Cet article fait partie du dossier : Ecoles de demain : toutes les actualités du Cerema
Voir les 16 actualités liées à ce dossierPendant 1/2 heure, le Cerema a partagé des projets et un panel de solutions mis en œuvre récemment dans des établissements scolaires.
Du bâtiment aux abords des établissements en passant par la cour d’école, les présentations ont démontré qu’il est possible de créer ou de rénover ces lieux selon de nouvelles approches et ce, quelles que soient les problématiques d’un territoire. A l’issue de l’intervention du Cerema, les auditeurs ont pu découvrir un projet d’aménagement d’une cour d’école à Sotteville-lès-Rouen, présenté par Madame Eve Cognetta, adjointe au maire en charge de l’environnement.
Le réaménagement d’une cour d’école : une opportunité pour le climat, la biodiversité et le bien-être des enfants
L’objectif était de montrer qu’il n’y a pas "une" cour d’école résiliente mais bien une diversité de projets avec leurs spécificités selon le site et son environnement, les priorités ou encore le budget... Mais aussi avec des similitudes ! Les retours d’expérience montrent que la construction d’une nouvelle cour ou le réaménagement d’un site est une formidable opportunité pour le climat, la biodiversité, et surtout le bien-être des enfants.
A partir de deux photos, nous avons noté des constantes : choix de désimperméabiliser pour lutter contre les inondations, avec une place belle faite à la pleine terre et aux matériaux drainants, des couleurs au sol à dominante claire pour éviter un stockage trop important de la chaleur notamment lors des canicules, le développement d’espaces végétalisés et la plantation d’arbres pour l’ombrage et les effets de rafraîchissement...
Certaines écoles prennent le parti d’intégrer plus directement la végétation dans la cour de récréation comme espace de jeu et d’exploration pour les enfants : rondins ou bois mort comme mobilier de jeu, pelouse sur toute la cour, allées entre des arbustes, etc. Sans oublier les potagers ou autres espaces destinés plus particulièrement aux temps d’enseignement, pour pouvoir faire classe dehors !
Les coûts d’investissement et d’entretien varient en fonction des matériaux et des types de végétation, et surtout selon la dimension de la cour. Les anticiper, c’est à la fois s’assurer de les optimiser, de faire les bons choix et surtout de penser des nouvelles pratiques de gestion adaptées !
Si les enfants jouent avec les copeaux, ou le sable, tant mieux ! Alors pourquoi ne pas les équiper de balayettes et râteaux, pour en fin de récréation les inciter à participer à la propreté de leur espace de jeu ? S’ils jouent dans l’herbe, avec l’eau ? Les professeurs, en concertation avec les parents d’élèves et les personnels d’entretien peuvent tout à fait mettre en place un système de vêtements et bottes de rechange, avec un espace tampon entre l’extérieur et l’intérieur. Et pour ce qui est des blessures, les retours d’expérience montrent que les cours plus naturelles participent d’un apaisement du climat scolaire : en récréation, mais aussi après ! Les coins de nature réduisent la place pour les jeux de ballons mais laissent place à l’imaginaire des enfants qui vont explorer, se cacher, toucher, expérimenter... Et ainsi stimuler leurs sens et leur motricité !
Finalement, aménager une cour d’école, c’est bousculer les imaginaires et les pratiques de tout le monde : enfants, parents, professeurs, personnels d’entretien...
C’est pourquoi le Cerema accompagne des collectivités pour concevoir des projets adaptés aux usages existants et souhaités, et surtout des projets pérennes ! Pour cela, un diagnostic transversal permet de penser différents scenarii d’aménagements pour identifier les multiples enjeux pouvant être traités. Il est également impératif d’associer toutes les parties prenantes dans la définition du projet, puis de les accompagner dans l’appropriation des nouveaux espaces.
L’exemple de la rénovation de la cour du groupe scolaire jean Rostand de la commune de Sotteville-lès-Rouen (76):
Madame Eve Cognetta, adjointe au Maire de Sotteville-lès-Rouen en charge de l’environnement a présenté le projet de rénovation de la cour du groupe scolaire Jean Rostand. Initialement très minérale, la cour de cette école sera totalement métamorphosée : bac à sable avec caniveau, cheminements sur une zone autrefois interdite aux enfants, dessins colorés au sol, jardinières en complément des zones désimperméabilisées…
Alors que les travaux sont en cours côté école primaire, et que la récréation a déjà bien changé pour les élèves de maternelle, l’intervention a permis de revenir sur quelques leviers pratiques qui ont permis au projet de voir le jour.
Ont été notamment évoqués les financements obtenus auprès de l’Agence de l’eau, à hauteur de 40% du budget global, au titre du réaménagement favorable à la gestion des eaux pluviales. Madame Cognetta a également insisté sur la démarche de participation en amont de la conception du projet, avec une implication forte des enfants qui ont pu faire des maquettes pour imaginer leur cour rêvée et comprendre les objectifs des futurs travaux.
L’élue a par ailleurs souligné l’intérêt de la posture du Cerema, entité extérieure neutre permettant de ré interroger les pratiques, d’écouter l’ensemble des parties prenantes et ainsi de répondre au besoin de construire un collectif, dans une démarche participative.
LA PARTICIPATION ACTIVE DES OCCUPANTS POUR PLUS D’ÉCONOMIES D’ÉNERGIE
A l’échelle du Bâtiment, la participation active des occupants est également un enjeu essentiel, notamment sur le sujet de la sobriété énergétique. CUBE.S pour les collèges et lycées, ACTEE CUBE.Ecoles pour les écoles élémentaires, sont deux démarches permettant de réaliser des économies énergies (12% en moyenne sur 1 an).
