Cet article fait partie du dossier : Ecoles de demain : toutes les actualités du Cerema
Voir les 16 actualités liées à ce dossierDes abords de l’école, aux politiques de renaturation en passant par la rénovation du bâti, cette conférence a permis de présenter des témoignages et des outils qui invitent à penser l’école comme un élément central pour l’aménagement des territoires et la transition écologique.
Des solutions pour aménager durablement les écoles : retours d'expérience
Après une introduction sur les enjeux identifiés au niveau national, des acteurs de tous horizons ont partagé leurs expériences sur des aménagements plus durables des établissements scolaires, suscitant de nombreux échanges avec la salle. La journée s’est terminée par deux tables rondes, une première permettant d’évoquer le confort thermique, l’inclusion et les usages et une deuxième abordant les accompagnements existants pour passer à l’action. Près d’une centaine de participants, élus, techniciens, professionnels ont participé à cette journée.
Fabrice Marie, directeur du département territoires à la direction territoriale Sud-Ouest du Cerema et Anaïs Luquedey, directrice des collèges au Conseil Départemental de la Gironde, ont ouvert la journée en mettant l’accent sur la désimperméabilisation, la lutte contre les îlots de chaleur, la place de la nature et de la biodiversité, ainsi que la redéfinition des espaces, des usages et de la sécurité aux abords des écoles. Ils ont également souligné l’importance des dimension pédagogiques et symboliques, rappelant que l’école joue un rôle clé dans la formation des citoyens de demain. Sur des sites aussi circonscrits que peuvent l’être les établissements scolaires, il est possible de déployer des approches globales et inclusives associant tous les acteurs et les usagers qui gravitent autour de ces lieux emblématiques.
Une évaluation de la renaturation de la cour d’école élémentaire de Jules Steeg à Libourne (Gironde)
Pierre Ouallet, Chargé d’études aménagement et environnement au Cerema Sud-Ouest, a présenté l’évaluation de la renaturation d’une cour d’école. Cette évaluation s’inscrit dans le cadre d’un partenariat entre la ville de Libourne et le Cerema pour une démarche d’adaptation de la ville au changement climatique, en s’appuyant notamment sur les solutions fondées sur la nature comme levier d’action.
Pour ramener de la fraîcheur, infiltrer les eaux pluviales, recréer des lieux de nature et rééquilibrer les usages, 40 % de la surface de la cour a été désimperméabilisée avec une mise en pleine terre et recouvrement de copeaux de bois (430 m2). Une cinquantaine d’arbres et d’arbustes ont également été plantés (9 essences).
L’objectif de cette étude était d’évaluer le "avant" et le "après" des travaux de renaturation, notamment, en termes de surface d’ombre générée, de température de l’air et de satisfaction des usagers.
L’outil QGIS Ice Tool a été utilisé pour simuler l’ombre générée et élaborer des cartes de chaleur à courte et longue échéance :
Des mesures de températures réalisées durant l’été 2023 (post aménagement) ont permis de mettre en évidence des gains de fraîcheur variant de 0.5 à 5°C. Concernant le niveau de satisfaction des enfants sur leur nouvelle cour, le retour est positif : 72 % répondent "je préfère ma cour aujourd’hui".
Programme les cours buissonnières de Bordeaux (Gironde) : co-construction avec les usagers et retours d’expériences des premières réalisations
Accompagnée de sa maîtrise d’œuvre ALTO STEP, la ville de Bordeaux, représentée par Madame Sylvie Schmitt, adjointe au maire en charge de l’éducation, de l’enfance et de la jeunesse, apporté son témoignage sur plusieurs retours d’expériences en matière de transformation de cours d’écoles et de crèches.
Le projet des cours buissonnières est un programme de réaménagement de toutes les cours de crèches, d’écoles maternelles et élémentaires de la ville (budget de 18.3 millions d’euros sur 10 ans). La co-construction est un élément central du projet. En amont de la conception jusqu’après la rentrée, tous les acteurs sont associés à la démarche : direction de l’établissement, équipe pédagogique, parents, enfants et élèves, direction de la petite enfance et des familles, de l’éducation, vie associative et enfance, association périscolaire. L’intérêt est d’anticiper et d’accompagner les changements.
Les aménagements réalisés permettent d’identifier des points de vigilance pour les prochains établissements (plantations en pied d’arbre en zone circulée, racines affleurantes, système de clôtures, choix des essences).
Le plan Collège et la démarche "Libre cour" du Conseil Départemental de la Gironde
Le Conseil Départemental de la Gironde a développé depuis 2021 un programme pour repenser les cours des espaces scolaires au sein du département (qui compte 112 collèges) avec l’ambition de mieux intégrer au sein de ces espaces les objectifs de transition environnementale et les besoins des usagers.
Marianne Miossec et Magali Guéraud ont mis en évidence l’importance d’impliquer et de faire collaborer les différentes directions du département, mais aussi d’accepter le côté expérimental de cette démarche pour lui permettre d’évoluer au fil du temps, en passant de la réflexion à l’action. Elles ont également souligné la nécessité de définir un cadre général suffisamment souple pour que chaque projet puisse s’adapter aux spécificités de chaque collège, qu’il soit en zone urbaine, semi-urbaine ou rurale, et pour bénéficier des contributions des usagers pour nourrir le projet.
Les intervenantes ont enfin partagé les clés de succès pour mener à bien ces projets de transformation, illustrant l’engagement du département de la Gironde dans une démarche innovante et durable au service de la transformation des établissements scolaires.
Comment relier architecture, paysage et pédagogie ? Le groupe scolaire Frida Kahlo à Bruges (33).
Mme Chloé Bodart a présenté l’approche du cabinet Compagnie Architecture et les outils innovants développés pour imaginer le groupe scolaire Frida Kahlo et faire participer les équipes et les usagers : maquettes, ateliers participatif (maquette, in situ…), cité de chantier, visites et animations de chantier, etc.
Le projet basé sur un dialogue compétitif en conception-réalisation, avait trois critères principaux : un objectif environnemental ambitieux (E4C2), un programme comprenant 16 classes avec des espaces périscolaires, et une commande résolument innovante.
L'équipe de Compagnie Architecture a relevé ce défi en adoptant une approche alliant réflexion sur l’écosophie, l’imaginaire des enfants, le vivant et le genre et leurs traductions spatiales. Le cabinet a proposé un concept de "5 grandes maisons" autour d'une cour plantée, brouillant les frontières entre intérieur et extérieur.
Le projet se distingue également par ses espaces mutualisés et expérimentaux, sa réflexion poussée sur les matériaux durables, et son attention particulière portée aux besoins spécifiques des enfants.
Accompagner les collectivités dans la prise en compte du confort d'été : l'exemple de l'école de Lembras (24)
Sylvain Marmande, de l’ATD24 (Agence Technique Départementale), a présenté le projet de la restructuration d’une école avec la prise en compte du confort d’été.
Le projet a privilégié des solutions architecturales pour améliorer le confort thermique : ventilation naturelle, protection solaire, et aménagements adaptés aux enfants et au personnel. L’objectif était de créer des espaces fonctionnels et agréables en période estivale, tout en anticipant les besoins d’une école maternelle future. Le projet avait une approche transversale avec la prise en compte de tous les enjeux environnementaux, avec une structure en matériaux naturels, des espaces verts avec une cour végétalisée, des espaces mutualisés et une prise en compte du confort des occupants.
Programme Cube.Ecoles Limoges : un concours d’économie d’énergies via les usages
Chabane Abboub, chargé de mission à la ville de Limoges, a présenté le déploiement du programme CUBE.Ecoles sur 9 écoles. Il s’agit d’un concours d’économies d’énergie via l’exploitation maintenance et les usages, avec un volet pédagogique important sur la sensibilisation au confort et à la sobriété énergétique. La mise en place du projet a permis entre autres la sensibilisation des services en interne et dans cette continuité d’aborder ces questions auprès des enfants des écoles. 30 à 40 agents de différents services ont été mobilisés, ainsi que l’inspection académique et les enseignants des écoles. Les parents ont été informés et ont encouragé le projet suite à la mobilisation de leurs enfants.
