pour des territoires résilients. Les échanges ont confirmé la centralité de ce sujet pour réussir des transitions qui s'annoncent complexes et qui ne pourront pas se résumer à des actions techniques. Les mots-clés de "gouvernance partagée", de "volonté et de désir partagé d'y arriver", de "travailler le lien social", d'"agilité", de "travail multi-échelles", l'objectif de "faire société' ont été en filigrane dans toutes les interventions.
Jean-François Caron a rappelé la finitude de notre modèle actuel de développement, l'urgence à se transformer, et la spécificité des territoires de montagne dans lesquels les transformations dues au changement climatique sont particulièrement aiguës et visibles déjà. Il a partagé les leçons tirées de son expérience de maire de Loos en Gohelle et des travaux du réseau de la Fabrique des Transitions, desquelles se dégagent deux enjeux principaux :
- la nécessité de transformer les imaginaires pour aller vers d'autres organisations
- la nécessité d'embarquer dans ces transitions toute la société, or les changement de mode de vie ne se décrètent pas, les transformations se font dans l'action, par les choix et comportements de chacun.
Pour y parvenir, plusieurs leviers ont été mentionnés :
- la nécessaire mise en récit d'un futur désirable qui doit s'appuyer sur l'histoire reconnue de chacun.e
- l'engagement de personnes incarnant de nouveaux leadership qui enclenchent des changements
- le changement de posture des habitants qui doivent devenir acteurs de ces changements en co-responsabilité
- l'obligation d'une approche systémique des questions, et donc des changements managériaux importants au sein des différentes organisations
- la question centrale de la confiance qu'il faut construire entre les acteurs
- la nécessité de créer, renforcer et entretenir de "l'énergie de transformation" qui se créé lorsqu'on se met en mode "désir" pour aller vers des "étoiles", des objectifs partagés et désirables...
Le sujet est donc d'inventer les modes de faire et les politiques publiques qui favorisent la mise en oeuvre de ces leviers.
La boussole de la Résilience, élaborée par le Cerema en intégrant les 17 Objectifs de Développement Durable de l'ONU, a été présentée. Elle guide les acteurs dans l'élaboration d'une stratégie d'adaptation des territoires ou d'autres organisations en s'assurant d'avoir pris en compte l'ensemble des aspects de la résilience à travers 6 grandes thématiques, dont la gouvernance.
Cette présentation a aussi permis de donner aux participants une grille de lecture des projets visités par la suite, en s'interrogeant sur le niveau et les leviers de résilience des territoires des projets.
Les visites de terrain
Trois visites de terrain ont été organisées en parallèle par groupe d'une vingtaine.
1. La commune d'Aulon dont le conseil municipal depuis plusieurs décennies a décidé de favoriser toutes les actions qui "créent de la vie" sur son territoire. M. le Maire a expliqué l'histoire de sa commune, les risques quotidiens dus à la montagne, la crise démographique qui a conduit à innover pour faire vivre sa commune, l'appropriation des habitants et l'énergie mise pour développer des actions de renforcement et de conciliation des activités économiques et la préservation de l'environnement comme la création d'une réserve naturelle régionale gérée par ..l'ancien comité des fêtes de la commune !
Le groupe a été reçu ensuite par un couple d'éleveurs qui a fait découvrir son système d'élevage local et respectueux de l'environnement, puis par une animatrice de la maison de la Réserve régionale en plein centre de ce petite village de 95 habitants permanents.
2. La commune de Capvern-les-Bains, station thermale qui a connu et s'est développée sur l'"âge d'or du thermalisme" dont la clientèle a baissé de moitié mettant à mal son modèle de développement économique.
Le Maire nous a fait part de ses efforts et idées pour pallier ces difficultés et remonter le niveau de clientèle. Cette visite a permis de réfléchir aux voies et moyens de rebonds et de partager les questionnements et les difficultés autour de la nécessité de trouver une nouvelle voie.
3. Le Tiers-Lieu La Soulane, exemple de nouvelle gouvernance réussie qui mêle développement économique, activités sociales et culturelles et préservation de l'environnement..
Pendant 1h les participants, réunis par groupes de 5 personnes ayant été à la même visite, ont travaillé sur ce qu'ils ont pu retenir et comprendre de leur visite à l'aune des leviers de la boussole de la résilience. Ils ont pu écrire et dessiner tout en échangeant pour formuler leurs analyses et affiner ensemble leur compréhension des ces différents leviers. L'objectif était à la fois de leur faire découvrir et appréhender l'outil boussole de la résilience, les différents leviers et l'aspect systémique de la résilience, et d'offrir un support permettant les échanges et la formulation de leurs analyses et de leurs apprentissages lors des visites. (photos sympas, notamment du seul poster entièrement dessiné...)
Les actualités
Trois présentations ont suivi, sur des points d'actualité. Tout d'abord la présentation et le point d'étape du Plan Avenir Montagnes de l'ANCT ont été assurés par la directrice ruralité et montagne et des commissariats de massifs venue spécialement de Paris.
Le démarrage et les objectifs de la déclinaison du programme sur les territoires du PETR Pays des Nestes, et de Comminges Barousse Pyrénées (Association de préfiguration du PNR Comminges Pyrénées Barousse) en qualité de chef de file et Communauté de communes Pyrénées Haut-Garonnaises a été présenté à trois voix.
Ces deux territoires lauréats ont des territoires partagés sur lesquels ils vont devoir coopérer. Cette présentation en commun de leurs objectifs respectifs (en grande majorité similaires) et de leur projet d'organisation et de travail a marqué les premiers pas de leur coopération future.
Enfin, représentant du ministère en charge de l'environnement a fait un retour sur la réunion de la veille (mercredi 22 juin ayant réuni comme tous les ans la veille du séminaire le réseau des agents travaillant à la mise en œuvre de la réglementation de l'urbanisme en montagne. Alain Vandervorst a donc présenté le réseau montagne et urbanisme initié en 2018, et informé les participants su séminaire des échanges, travaux et actualités autour des évolutions réglementaires sujet technique fondamental pour l'aménagement en montagne.
La journée s'est terminée avec un focus sur l'opération Cartes Blanches du Parc National des Pyrénées par le chargé de mission Culture du Parc National des Pyrénées : une opération d'envergure ayant pour ambition de mettre en mouvement les habitants du Parc autour de ces questions liées au changement climatique par une voie autre que la voie scientifique et technique mais plus par la voie du sensible et de l'expression culturelle.
Des cartes postales, des recueils de mémoire, de paroles d'enfants, des mises en récit en format audio diffusés par les radios locales ou en format de saynètes théâtrales jouées dans les villages..
Une intervention très appréciée qui a remis au cœur des discussions la nécessité et l'utilité des approches artistiques et culturelles pour porter ces transformations et favoriser la mise en mouvement collective.
Retours d'expériences :
La journée du vendredi a été ouverte avec la visite de Mme Bénédicte Martineau, sous-préfète de de Bagnères-de-Bigorre qui a dit l'intérêt qu'elle porte à ce séminaire et aux réflexions qui y sont développées, et a rappelé que nous avons collectivement un vrai défi d'innovation pour la bonne mise en œuvre des politiques publiques pour les transitions.
Trois retours d'expériences ont ensuite été mis en avant:
La démarche de l'office du tourisme de St Lary pour accompagner les propriétaires et faire en sorte de mettre dans le circuit e commercialisation un maximum de "lits froids" ...ce sujet de remettre en activité des capacités d'accueils de nuitées dans les stations de tourisme en montagne est récurrent et un gros sujet de préoccupation des stations touristiques de montagne qui sont toutes confrontées à cette question pour dynamiser leur économie.
Les échanges et retours d'expérience sur ce sujet sont toujours plébiscités et inspirants pour les participants d'autres stations et les acteurs qui les accompagne. le Cerema a développé un outil appelé Conitiff avec Atout France, pour aider à la décision dans le cadre des politiques de remobilisation de l'immobilier de loisir.
Le PETR du Pays des Nestes qui a la particularité d'avoir récupéré le pilotage de la politique GEMAPI par délégation des 3 communautés de communes qui composent le PETR et qui a partagé son organisation, ses questionnements, ses travaux engagés et ses difficultés pour la bonne mise en œuvre de cette politique dans un contexte de gouvernance complexe et de défis techniques importants.
Le volet Sciences humaines et sociales d'un projet de recherche-action sur le monitoring et le suivi des mouvement de terrains lents dans les Alpes a été présenté ensuite par le Cerema. Le sujet était de tester des méthodes de dialogue et d'implication des habitants pour associer le savoir des experts aux savoirs des habitants afin de retisser une confiance nécessaire mise à mal dans certaines crises (expérience du Chambon ). Cela interroge un nécessaire changement de posture des experts techniques, qui doivent faire avec et prendre en compte les savoirs et représentations des habitants, et cela nécessite de tester des méthodes de dialogue et de travail collectif avec les habitants sur des sujets très techniques.
Cet aspect s'avère essentiel dans les nouvelles formes de gouvernance dont nous avons parlé tout au long du séminaire, et le sujet des glissement de terrain qui impactent fortement les habitants est quotidiennement prégnant en montagne et s'accélère avec le changement climatique.
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