Comment ? En agissant sur des leviers faciles et peu chers : leviers techniques par la régulation et la maintenance des bâtiments, et sur les usages par l’accompagnement au changement des comportements.
Pour changer durablement les comportements, la recette est simple : il faut que les élèves et leurs professeurs s’approprient leur bâtiment, qu’ils participent au diagnostic et trouvent eux même les actions à mettre en œuvre.
C’est pourquoi on emmène les enfants visiter la chaufferie de leur école : le technicien leur explique le fonctionnement avec des mots simples, les élèves ont préparé des questions… cela leur permet de voir leur bâtiment avec un autre regard, en découvrant les "coulisses", cela leur permet aussi de découvrir un nouveau métier, celui de gestionnaire technique.
Les enfants peuvent ensuite poursuivre le diagnostic en visitant l’ensemble de leur bâtiment, salles de classes, couloirs, cantine, sanitaires… ils repèrent les petits dysfonctionnements : les lumières qui restent allumés, les fuites d’eau ou encore les radiateurs encombrés. On leur fournit des grilles d’analyse, et on met à leur disposition des outils de mesure : wattmètres, caméra thermique, capteurs de température. Avec une caméra thermique, on peut repérer les fuites d’air, les problèmes d’isolation qui sont utiles pour le diagnostic du bâtiment.
Mais on peut aussi l’utiliser pour voir la chaleur dégagée par le corps, plus ou moins couvert par des vêtements, ou encore s’amuser à créer une fresque en posant ses mains sur un mur (empreinte de chaleur). Bref… tout est prétexte pour expérimenter et appréhender très concrètement l’énergie.
Le bâtiment scolaire devient en lui-même un objet d’apprentissage.
La philosophie des démarches CUBE, c’est également de fédérer, de susciter une dynamique autour d’un projet enthousiasmant : agir à son niveau pour le climat. Permettre aux enfants de passer à l’action est un des meilleurs remèdes contre l’éco-anxiété.
Dans une école, il s’agit de mobiliser toutes les parties prenantes : agents de la collectivité (agents techniques, animateurs périscolaires, personnel de cantine), enseignants, enfants mais aussi les parents autour des économies d’énergie. Des actions collectives sont organisées, à l’image de cette œuvre collective à la craie dans un collège des Pyrénées (image ci-dessous).
CUBE.S existe depuis maintenant plus de 3 ans, et nous avons été impressionnés par la créativité et l’enthousiasme des élèves et de leurs enseignants : réalisation de chorégraphies collectives filmées par drone, création d’escape game de l’énergie, création d’un arbre des bonnes résolutions, concours du gros pull qui permet d’expérimenter un degré de moins… Les enfants deviennent ensuite des ambassadeurs dans leurs familles, grâce à un kit qu’on leur fournit.
Celui-ci contient entre autres, un thermomètre, et un petit guide pour faire un diagnostic à la maison. ACTEE CUBE.Ecoles vient de lancer sa première édition, avec près de 80 écoles. Et on espère qu’ils vont nous impressionner !
Design Actif: comment aménager l'espace public pour favoriser l'activité et la vie locale
Aménager les abords d’écoles, c’est à la fois donner envie de venir à pied ou à vélo à l’école et requalifier un espace public symbolique de la commune et du quartier : un lieu de rencontre des enfants mais aussi des parents.
Les projets offrent souvent la possibilité de travailler sur :
- Le réaménagement du parvis de l’école, en lien avec l’entrée et la cour : ajout de mobilier ludique, entrée directement par la cour, création de stationnements vélo/trottinette devant ou dans l'école, gestion de l’accessibilité PMR ...
- La requalification de la rue devant l’école. Différents statuts sont possibles pour donner plus de place et plus de priorité aux enfants circulant à pied : aire piétonne temporaire ou pérenne, zone de rencontre avec réaménagement à niveau et marquage d’animation, zone 30 avec traversées piétonnes accessibles et sûres.
- Un périmètre plus large lié au quartier, revoyant le plan de circulation pour diminuer le trafic motorisé devant les écoles, en lien avec une bonne gestion du stationnement des riverains, parents, équipes enseignantes.
- Un travail sur les itinéraires accessibles et sûrs des enfants vers l'école, à pied et à vélo avec prise en compte des traversées dangereuses, des raccourcis piétons, des voies vertes, et en utilisant les principes de design actif ...
- Une démarche participative, incluant les enfants et les équipes enseignantes et périscolaires. Cela peut s’inscrire dans une démarche plus globale de Plan de Déplacements Établissements Scolaire (PDES), mais aussi avec des tests d'aménagement ou des animations festives.
A Corpeau, un village de 1000 habitants en Côte d’Or (21), la piétonisation s’est faite en plusieurs temps. La rue a été fermée à la circulation et deux parkings positionnés à chaque extrémité. Puis un aménagement qualitatif a été réalisé, avec des espaces végétalisés et pédagogiques tout le long, en lien avec des travaux de mise en accessibilité du bâtiment de l’école.
A La Riche, en Indre et Loire (37), une ville de 10 000 habitants qui jouxte Tours, une rue devient piétonne aux horaires d'entrée et de sortie des élèves, grâce à de simples barrières amovibles. Les problématiques liées au stationnement des riverains et des parents en amont des barrières se résolvent avec quelques discussions élus-habitants-riverains chaque début d'année.
A Lyon s’est engagé à aménager de nombreuses rues devant les établissements scolaires, comme plusieurs autres grandes collectivités françaises. Les enfants en élémentaire, mais aussi des collégiens, participent aux réflexions sur les choix d’aménagements, par exemple sur des marquages d’animation dans les zones de rencontre.
A Lille, un travail similaire a été réalisé sur les itinéraires des enfants.
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