Semarang est une ville côtière de près de 2 millions d’habitants située sur l’île de Java en Indonésie. Elle fait face à des submersions marines importantes dues à la conjonction de deux phénomènes, celui d’une élévation du niveau de la mer et celui de la subsidence, c’est-à-dire d’un affaissement du sol qui peut aller jusqu’à 14 centimètres par an dans certains secteurs de la ville.
Anticiper et s’adapter aux risques naturels
En 2013, l’Ambassade de France en Indonésie a sollicité le Cerema pour un appui à la préparation d’un colloque franco-indonésien à Sumatra, sur les risques naturels. Puis, en réponse à une sollicitation de l'Ambassade de France, le Cerema s’est rendu à Java où il a pu observer les multiples problèmes d’origine naturelle dont le phénomène de subsidence à Semarang.
La subsidence, c’est-à-dire l’affaissement du sol, s’explique par le fait que les sédiments sur lesquels la ville de Semarang s’est développée, sont récents et en cours de compaction. Ce phénomène est aggravé par les activités humaines. L’affaissement est de l’ordre de 10 à 14 cm par an selon les secteurs, notamment dans la bande côtière. De façon concomitante, le niveau de la mer s'élève d’un centimètre par an en moyenne. La bande côtière est alors soumise aux fréquentes submersions marines, impactant 200.000 à 600.000 personnes, surtout en période de fortes précipitations conjuguées avec une marée.
Dans certains quartiers, les habitants sont parfois contraints de vivre dans leur habitation envahie par 10 centimètres d’eau de mer, notamment en période de marée haute. Ce problème est apparu avec la forte croissance de l’urbanisation que connait la ville depuis la fin des années 80. On estime que la population de Semarang triplera dans les 20 à 30 prochaines années. Il faut donc s’interroger sur l’aménagement de ce territoire et sa planification, dans une perspective de développement le plus durable à long terme.
Une approche par la résilience
L’appui du Cerema vise à développer une dynamique locale de résilience aux risques naturels associés à la subsidence. Il s’agit, en établissant des passerelles entre l’université UNDIP et les décideurs locaux, de passer de la connaissance scientifique des aléas naturels, à l’action.
Ainsi, à partir de 2013, un partenariat entre le Cerema et l’université Diponegoro (UNDIP) de Semarang a été conclu, toujours sous l’égide de l’Ambassade de France, pour entreprendre cette démarche de résilience auprès de la ville.
C’est un impératif pour le territoire de Semarang dans un contexte où la subsidence s’accentue d’année en année, engendrant des effets aggravés sur la population, l’économie, l’environnement. L’intérêt de cette démarche de résilience du territoire réside dans la possibilité d’anticiper, de tenir compte de la situation future, afin d’adapter l’aménagement du territoire aux défis à venir.
Ce partenariat a permis en premier lieu d’observer et de comprendre les facteurs des désordres et leurs interactions, de construire un modèle du fonctionnement systémique de Semarang au regard des risques liés à la subsidence, à la submersion et aux glissements de terrain. Puis il a permis de construire un plan d’actions dont l’un des piliers est la création d’un observatoire des effets de la subsidence.
Puis un nouveau projet, dans la continuité des premiers travaux, a été proposé. Il a été mené dans le cadre d’un Partenariat Hubert Curien [2] PHC Nusantara 2016-2017, entre le Cerema et l’Université UNDIP, soutenu par les ministères français et indonésiens en charge des affaires étrangères et de la Recherche. Ce projet « Coastal Disaster Mitigation and Rehabilitation Strategy to Strenghten Semarang Urban Resilience » vise à définir les caractéristiques de cet observatoire, pierre angulaire de la démarche de résilience.
L’observatoire des effets de la subsidence permettra de sensibiliser et fédérer les différents acteurs, compilera les connaissances et les retours d’expérience, aussi bien locales qu’internationales. Il présentera les leviers d’action pertinents tels que l’adaptation de l’habitat ou des infrastructures de transport vis-à-vis de la subsidence. L'observatoire présentera également les problématiques liées aux pompages d’eau souterraine, les effets de la déforestation, les travaux de protection contre la submersion, ou encore la restauration de la mangrove protectrice etc.
L’objectif final est d’aider les autorités locales à considérer le phénomène de subsidence dans leurs projets et leurs actions, à prendre du recul par rapport aux différents projets d’ouvrage de protection qui leur sont proposés, de les comprendre dans le cadre d’une vision globale et systémique.
Visite des partenaires indonésiens au Cerema
Afin de finaliser ce projet PHC, les partenaires indonésiens de l’université UNDIP se sont rendus au Cerema en décembre 2017. Madame Ita, responsable des relations internationales à l’Université UNDIP, Monsieur Helmi, directeur du Corem « Center for Coastal Rehabilitation and Disaster Mitigation Studies » et Monsieur Josup, chercheur en sciences marines ont été accueillis par leurs collègues dans les locaux du Cerema Centre-Est. Ce fût également l’occasion de visiter les installations du laboratoire de mécanique des sols en lien avec la problématique de la subsidence et également de présenter les moyens et les méthodes de surveillance des mouvements de terrain du Cerema, lors de la visite du site instable de Séchilienne (38).
Un ouvrage sera publié en français et en anglais fin 2018 par le Cerema, présentant le retour d’expérience sur la collaboration entre le Cerema et l’UNDIP, au travers du cas de la ville de Semarang.
Enfin, les membres du projet ambitionnent de mettre en place l'observatoire et espèrent la mise en œuvre d’actions concrètes par les autorités pour un territoire plus résilient aux risques naturels en lien avec la subsidence.
[1] Cerema Territoires et ville et Cerema Centre-Est
[2] Les partenariats Hubert Curien (PHC) s'inscrivent dans le cadre de la politique de soutien aux échanges scientifiques et technologiques internationaux du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères et sont mis en œuvre avec le soutien du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation.