Cet article fait partie du dossier : Ecoles de demain : toutes les actualités du Cerema
Voir les 16 actualités liées à ce dossierOrganisée le 19 octobre 2023 à Aix-en-Provence par le Cerema, cette conférence technique territoriale a mis en avant des retours d'expérience illustrant les différentes actions menées au niveau local, depuis le changement de comportement jusqu'à la renaturation, en passant par la performance énergétique, qui font de l'école un terrain privilégié pour accélérer la transformation des villes.
Cours végétalisées, cours jardin, cours oasis, etc. les projets de réaménagement de cours d’écoles attirent l’attention et arrivent petit à petit dans les différentes communes en PACA. Les projets centrés autour des écoles, qu’il s’agisse de la pédagogie, du bâtiment ou de ses abords, sont eux aussi nombreux. Ces projets font écho aux thématiques actuelles de réaménagement des villes. Que l’école soit perçue comme une mini société sur laquelle tester les aménagements de demain, ou comme un lieu clé pour sensibiliser l’ensemble d’un bassin de vie au travers de ses citoyens de demain, il s’agit à coup sûr d’un espace stratégique pour la transition écologique.
Afin d’échanger sur la transversalité de ces sujets, le Cerema Méditerranée a organisé le 19 octobre 2023 une journée de conférences et ateliers ayant regroupé une diversité de collectivités et d’acteurs de la région Sud. Cet article se veut comme une synthèse faisant ressortir les connaissances clés présentées lors de cette journée.
Mathieu Créau, directeur adjoint au Cerema Méditerranée, a introduit la journée en rappelant la diversité des sujets qui se rejoignent autour des écoles, et l’importance de travailler en transversalité.
Erick Mascaro, adjoint à la maire de la ville de Toulon, a également souligné ce propos à l’aune du changement climatique, au travers d’une contribution vidéo. L’interview s’est déroulée dans la cour de l’école primaire Fort-Rouge, qui a été transformée à l’été 2023 après une démarche confiée au CAUE du Var.
Cours d'écoles : La co-construction, un atout pour la re-création des cours d'école
La matinée a été ouverte par une riche intervention à 3 voix sur le réaménagement des cours d’écoles et les changements sociologiques qui l’accompagnent.
De par ses missions, le CAUE du Var (représenté par Éric Marro, urbaniste et Mathilde Szydywar-Callies, paysagiste conceptrice) rappelle que la qualité des projets ne se mesure plus à l’unique qualité et esthétique architecturale, mais à un grand nombre de caractéristiques : l’adéquation des projets aux besoins et attentes de ses usagers, la performance énergétique, la sobriété foncière, la transition écologique, l’acceptation sociale des projets, le bien-être, la santé, le genre, l’intergénérationnel, etc.
L’école, en se trouvant à l’intersection de tous ces enjeux contemporains apparaît comme un puissant vecteur du changement de paradigme qu’il faudra opérer.
Le CAUE du Var suit actuellement neuf projets de cours-jardins dont 2 ont déjà pu voir leurs travaux commencer. L’accompagnement du CAUE est encadré par la loi et concerne ainsi les phases allant jusqu’au préprogramme (spatialisation des nouveaux usages sous forme de schéma) ainsi que les premiers temps de l’appropriation de la cour avec la réalisation d’une charte d’utilisation avec les enfants.
Le CAUE rappelle qu’il ne peut intervenir directement auprès des enseignants que sur la partie sensibilisation ; pour un travail sur le réaménagement des cours d’école ce sont les collectivités qui doivent solliciter le CAUE. Leur retour d’expérience sur les projets de cours d’écoles permet de donner un estimatif de 70 à 100€ HT le m².
A noter que les réaménagements de cours d’écoles sont des démarches qui prennent du temps : ce sont des projets qui doivent mûrir, des craintes sont à déconstruire, des relations sont à reconstruire entre des acteurs parfois dans une posture de défiance les uns vis-à-vis des autres.