Concrètement, l’accompagnement du Cerema sur une année a permis la mobilisation et l’implication des occupants des écoles inscrites. Le pré diagnostic, un outil permettant d’identifier les dysfonctionnements, a été déployé par le Cerema dans une école, et répliqué par M. Abboub dans les autres écoles. La presse locale a valorisé les actions grâce à la direction de la communication, par des articles, des vidéos et des interviews.
A l’école sans voiture, retour d’expérience à Bègles (33)
La ville de Bègles, pour répondre à des enjeux de santé publique, de sécurité et de mobilité durable, a lancé la démarche "à l’école sans voiture". Éric Meyer a présenté la genèse de la démarche avec un retour sur la première expérimentation en 2018 à l’école Gambetta. Aux abords de cette école, la circulation a été rendue inaccessible à la voiture par la mise en place d’une barrière Vauban à l’entrée de la rue. Riverains, parents, personnels de l’école ont exprimé leur satisfaction.
Cette expérience a été réitérée sur d’autres écoles. Une réflexion a ensuite été menée avec le service développement durable et le service éducation de Bègles et Bordeaux Métropole afin d’identifier le système adéquat pour fermer la rue. Une barrière tournante, fermée aux horaires d’ouverture des écoles, s’est avérée la plus adéquate. Une feuille de route a été rédigée afin de traiter chaque année les abords d’une école pour sécuriser ses abords.
Table ronde : Regards croisés sur les cours d’école
Les espaces extérieurs des établissements scolaires sont au cœur des réflexions aujourd’hui et font aujourd’hui l’objet de nombreux programmes de transformation innovants. Afin de revenir sur les enjeux et les défis de ce nouvel objet des politiques publiques, cette table ronde proposait de faire dialoguer des personnalités dotées de différents points de vue :
- Jessica Brandler, sociologue au centre Emile Durkheim (Sciences Po Bordeaux)
- Joé Vérons, architecte au sein du cabinet Marjan Hessamfar et Joé Vérons architectes associés
- Cécile Prat & Hélène Pillet, coordinatrices du programme des cours buissonnières pour la ville de Bordeaux et Bordeaux Métropole.
Ce temps d’échange, faisant écho aux problématiques identifiées par de nombreux acteurs sur les cours, a permis de revenir en particulier sur trois thématiques :
- Comment le changement de vision autour des besoins des enfants guident ces (ré)aménagements ? Comment équilibrer l’impératif de la végétalisation tout en favorisant une répartition équitable des usages ?
- Comment faire la cour dans un espace de plus en plus contraint alors qu’on constate une inflation de la taille et du nombre d’espaces demandés dans les écoles ? Quels retours d’expériences sur les cours "terrasses" qu’on a vu se développer dans les métropoles françaises ?
- Les cours pour les plus petits - crèche et maternelle - sont-elles des impensés ? Comment aborder leurs spécificités ?
Quels accompagnements financiers et techniques pour passer à l’action ?
Elodie Vouillon, directrice du CAUE de la Gironde, Sylvain Marmande de l’ATD24 (Agence Technique Départementale), Jérémie Manguin d’Odeys, Rémi Martin de l’Apave et Salma El Mrani d’Alto Step ont présenté les différents types d’accompagnement qu’ils proposent aux maîtres d’ouvrage souhaitant rénover leurs établissements scolaires.
Catherine Léonard, directrice adjointe du département territoires du Cerema Sud-Ouest a conclu la conférence en soulignant des éléments clés de cette journée dédiée à l’école, lieu fédérateur : la transversalité au sein des équipes, les compétences techniques, le volet sociologique et la concertation discriminants dans les projets, et l’évaluation en continu.
Le replay :
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