Cet article fait partie du dossier : Ecoles de demain : toutes les actualités du Cerema
Voir les 17 actualités liées à ce dossierEn effet, face aux défis climatiques et environnementaux, les établissements scolaires sont des équipements publics à rénover de manière prioritaire, à la fois pour leur caractère symbolique et pour la sensibilité du public accueilli. Les enjeux sont multiples : santé et bien-être des enfants et de leurs enseignants, rafraîchissement des villes, sobriété énergétique, préservation de la biodiversité et de la ressource en eau, développement des mobilités douces, éducation, etc.
Organisée par la Direction territoriale Ile-de-France du Cerema, la journée technique a permis de partager des retours d’expériences sur des démarches locales, des méthodes et leviers d'action pour réaménager les écoles et leurs abords en intégrant les enjeux de transition écologique.
La journée s’est articulée en deux temps : une matinée consacrée à des présentations de retours d’expérience d’élus locaux, suivie d’ateliers interactifs l’après-midi. Ces ateliers ont permis d’approfondir les thématiques abordées le matin de manière participative et ludique.
Les retours d'expérience :
Pour une école intégrée au cycle de l'eau
Avec Olivier LUCAS, adjoint au maire – environnement, développement durable de la ville de Loges-en-Josas
Céline GIBELIN, cheffe de groupe Eau et Analyses Environnementales à la Direction territoriale Ile-de-France du Cerema
La ville de Loges-en-Josas a entrepris dès octobre 2023 des travaux dans les écoles Charlotte Carrier regroupant l'école maternelle et élémentaire de la commune. Ce projet ambitieux a permis la refonte complète des bâtiments scolaires avec pour ligne directrice un projet intégré et respectueux de l'environnement.
Plusieurs actions ont été mises en place dont une rénovation énergétique et la prise en compte du cycle de l'eau dans les nouveaux aménagements. En particulier, la désimperméabilisation des cours et de la rue d'accès aux écoles, la déconnexion au réseau et la construction de noues infiltrantes avec un objectif "zéro rejet" jusqu'à une période de retour cinquantennale, l'installation de récupérateurs d'eau pluviale et la construction de rivières pédagogiques dans lesquelles s'écoulent les eaux pluviales pour sensibiliser les écoliers à la présence de l'eau dans leur environnement.
L'ensemble des aménagements réalisés s'intègre dans le paysage, en respectant la sécurité des écoliers. Le projet était localisé sur une zone très peu perméable ce qui démontre la faisabilité de telles réalisations pour la gestion alternative des eaux de pluie pourvu que les moyens et le portage du projet soient au rendez-vous.
Cours d’école résilientes : clés de réussite pour leur réaménagement
Avec Bertrand HOUILLON, maire de Magny-les-Hameaux et vice-président de la Communauté d'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines Pause
Delphine SALMON, responsable d’études nature en ville à la Direction territoriale Ile-de-France du Cerema.
Face à l’augmentation du phénomène d'ilot de chaleur urbain, des canicules, des sécheresses et des inondations et au déclin de la biodiversité, repenser l'aménagement des cours d'école est crucial pour gagner en résilience.
La pédagogie et la concertation multi-acteurs constituent des leviers essentiels à la réussite des projets de réaménagement des cours d'école. Ces aménagements ont longtemps été pensé par des adultes pour des adultes. Il est aujourd'hui primordial d'accompagner leur transformation avec une meilleure appropriation du projet par un processus participatif et de co-conception incluant l'ensemble des acteurs (élèves, équipe pédagogique, technique, périscolaire) avec pour finalité de définir les solutions de réaménagement partagées.
Ainsi, co-concevoir un projet de cour d'école résiliente nécessite une approche multi thématique répondant à 3 principaux enjeux :
- L’enjeu climatique (confort thermique, gestion des eaux pluviales), choix et qualité des usages (inclusivité, accessibilité, santé, cadre de vie, bien-être),
- L’enjeu pédagogique (école du dehors, alimentation, biodiversité et jardinage),
- L’enjeu de participation des usagers (acteurs du projet, moments collectifs et participatifs).