Une cour d’école n’est pas complètement finalisée à sa livraison : les premiers travaux à l’été donnent une cour nue puis arriveront les premières plantations à l’automne, les arbres pousseront, l’entretien et l’animation se feront sur le long terme, les apprentissages des nouveaux usages également. La cour ne s’envisage plus comme un simple espace, mais devient alors un réel outil pédagogique.
"- Ah mais les copeaux il y en a partout.
- Oui mais on va apprendre. Et ça va devenir une activité pédagogique"
Au-delà d’être un projet technique, c’est un projet qui répond à l’urgence climatique et à l’urgence pédagogique. Pendant des dizaines d’années les cours ont été construites pour répondre à des enjeux d’adultes : sécurité, hygiène, entretiens. Cela a mené à des formats de cours nues et coupées du monde, proches du système du Panoptique, dispositif théorisé par Michel Foucault et répondant aux enjeux des cours de prisons.
Il est frappant de voir la représentation mentale que se font les enfants de leur cour actuelle : un dessin réalisé par une petite fille de CM1 de sa cour d’école de mémoire est présenté. On y constate une absence totale de végétation, un terrain de foot, les filles sur les côtés, une impression de solitude. Ce dessin fait écho aux travaux d’Édith Maruéjouls, géographe, qui souligne dans ses travaux que les inégalités commencent dès la cour et annonce la séparation de genre que l’on retrouve par la suite dans les espaces publics.
On parle actuellement d’une génération d’intérieur (expression utilisée dans le livre de Moina Fauchier-Delavigne L’enfant dans la nature), associée à des pertes de capacités physiques, perte d’imagination, perte de lien à la nature et de connaissances. Des enfants ont plus de facilités à parler de la forêt amazonienne que de réelles expériences vécues dans des espaces naturels. Pourtant des études montrent que jouer avec du sable permet la création de nouvelles connexions dans le cerveau et jouer avec des éléments naturels favorise également le développement du système immunitaire.
L’anthropologue Julie Delalande qualifie les cours d’écoles de lieux communs remarquables. Les enfants y passent en moyenne 3h par jour et y expérimentent leur 1ere expérience de société. Lors d’ateliers d’observation des enfants, des attitudes spontanées sont observées : gratter la terre, ou encore se cacher sous les tables transformées en cabanes à leur taille. Les nouvelles cours d’écoles doivent être pensées pour répondre aux enjeux et besoins de leurs usagers principaux : les enfants.
"Repenser la cour comme un espace digne d’intérêt.
Pas uniquement un défouloir mais un lieu sérieux ou s’ébauche les fondements de leur vie de citoyen de demain"
La présence de nature ou non dans les cours d’école n’est pas une généralité et varie d’une culture à l’autre. Pour Susanne Husmann, élue de la commune de Limans (04), l’initiative Coins de verdure pour la pluie du Parc Naturel Régional du Lubéron a fait écho à son expérience personnelle en Allemagne dont elle est originaire. Dans les jardins publics, tout comme dans les Kindergarten (équivalent à nos écoles maternelles) la nature est fortement présente, sous des formes souvent plus brutes, sans systèmes de barrières ou autres protections, mais également sans réels accidents. Malgré une météo souvent pluvieuse, les enfants passent leur temps dehors. On y favorise l’exploration et la confiance en soi.
Le projet de cour d’école de Limans se situe dans un village de 350hab, dans une petite école de 2 classes uniques, sur une petite surface (250m²) et fait face aux mêmes craintes de fermetures que de nombreux villages. Il est la preuve qu’avec de la motivation, et le soutiens des différents partis prenantes – notamment les parents d’élèves – des projets inspirants peuvent naître également dans les villages.
Parmi les éléments importants de cette cour on retrouve : une fresque sur l’escalier réalisé par les parents, une extension de la cour sur un espace auparavant fermé par un grillage, des gradins qui peuvent aussi servir à s’asseoir ou faire classe dehors ou encore une yourte offerte par des parents d’élèves permettant de se retirer, s'allonger, jouer ou lire des livres.
"Pourquoi végétaliser dans un petit village alors qu’il y a de la végétation autour ?" est une question récurrente posée l’élue. A cela elle répond qu’il s’agit avant tout d’une démarche démocratique, montant que l’on peut faire quelque chose ensemble, en s’impliquant tous dans la conception de cette nouvelle cour. Et au moment des plantations, tout le monde, et surtout les écoliers, s’y est mis avec enthousiasme – les enfants ont besoin d’être pris au sérieux, d’être impliqués en s’appropriant leur environnement. Ainsi ils s’identifieront avec leur école qui devient un espace dont ils se sentiront concernés et responsables.
Le projet est revenu à moins de 30 000€ et grâce à l’aide de l’agence de l’eau et l’importante participation des parents d’élèves, la marie a uniquement eu à payer 20% du projet.
Economie d'énergie - Le rôle des usagers: retour d'expérience sur le challenge Cube.S
Les différentes crises économiques et climatiques ont mis la performance des bâtiments publics au cœur des préoccupations des collectivités. Parmi ceux-ci, les établissements scolaires – en accueillant des publics particulièrement sensibles – ont une place à part. Pour cela, différentes actions et accompagnements existent.
Cube.S est un challenge portant sur les économies d’énergie dans le second degré mené pendant 5 ans en partenariat avec l’Ifpeb et accompagné par le Cerema pour la 1ere année. Il mise avant tout sur l’éducation, l’évolution des usages et l’optimisation des réglages de l’existant. Plusieurs kits et outils sont proposés pour favoriser la mise en place du projet et un suivi des résultats est assuré par l’Ifpeb durant les 4 années suivantes. Des frais d’inscription s’appliquent de l’ordre de 2000€ pour les collèges et 3000€ pour les lycées. Cependant, la crise énergétique couplée aux 12% d’économies en moyenne réalisé par les différents participants sont généralement des arguments suffisants pour enclencher la démarche.
Pour Irina Ratsitohara, animatrice au Cerema de ce challenge depuis 2019, le changement de comportement est probablement la dimension la plus complexe du projet et elle mérite un réel focus. Chaque année, 10min après le début de la 1ère intervention, ce sera toujours la même remarque "Pour faire faire des économies on n'a qu'à demander à la collectivité de faire des gros travaux". La 1ere mission de la chargée de projet est donc de re-créer une interface entre collectivités et enseignants, en clarifiant le rôle de chacun et identifiant les forces et contraintes pour in fine : donner envie d’agir.
Les acteurs d’un tel projet sont divers. Ces acteurs vont être amenés à se répartir trois types de responsabilités : donner envie d’agir, identifier les forces et contraintes, dynamiser la démarche. Cette clarification du rôle de chacun doit arriver tôt lors des réunions.
Après 5 ans d'actions dans plusieurs centaines d'établissements, plusieurs constats émergent :
Parmi les actions efficaces citées on retrouve la programmation des équipements de chauffage et des appareils de cuisine. Dans certains établissements ceux-ci étaient lancés dès 6h30 alors que les élèves n’arrivent qu’à 8h. Une discussion avec les agents d’entretien et personnels de cuisine peut permettre de trouver de nouveaux systèmes de fonctionnement. De même, l’inertie du bâtiment peut permettre de couper certains systèmes de chauffe avant la fin des derniers horaires de cours sans perte de confort.
Chaque année des projets Cube.S sont récompensés suivant deux classements : un classement sur les économies d’énergie, et un second classement thématique centré sur les initiatives menées et la dimension humaine.
Parmi les exemples marquant cité on retrouve celui du lycée Ampère situé dans un quartier sensible de Marseille. Les démarches d’économies d’énergie ayant démarré avant Cube.S, les chiffres d’économies n’étaient pas très marqués. Ce qui n’a pas empêché le projet d’impressionner le jury et de remporter le prix coup de cœur. Parmi les éléments marquants de ce projet : visite de locaux technique, réalisation d’un quizz à l’échelle du lycée avec fabrication des buzzers par les élèves ou encore des élèves transformés en professeurs le temps d’une semaine pour assurer des actions de sensibilisation auprès des élèves d’une autre école.
Ce type de projet permet de replacer les élèves dans leur vie de citoyen, au cœur de la vie de la cité. C’est l’opportunité pour eux de comprendre qu’ils ont des responsabilités, qu’ils ont un rôle à jouer.
Nature en ville - La cours, un espace de biodiversité en ville
Qu’il s’agisse de lutter contre l’effondrement de la biodiversité ou atténuer les effets du changement climatique comme les îlots de chaleur urbains, la LPO PACA rappel que la nature en ville est une des thématiques centrales de la ville de demain. Les cours d’écoles font partie des espaces qui peuvent accueillir cette nature.
Plus que cela, la biodiversité peut être un fil rouge des projets d’école et faire partie intégrante de l’apprentissage des enfants. L’éducation à la nature par la nature permet l’acquisition de connaissances sur le monde vivant et contribue à construire une société plus respectueuse des écosystèmes et des cycles naturels. C’est en étant au contact de la nature qu’on apprend à l’apprécier, à avoir envie de la protéger.
"4 espèces d’oiseaux, fréquentes dans les jardins et écoles, sont classées en liste rouge des espèces en voie de disparition en France métropolitaine (Chardonneret élégant, Verdier d’Europe, Serin cini, Corneille noire)"
Différentes actions plus ou moins importantes peuvent être mises en place dans les écoles afin d’y préserver ou accueillir la biodiversité. Il peut s’agit de créer des gîtes pour la faune comme les nichoirs, de préserver des zones de hautes herbes et fleurs sauvages spontanées, d'éviter les méthodes de fauches centripètes ou encore éviter les travaux d’entretiens des jardins et toitures entre mars et juin.
Pour la LPO, les clés pour réussir son projet biodiversité à l’école sont :
Mobilité – Savoir Rouler A Vélo, un acte concret pour accompagner aux changements de comportements
Parmi les grands sujets de la ville concernant les écoles, il n’est pas possible de faire l’impasse sur la mobilité. Et côté mobilités actives, comme l'ont souligné les intervenants, "il est plus facile de mettre un enfant sur un vélo qu’un adulte". Initier les enfants a faire leurs trajets du quotidien à vélo contribue a faire évoluer les comportements non seulement a court terme, mais également a plus long terme en ancrant des pratiques vertueuses chez ces futurs adultes et en donnant envie aux adultes de les accompagner. Les enfants sont donc des moteurs particulièrement intéressant de changement de comportement.
La FUB porte différents programmes CEE (Certificat d’économie d’énergies) dont Génération Vélo, un programme interministériel en lien avec l’éducation nationale. Le Savoir rouler à vélo - présenté ici par Robin Allory de Génération Vélo et Lucie Clément de la ville de Velaux - porté par le ministère des sports est accompagné dans sa mise en place par la FUB. Il s’agit d’un accompagnement territorial qui s’intègre dans la loi LOM en complémentarité de la prévention routière.
Concrètement cela s’articule en deux axes :
- Des formations pour acculturer l’écosystème d’acteurs, un accompagnement sur la mise en relation des acteurs – totalement prises en charge
- Des interventions de structures extérieur – prises en charge à 50%
Ces interventions peuvent avoir lieu sur différents temps (scolaire, périscolaire, extrascolaire). Le 3ème bloc du Savoir Rouler à Vélo (correspondant à environs 10h sur une semaine d’intervention) emmène l’enfant vers l’autonomie et est une action rapide et concrète pour changer les comportements de mobilité à l’échelle du bassin de vie. Pour la commune de Velaux, venu présenter son expérience, cela s’est retranscrit par de bons retours :
"Très vite moi j’ai reçu des coups de fil pour me dire que voilà, le stationnement vélo qui existait déjà dans les écoles était saturé, parce que les élèves continuaient à venir en vélo."
"Y en a qui viennent plus tôt le matin pour essayer d’avoir un place de vélo tellement c’est saturé. Des élèves qui vont plus tôt à l’école je trouve que c’est aussi plutôt positif."
La ville s’était fixé pour objectif de travailler aussi bien sur l’aménagement que l’accompagnement au changement. Il a donc été décidé assez naturellement depuis 2022 de former tous les CM2 de leurs deux groupes scolaires au SRAV en faisant appel à des association locales. Pourquoi les CM2 ? Avec l’arrivée au collège, c’est un âge où les enfants sont en recherche d’autonomie, mais également où les parents ont besoin d’être rassurés. Ce programme a notamment été l’occasion de tester les nouveaux aménagements cyclables de la ville, dont la piste cyclable vers le collège.
Les intervenants ont rappelé que l’activité physique est importante pour la bonne santé des enfants, mais participe également à les rendre plus attentifs en classe en leur proposant de démarrer la journée par un trajet actif et non plus passif à l’arrière d’une voiture.
"C’est l’occasion de leur montrer que l’espace, la voirie leur appartient.
Elle n’est pas réservée qu’aux voitures, aux adultes qui conduisent"
La formation des enseignants est également particulièrement importante pour leur permettre de monter en compétence, mieux comprendre le dispositif et devenir autonomes pour organiser des sorties et répliquer ces activités les années suivantes. Lors du temps d’échange il a été souligné que le vélo peut également être un support de pédagogie, qu’il s’agisse de cours de technologie pour leur réparations ou encore de sciences en étudiant le freinage. Tous cela est à compléter par des temps d’animations, ou encore des bourses au vélo pour permettre à tous d’avoir un équipement correct.
Finalement, à l’échelle de la France, 170 000 attestations SRAV ont déjà été décernés, avec un objectif de 6500 en région sud l’année prochaine.
Ce type d’action se positionne dans un ensemble plus grand de programmes comme Alvéole+ aidant à financer de nouveau stationnement sécurisé pour répondre aux nouvelles demandes arrivant à la suite du Savoir Rouler à Vélo.
Des synergies peuvent également être trouvées, comme aller à vélo à la piscine, autre savoir fondamental à acquérir. Pour Velaux, un objectif à long terme serait d’arriver à organiser des sorties scolaires 100% en train puis vélo. Pour cela les parents accompagnateurs devront passer par un test leur délivrant une validation des acquis valable pour 3ans.
Petit point de vigilance à noter, les programmes CEE toucheront à leur fin en 2024.
Les ateliers
Après une matinée présentant un extrait de la diversité des thématiques que l’on retrouve autour des écoles, l’après-midi à permis aux participants d’approfondir certaines méthodologies dans le cadre d’ateliers.
Quand l’école nous apprend à mieux partager l’espace de nos villes
Avec :
- Elsa Forget – Direction de la programmation de l’aménagement urbain, ville d’Avignon
- Barbara Chiarugi – Chargée de mission environnement culture, département de l’enseignement, ville d’Avignon
- Christel Jouven - directrice de la programmation des aménagements, ville d’Avignon
- Auriane Barot-Brousse - Chargée d’étude nature en ville, AURAV
L’atelier de la journée a permis à la ville d’Avignon et l’AURAV de présenter leur approche à la fois stratégique, transversale et opérationnelle des projets de pacification des abords des écoles, à partir notamment des projets de l’école Roland Scheppler et du groupe scolaire Marcel Perrin. Conçus pour bénéficier aux écoliers, mais aussi plus largement au quartier de l’école, ces projets développent plusieurs approches complémentaires, qui touchent à plusieurs échelles d’intervention autour de l’école :
- Qualité d’usage des bâtiments : transformer une cour d’école, travailler au confort climatique des bâtiments
- Mobilité, pour accéder à l’école depuis les quartiers (chemin des écoles) : sécuriser le chemin des écoliers, faire évoluer les mobilités du quotidien par les enfants
- Espaces publics : apaiser les parvis, encourager la vie de quartier, faire vivre ces espaces sous diverses temporalités…, en pensant la ville à hauteur d’enfant
- Adaptation du sol de la ville au changement climatique : proposer une gestion alternative des eaux pluviales, renforcer la trame verte (bleue, brune et noire), les écosystèmes urbains, élaborer un réseau de refuges climatiques
La prise en compte des différentes catégories d’usagers permet de cibler les objectifs à assigner au projet, identifier ses parties prenantes (services, direction de l’école).
Fermetures de rues (temporelles ou définitives), suppression du stationnement, signalétique spécifique, végétalisation et désimperméabilisation, mobiliers urbains pour l’attente… : l’ambition des projets, initialement axée sur la sécurité, s’est progressivement portée sur des espaces publics plus inclusifs et confortables, sans voiture. Une démarche de conception bien coordonnée entre les trois composantes que sont le bâtiment, la cour et les abords de l’école, permet d’obtenir des résultats plus favorables (exemples de la position des arbres dans la cour vis à vis de la façade, pour le confort thermique à l’intérieur du bâtiment, de la gestion des eaux pluviales…).
Les différentes temporalités, de l’école comme des espaces publics (week end / semaine, période saisonnière avec canicule, événements culturels ou associatifs…), peuvent aussi donner une dimension plus importante au projet, par le partage d’usage des espaces publics réaménagés (exemple de la cour de l’école M. Perrin, utilisée pour des concerts), ou des locaux de l’école (à condition de pouvoir gérer en amont les conflits potentiels entre utilisateurs quotidiens et occasionnels). L’ambition est, en particulier, d’ouvrir certains espaces de la cour d’école sur l’espace public, hors temps scolaires, pour pouvoir créer des petits squares de proximité, qui bénéficient par exemple aux festivaliers l’été.
Les services de la ville déploient de nouveaux projets chaque année dans un programme pluriannuel, démarche qui vise à apaiser plus globalement la voirie de la ville en s’appuyant en premier lieu sur les écoles, en lien avec le Plan des Mobilités.
Co-construire une cour d’école vivante à partir des expériences vécues de tous les acteurs
Le CAUE du Var a présenté le processus "Cours-jardins, tous jardiniers !" permettant la co-construction d’une cours d’école à partir du ressentie et du besoin de tous les acteur. Cette démarche répond à la fois à l’urgence climatique et environnementale (traitement des ICU, confort d’été, désimperméabilisation), et à l’urgence pédagogique en reconnectant les enfants a la nature.
Le lancement de la démarche s’appuie sur des ateliers enfants, qui les rendent acteurs de la transformation de la cours, en les éveillant aux enjeux climatiques et de la biodiversité.
Les ateliers adultes permettent ensuite d’instaurer une réflexion collective en mettant au centre le bien être et l’apprentissage des enfants. Ils contribuent également a lever les freins ou craintes potentielles sur les enjeux de gestion, de sécurité et d’hygiène.
A l’issu de ces atelier, le CAUE est en capacité de proposer un plan de synthèse des aménagements de la cour ainsi qu’un plan d’exécution pour le lancement du marché travaux.
La dernière étape, et pas la moindre est l’appropriation et la vie de la cour-jardin, une fois les travaux livrés. Différents vecteurs contribuent à cet objectif : charte d’utilisation de la cour, projet d’école autour du jardinage, …
Les participants à l’atelier ont pu expérimenter et visualiser les productions des différentes étapes du processus.
Productions collectives de l’atelier : enrichissement de la Boite à outils et des ressources pour la co-construction des cours d’écoles:
Pacifier les abords d’écoles : des projets stratégiques pour apaiser l’espace public et transformer les pratiques de mobilité
Cet atelier a été l'occasion de présenter des éléments du guide méthodologique au projet de pacification des abords des écoles réalisé dans le cadre d’un partenariat public-public entre le Cerema et la Ville de Marseille.
Une démarche de pacification des abords des écoles vise à affirmer le caractère piétonnier des espaces publics situés à proximité immédiate des entrées d’une école ou d’un groupe scolaire constitué de plusieurs écoles, ainsi que des parcours qui y mènent.
L’intérêt de ces projets pour répondre aux enjeux de la transformation de la ville a également été rappelé (confort thermique, sociabilisation, végétalisation, biodiversité, mobilité active, activité physique, …), de même que le potentiel de ces démarches comme lieu d’initiation de politiques publiques plus larges portées par les collectivités (décarbonation des mobilités, modification des plans de circulation, trame verte, trame piétonne, …).
Les porteurs de projets seront vigilants à bien identifier les compétences de chacun des différents partis prenants du projet afin de lever de potentiels points bloquants.
Les 4 scénarios d’aménagement ont ensuite été présentés, ainsi que les différentes composantes qui peuvent s’y articuler :
Une conclusion illustrant l’importance de partager une vision commune pour favoriser le passage à l’action
Aussi motivante que synthétique, l’intervention d’Yvain Maunier est venue conclure cette journée en proposant différentes façons d’embrasser la diversité des sujets liés aux écoles.
Les écoles accueillent des publics sensibles dans des conditions particulièrement sensibles. Les impacts du changement climatique, tels que les vagues de chaleur, sont de plus en plus présents y compris en milieu scolaire, en débordant sur les périodes de juin et septembre. En effet, avec 80 watt produits par élève, on se retrouve avec l’équivalent d’un radiateur tournant à pleine puissance dans une classe en pleine vague de chaleur.
Il est donc important d’agir, mais pour cela les sujets sont multiples et il est facile de s’y perdre. De plus, le prisme selon lequel ces sujets sont perçus varie d’une personne à l’autre. En s’appuyant sur un exercice simple et ludique, l’intervenant démontre au public la complexité que certains biais cognitifs, comme le biais de simplification, viennent ajouter dans chaque projet.
"Le grand challenge va être de passer de notre imaginaire individuel au projet désirable qu’on est en train d’essayer d’imaginer faire ensemble. Pour arriver à parler à tout le monde et être sûr qu’on rêve tous dans la même direction"
Trois axes d’organisation des sujets sont proposés ici : selon l’espace, centré sur l’humain ou en adoptant une logique temporelle.
En s’intéressant au prisme de l’espace on se met à la place de des utilisateurs. En s’asseyant dans la salle de classe comme un enfant on peut se poser la question de tous les types de conforts, menant à une diversité d’actions pour y répondre. A l’échelle de la cour il est possible de mettre en place des actions en lien avec l’eau et la nature, mais également se pencher sur des questions sociétales de genre dans l’espace public. Plus loin, à l’échelle des abords et du quartier les continuités sont à réfléchir, les thématiques de mobilité et de vie de quartier ressortent particulièrement.
A partir de ces éléments factuels, il est possible de produire des représentations 3D réalistes et attractives, permettant aux différents acteurs de se projeter dans ce futur désirable. Un tel type de représentation n’est pas uniquement esthétique, elle permet également de tester des variables, se balader à l’intérieur pour voir différents angles de vue ou encore modéliser l’ensoleillement des différents éléments au fil des saisons.
Enfin, le prisme temporel permet de rappeler l’importance de la co-construction et qu’il n’y a pas de réussite au moment de la livraison. Il n’y a que des réussites qui sont pérennes dans le temps, et c’est à l’aune du temps long qu’on verra si ce qu’on a mis en place est efficace.
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