La tempête Xynthia en février 2010, qui a particulièrement frappé le littoral atlantique, a eu un impact important en termes humains d’abord, et matériels. Cet événement a entraîné une prise de conscience du grand public, ainsi que des acteurs des politiques publiques aux niveaux national et local.
Une prise de conscience progressive des risques et enjeux depuis la tempête Xynthia
Avant 2010, l’ouragan Katrina en Louisiane, survenu en 2005, avait déjà entraîné une réflexion scientifique au niveau international, et c’est dans ce contexte que les travaux pour la réalisation du guide international sur les digues, dont la version en français vient d’être publiée, ont été lancés.
Les experts du Cerema y ont contribué, et ont initié également des études sur les zones de submersions marines ainsi que la publication d’une cartographie des zones basses du littoral peu avant la tempête Xynthia.
En France, après la tempête Xynthia, les pouvoirs publics ont mis en place un plan Submersions Rapides, qui concernait aussi bien les crues rapides des rivières que les submersions marines, et constituait une feuille de route nationale pour prévenir le risque d’inondation suite à des crues ou submersions rapides telles que celles qui sont survenues lors de l’épisode Xynthia.
Parmi les objectifs, figuraient l’accélération des plans de prévention des risques littoraux et l’obligation de mettre en place des Plans Communaux de Sauvegarde, la mise en place de systèmes d’alerte, l’élaboration de guides et référentiels pour les maîtres d’ouvrage, les collectivités, les professionnels et aussi le public.
Une étape de cette démarche a consisté à mieux connaître les systèmes de protection présents sur le littoral, puis à évaluer précisément les risques de défaillance et les travaux d’entretien ou de renforcement à réaliser. Des méthodes ont été définies à partir de travaux de recherche et d’études de cas ayant permis d’améliorer les connaissances.
Par exemple, des travaux sur l’analyse des systèmes de protection se sont en partie appuyés sur des études de cas issus de la catastrophe Xynthia, et ont accompagné la production ultérieure d’un guide méthodologique sur l’étude de dangers des systèmes d’endiguement.
- Des applications de relevés de terrain après inondation : CRISI pour relever les laisses d’inondations (la hauteur de l’eau), combinée avec Murex qui permet de mutualiser un grand nombre de données concernant les inondations.
- Il y a aussi l’application de sciences participatives RIVAGES, destinée au grand public, pour faire soi-même des relevés du trait de côte, et contribuer ainsi à compléter les données sur l’évolution du littoral.
- Le logiciel MOBITC qui permet de suivre automatiquement le trait de côte.
- Le Cerema mène actuellement des travaux en matière de prospective, sur les impacts de l’évolution du trait de côte. Le rapport d’une étude prospective vient d’être publié, sur les enjeux en termes de logement affectés par le recul du trait de côte et l’évaluation des coûts liés à différents scénarii.
prochaines étapes: vers la résilience des territoires
Désormais, la communauté scientifique est consciente que les risques vont s’aggraver avec le changement climatique. Les acteurs locaux observent des changements sur leur territoire : conflits liés à l’eau, augmentation des températures, pics d’ozone, inondations et épisodes de sécheresse…
L’objectif est donc de transférer les méthodes et les connaissances dans les territoires.
Le Cerema a piloté un projet de recherche sur l’anticipation des catastrophes naturelles, RELEV, qui a permis de développer une méthode afin d’améliorer la reconstruction des territoires en tenant compte des épisodes de crise passés, et ainsi de favoriser leur résilience.
L’approche pluridisciplinaire est particulièrement importante dans ces démarches, qui visent à intégrer l’ensemble des enjeux pour le territoire, et à agir de manière transversale et coordonnée.
De nombreuses actions sont mises en œuvre pour aider les territoires à développer des solutions adaptées, à travers notamment la notion de résilience qui, si elle est encore en débat, témoigne de la prise de conscience que la reconstruction à l’identique après une catastrophe n’est plus possible.
Des projets de recherche européens sont en cours, notamment :
- AGEO un projet Interreg de recherche destiné à concevoir des observatoires des risques littoraux sur la façade Atlantique alimentés par les citoyens.
- RISKCOAST, un projet Interreg qui vise à créer des outils communs à un territoire pour prévenir et gérer les risques géologiques côtiers liés au changement climatique.
Avec l’Association nationale des Elus du Littoral (ANEL), le Cerema a lancé un appel à partenaires pour mener des projets de gestion intégrée du littoral. Les projets sélectionnés seront suivis et évalués, de manière à en tirer les enseignements et à les diffuser auprès des collectivités et des acteurs des territoires.
Par ailleurs, un partenariat a été noué entre le Département du Finistère, l’université de Bretagne Occidentale et le Cerema, afin d’améliorer les connaissances et d’organiser la formation des agents des collectivités sur la gestion des risques littoraux d’érosion et de submersion.
L’objectif est de fournir un appui scientifique aux collectivités pour élaborer et mettre en œuvre leurs politiques d’aménagement du littoral, tout en fédérant un réseau d’acteurs autour du suivi de la vulnérabilité du littoral.
Publications autour des risques littoraux :
Sur la boutique en ligne du Cerema, retrouvez les méthodes, guides et outils sur la connaissance du littoral et la gestion des risques spécifiques aux espaces littoraux.