Un exemple concret de cette démarche est le projet "Ma cour passe au vert" mené par la ville de Magny-les-Hameaux. À l’école André Gide, le projet de la collectivité a permis de transformer la cour en un espace végétalisé et déminéralisé, grâce à une concertation approfondie. Les élèves, au cœur du processus, ont participé activement aux réflexions, accompagnés des parents, du personnel périscolaire et des services municipaux. Cette collaboration a permis de créer un aménagement à la fois fonctionnel, durable et adapté aux besoins de tous les usagers.
Replay : Première partie de la matinée
La transformation des abords des écoles : un levier pour l'apaisement du quartier - L'exemple du dispositif Mobili'kids à Sceaux
Avec Octavie GUILLEMOT, Chargée de mission Transitions – Nature en Ville et politique cyclable
Dan MAGNAN-CESARETTI, Référent nouvelles mobilités à la Direction territoriale Ile-de-France du Cerema.
Les voiries des abords des écoles peuvent focaliser de nombreux enjeux de politiques publiques : développer une ville plus apaisée et sécurisée, promouvoir une transition des mobilités vers la décarbonation pour l'amélioration de la qualité de l'air, adapter l'aménagement aux changements climatiques, encourager le lien au sein des quartiers...
Au centre de l'acculturation des enfants aux mobilités actives dès leur plus jeune âge, les rues des écoles peuvent donc servir de "support projet" pertinent pour requestionner et faire évoluer le regard des ménages sur le rôle de la voiture dans le fonctionnement urbain de la ville.
La "pacification des abords des écoles" est une démarche projet qui vise à affirmer le caractère piétonnier des espaces publics situés à proximité immédiate des entrées d'une école ou d'un groupe scolaire constitué de plusieurs écoles, ainsi que des parcours qui y mènent.
Ce peut être des projets temporaires ou pérennes, le cas échéant avec ou sans dispositif de fermeture de la rue. Ils doivent notamment combiner des restrictions de circulation, des aménagements pour sécuriser les flux et mieux organiser les stationnements (motorisés et non motorisés), des aménagements urbains et paysagers destinés à améliorer les usages non circulatoires de la rue, contribuer à une meilleure insertion de l'école dans son quartier, développer la sociabilité du quartier (pour les enfants, les parents, les habitants...).
Ce type de projets peut donc s'articuler – et soutenir - les démarches plus ambitieuses des villes sur la décarbonation des mobilités, s'il est notamment décliné dans plusieurs rues d'écoles habilement choisies, s'il s'inscrit dans une véritable stratégie de pacification du plan de circulation et s'il développe l'acculturation des enfants aux mobilités actives dès leur plus jeune âge.
Dans le cadre du déploiement de son troisième plan vélo, la Ville de Sceaux s’est engagée à pacifier les abords des écoles en limitant la circulation automobile. L’objectif principal est d’assurer la sécurité des enfants tout en favorisant leur autonomie dans leurs déplacements. Ce programme s’inscrit dans une démarche d’écomobilité scolaire visant à promouvoir des modes de transport doux et durables. L’école du Petit-Chambord a été choisie comme école pilote pour expérimenter et mettre en œuvre ces initiatives en faveur d’un environnement scolaire plus sûr et apaisé.
Adaptation des bâtiments scolaires aux vagues de chaleur
Avec Benoît DONY, chef de projet bâti scolaire et transition écologique au Ministère de l’éducation nationale
Amaury FIEVEZ, chargé de mission recherche – doctorant ACTEE, adaptabilité des bâtiments publics aux vagues de chaleur à la FNCCR
Présentation d’une école dans la ZAC Les Belles Vues à Arpajon-Ollainville par Boris SCHNEIDER, architecte associé chez SAM Architectures
Emmanuel LE DUC, chef de groupe Bâtiment par interim à la Direction territoriale Ile-de-France du Cerema
Les projections climatiques du GIEC pour 2050 indiquent une augmentation de la fréquence et de l’intensité des vagues de chaleur dans les années à venir. Cette évolution entraînera une aggravation de l’inconfort thermique dans les bâtiments, en particulier dans les zones fortement urbanisées. Il est donc essentiel d’anticiper ces défis en identifiant des solutions adaptées pour maintenir un confort thermique en été, notamment en période de canicule, tout en garantissant des bâtiments vivables tout au long de l’année.
