5 mars 2025
Pôle Molière aux Mureaux, Polyvalent et multi-activités,composé d'une crèche (50 berceaux), d'une école maternelle (6 classes), d'une école élémentaire (7 classes).
Cerema - Pôle Molière aux Mureaux, polyvalent et multi-activités, composé d'une crèche (50 berceaux), d'une école maternelle (6 classes), d'une école élémentaire (7 classes).
Les écoles font l’objet de nombreuses réflexions sur leur relation avec le quartier et les habitants, et notamment sur la mutualisation des équipements ou d’hybridation des espaces, pour intensifier les usages et optimiser les investissements. Des démarches qui doivent être anticipées et bien encadrées.

Cet article du Cerema a été publié par notre partenaire TechniCités.

L’école et sa perception évoluent : végétalisation, aménagement des abords, mutualisation des espaces intérieurs comme extérieurs reflètent de nouvelles pratiques. Des collectivités ont lancé des expérimentations de partage des sites scolaires, d’autres s’inscrivent dans des démarches pérennes. On dispose de premières expériences capitalisées lors d’accompagnements, de journées d’échanges entre acteurs des collectivités ou dans la communauté "Écoles de demain" animée par le Cerema sur la plateforme collaborative Expertises.Territoires.

Si le sujet est émergent, l’intérêt pour ces nouvelles pratiques est bien réel alors que les écoles sont occupées à moins de 50 % du temps, et qu’il est essentiel de valoriser les bonnes pratiques.

 

Partager les bâtiments scolaires, levier d'économies et de lien social

 

Partager des espaces hors des temps scolaires permet de répondre à plusieurs enjeux importants pour les collectivités qui cherchent à :

  • limiter l’artificialisation et optimiser l’espace en ville ;
  • réduire leurs dépenses : optimiser les aménagements et bâtiments existants et les actifs engagés, réduire les coûts d’entretien et d’exploitation ;
  • améliorer le cadre de vie en apaisant les abords d’écoles, en fournissant des équipements avec plus de services et plus d’espaces de nature pour les habitants ;
  • mettre en place une stratégie de gestion patrimoniale des collectivités, en intégrant l’objectif de performance énergétique du bâti ;
  • répondre aux besoins des associations locales, des habitants, d’autres établissements scolaires en proposant des locaux.

Le point de vue de la collectivité

Elsa Forget, de la Direction de la programmation de l’aménagement urbain de la ville d’Avignon (Vaucluse), a répondu au Cerema sur les objectifs et la démarche de la collectivité.

 

La ville a réaménagé plusieurs abords d'écoles : ces espaces sont-ils bien utilisés par plusieurs publics : les enfants des écoles, les habitants du quartier ?

Aménagement du parvis d'une école primaire - Ville d'Avignon

L'aménagement des abords d'écoles est une démarche initiée il y a plusieurs années avec comme premier objectif d'apaiser la circulation et d'améliorer la qualité d'usage pour les piétons. Le changement a été progressif, pour parvenir à une transformation forte où nous avons retiré beaucoup de stationnement devant les écoles pour créer des espaces conviviaux et calmes favorables à la vie de quartier.

Les nouveaux usages ont rapidement pris leur place, et l'ambiance aux abords des écoles a changé de manière notable, elle s'est beaucoup apaisée. Cette transformation a été rapidement visible, mais nous avons remarqué que lorsque l'évolution est très progressive, et que le caractère routier des espaces est encore visible, il y a davantage de tensions avec les automobilistes. Mais quand la transformation est tout de suite qualitative et que les enfants et les familles peuvent s'approprier l'espace, il y a une meilleure acceptation y compris par les riverains.

La ville a une politique claire concernant les écoles municipales, les actions d'apaisement sont mises en œuvre et rapidement crédibilisées par des aménagements durables puis par l'évolution des pratiques.

Ces aménagements sont réalisés autour d'écoles publiques de quartier, où des alternatives à la voiture sont possibles, et sont accompagnés d'actions comme le développement des pistes cyclables ou de cheminements sécurisés pour aller à l'école, la création d'un pédibus, l'adaptation des transports en commun : c'est une démarche vertueuse et le changement de pratiques se fait facilement.

Dans ces démarches de transformation des espaces publics autour des écoles, notre approche est d'agir autant que possible sur l'écosystème cour - parvis - chemins d'accès, à trois échelles différentes. Nous échangeons aussi avec les différents services, l'école, les parents, pour recueillir les points de vue. L'école est un levier de transformation de la ville. Elle l'est d'autant plus qu'on voit un recul de la présence des enfants dans l'espace public : la Ville mène donc une réflexion sur les espaces publics dédiés aux enfants, sur les enjeux de résilience environnementale. De plus, les jeunes peuvent amener des changements de comportement pérennes.
 

La ville est aussi en train d’ouvrir ses cours d’écoles le weekend : A-t-il fallu prendre des précautions particulières ? Comment avez-vu prévu la gestion de ces espaces ?

Spectacle du festival d'Avignon dans la cour d'un établissement scolaire - Ville d'AVignon

Avignon accueille tous les ans le festival de théâtre et de spectacle vivant, et plusieurs écoles du centre ville mettent à disposition leur cours, ce qui demande de déplacer l'activité scolaire dans les centres aérés la dernière semaine d'école. Nous avons voulu aller plus loin en ouvrant une partie de la cour de deux écoles au public durant les week-ends et les vacances scolaires, pour des activités collectives.

Cela demande une gestion et une organisation complexe, et nous cherchons les bonnes façons de faire, car il faut que l'équipe du service propreté vérifie le lundi matin que la cour est en état d'accueillir les enfants, et ce service doit donc se coordonner avec les enseignants et les agents des écoles. Si une intervention est nécessaire, l'autre partie de la cour reste de toute manière disponible. 

On rassure également sur le caractère expérimental de ces actions car in fine l’école sera toujours prioritaire sur l’utilisation de ces espaces. Il s’agit vraiment d’une recherche sur de nouvelles façons de faire en ouvrant d’avantage l’école à la Ville mais en projetant réciproquement certaines fonctions scolaires dans les parcs ou les équipements sportifs municipaux.

 


Par Cédric Boussuge, directeur de projets mobilités piétonnes et espace public, Loéna Trouvé, cheffe de projet aménagement et transition, et Noémie Simand, chargée de projet usage du bâtiment, Cerema.

 


(1) Dossier Cerema Ecoles de demain (lien).

 

Dans le dossier Ecoles de demain : toutes les actualités du Cerema

A lire aussi