Afin d’accompagner cette transition, le Ministère de l’Éducation Nationale a instauré la charte de rénovation du bâti scolaire. Celle-ci vise à définir les contours d’une démarche globale de rénovation, à fournir un langage commun accessible aux acteurs locaux et à préciser les responsabilités des porteurs de projets à chaque étape.
Un exemple concret est le groupe scolaire de la ZAC Les Bellevues à Arpajon-Ollainville, conçu par SAM Architecture et livré en septembre 2024. Labellisé E3C1, il combine énergies renouvelables (panneaux photovoltaïques, pompe à chaleur) et matériaux biosourcés comme le bois pour la charpente, les finitions et le mobilier. La gestion des eaux pluviales se fait sur site, tandis que les toitures et cours végétalisées créent des îlots de fraîcheur. Les baies vitrées protégées limitent le rayonnement solaire, et les sheds en toiture assurent éclairage naturel et ventilation efficace, notamment en été.
Replay : 2e partie de la matinée
Replay : restitution de la matinée
L’après-midi a débuté avec la restitution des échanges de la matinée présentée par Pascal Ponty, adjoint au maire de Chatou et Madeleine Masse, architecte urbaniste - fondatrice de l’Atelier SOIL. Des récits passionnants sur la place de l’enfant dans la ville et dans la conception d’une école idéale.
Les ateliers
Quatre ateliers par groupes ont été organisés l'après-midi.
Atelier 1 : Jeu de rôles autour de la concertation : "Repensons ensemble la cour d’école"
Jeu de rôle autour de la concertation 'Repensons ensemble la cour d'école' : Cet atelier visait à présenter et à participer à un processus de concertation d'un projet de réaménagement d'une cour d'école. Les participants se sont vu confier un rôle d'acteur parmi ceux identifiés dans le cadre d'un projet et pour certaines étapes : définition des enjeux, diagnostic, témoignage et recensement des atouts et points noirs, expression des attentes et besoins, et ce pour aboutir à un choix de solution d'aménagement sur la base de photos de référence pour une cour idéale.
Atelier 2 : "Jouer avec l'Energie" : Escape game – "Des écogestes pour sauver !"
L'escape game « Des écogestes pour sauver ta planète ! » a été créé par le Cerema, à destination de toute personne (de plus de 11 ans) s'intéressant aux écogestes. Ce jeu s'apparente à un jeu de société, il se joue avec des cartes et une application.
Son objectif est de proposer un atelier ludique pour sensibiliser aux écogestes. Les participants, par équipe de 1 à 5, se sont plongés dans l’univers du jeu avec une mission et seulement 1 heure pour l’accomplir ! Pour cela, ils ont dû résoudre des énigmes de toutes sortes, communiquer entre membres de l’équipe, et acquérir un maximum de connaissances en écogestes !
Atelier 3 : "Concert'action sous la pluie"
"Concert'action sous la pluie" est un jeu de rôle autour de la gestion des eaux pluviales dans les projets d'aménagement. Cet atelier a pour objectif de travailler la concertation multi-acteurs afin de déconstruire les idées reçues autour des eaux pluviales et d'encourager leur gestion intégrée et durable dans l'aménagement urbain et plus particulièrement ici dans le cas d'une école.
Chaque participant s’est vu confier un rôle associé, un profil type construit sur les inquiétudes ou les motivations les plus souvent rencontrées par son personnage dans les projets d'aménagement. Son objectif est de débattre avec les autres joueurs, tout en défendant ses opinions, l'issue étant la validation du projet...
Atelier 4 : "Abords des écoles" : En route pour une rue scolaire apaisée !
Cet atelier invite les participants, répartis en groupes selon des persona (parents d'élèves, associations cyclistes, collectifs pour l'accessibilité, etc.), à concevoir un plan d'aménagement pour apaiser une rue proche d'une école. Ils élaboreront des propositions incluant un profil en travers, une esquisse des aménagements (mobilier urbain, espaces verts), un plan de circulation adapté et des actions pour encourager les modes actifs, dans une démarche collaborative et inclusive.
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