Biodiversité, solutions fondées sur la nature et adaptation : des outils et méthodes du Cerema pour les territoires
Cet article fait partie du dossier : Nature en Ville : développer les solutions fondées sur la nature dans le milieu urbain
Voir les 53 actualités liées à ce dossierLa priorité est désormais à l'adaptation des territoires aux impacts du changement climatique, qui impacte fortement la biodiversité. Au niveau des territoires, différents outils et démarches visent à préserver la biodiversité, aussi bien dans les espaces naturels que dans les zones urbaines.
A destination des acteurs des territoires, le Cerema a conçu et diffusé des méthodologies pour intégrer les enjeux de biodiversité et d'environnement dans les projets d'aménagement du territoire.
Ces démarches sont de plus en plus transversales, prospectives, fondées sur un diagnostic partagé et un un plan d'action co-construit.
Les Solutions Fondées sur la Nature, des pistes pour l'adaptation des villes
Le rôle de la biodiversité dans le contexte du changement climatique
En France, 18 % des espèces sont éteintes ou menacées et 78 % des habitats sont dans un état de conservation défavorable selon l'Office National de la Biodiversité. Le changement climatique, est identifié par le modèle HIPPO(C) [1] comme l’une des six pressions majeures qui concourent à l’érosion de la biodiversité, aggrave ce phénomène de même que les risques naturels tels que les sécheresses, les inondations, l’érosion du littoral... Il aura aussi un impact sur les conditions de vie, notamment en ville.
La biodiversité et les écosystèmes influencent le climat et contribuent notamment à la régulation du gaz carbonique et de la vapeur d’eau dans l’atmosphère, et agissent ainsi sur la température et les précipitations.
Les territoires ont un rôle à jouer en matière d’adaptation au changement climatique, et un levier important d’action consiste donc à préserver et favoriser la biodiversité, aussi bien dans les espaces ruraux qu’en milieu urbain.
Des travaux de recherche sont menés pour analyser les mécanismes permettant aux écosystèmes d’être résilients face aux conséquences du changement climatique et comprendre comment s’appuyer sur la résilience des écosystèmes pour s’adapter au changement climatique. Ces travaux ont démontré l’efficacité des Solutions Fondées sur la Nature (SFN) pour l’adaptation au changement climatique dans de nombreux cas.
Le deuxième Plan national d’adaptation au changement climatique 2018-2022 (PNACC-2) mentionne la définition des SFN, qui sont des "actions visant à protéger, à gérer de manière durable et à restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés pour relever directement les enjeux de société de manière efficace et adaptative, tout en assurant le bien-être humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité".
Des projets de recherche autour des solutions fondées sur la nature
Le Cerema mène plusieurs projets de recherche autour des solutions fondées sur la nature, par exemple :
- Nature4Cities : à travers ce projet de recherche européen dont la coordination scientifique est assurée par le Cerema, une plateforme en ligne propose une série d’outils pour mettre en œuvre des solutions d’aménagement de la ville fondées sur la nature. De nombreuses expériences menées en Europe ont été évaluées, pour que les acteurs puissent déterminer les solutions les plus appropriées au contexte.
- Life Artisan : ce projet Life intégré coordonné par l’Office Français de la Biodiversité (ex-AFB) a pour objectif d’ "Accroître la Résilience des Territoires au changement climatique par l’Incitation aux Solutions d’Adaptation fondées sur la Nature" en permettant la montée en capacité des acteurs et en contribuant à améliorer les cadres institutionnels, financiers et normatifs pour généraliser les Solutions Fondées sur la Nature.
- Life Adsorb : un projet de recherche partenarial mené à Paris, qui vise à évaluer une solution naturelle basée sur des filtres de roseaux pour diminuer les polluants présents dans les eaux pluviales. Un prototype de bassin filtrant a été aménagé et instrumenté par le Cerema pour évaluer l’efficacité du filtre. Auparavant, le Cerema avait contribué au projet ADEPTE (Aide au Dimensionnement pour la gestion des Eaux Pluviales par Traitement Extensif), pour déterminer le dimensionnement de bassins de filtres par roseaux pour dépolluer l’eau de pluie.
- SESAME : Services EcoSystémiques rendus par les Arbres, Modulés selon l’Espèce est un projet mené en partenariat avec Metz et Metz métropole, pour développer un outil d’aide à la décision afin de choisir les espèces d’arbre set d’arbustes à planter en ville, en fonction des services écosystémiques rendus et attendus par les différentes espèces. A travers des partenariats dans d’autres régions (en Gironde avec Bordeaux métropole et la ville de Libourne notamment), le projet SESAME va être adapté à d’autres zones climatiques.
- PROOF: Le Cerema coordonne ce projet de recherche qui porte sur l'évaluation environnementale et énergétique des toitures végétalisées équipées de panneaux photovoltaïques. L'objectif est de favoriser le déploiement de ces dispositifs en ville.
- ECOPS: Un projet de recherche qui vise à évaluer le phénomène d'évapotranspiration sur de petites surfaces végétalisées, comme celles que l'on peut trouver en ville, et ainsi de mieux connaître leur impact sur le ruissellement de l'eau de pluie ou la réduction du phénomène d'ilot de chaleur, par exemple.
Accompagner la mise en œuvre des Solutions Fondées sur la Nature
A la suite des projets de recherche, la mise en œuvre dans les territoires de ces solutions fondées sur la nature est un enjeu important. Le Cerema est présent dans plusieurs démarches en cours.
Cours d’écoles résilientes
Les cours d’école, qui recouvrent des superficies importantes disséminées en ville, offrent une possibilité pour développer la présence de la biodiversité.
A Paris, le programme Cours d’Ecole Oasis est mené depuis 2017. L’objectif est de trouver avec la participation des élèves des solutions permettant aux cours d'école de participer à la stratégie de résilience (climatique notamment) de la ville de Paris qui vise à agir sur le phénomène d’îlots de chaleur urbains. Les solutions déployées s'inscrivent aussi dans la sobriété. En 2020, une trentaine de cours d'écoles parisiennes ont ainsi été transformées.
Une approche plus globale, celle des "cours d’écoles résilientes", est développée par le Cerema dans le cadre d’une étude nationale, afin de guider les porteurs de projets dans des démarches opérationnelles d’adaptation au changement climatique.
Il s'agit de capitaliser à l'échelon national des démarches de rénovation des cours d'école s'appuyant principalement sur les solutions fondées sur la nature mais aussi qui permettent plus globalement d'améliorer le confort des usagers et des occupants face aux surchauffes d'été (et de printemps). Outre des plantations de végétaux, des revêtements perméables, de l’ombrage, une nouvelle gestion de l'espace, du nouveau mobilier, un point d’eau peuvent être mis en place.
A partir notamment de webinaires, d'ateliers de travail collectif et d’entretiens avec les acteurs de différents projets, le Cerema capitalisera les retours d’expériences et favorisera les échanges entre les acteurs sur ce sujet.
Territoires Engagés pour la Nature et Capitale Française de la Biodiversité
Territoires Engagés pour la Nature est un dispositif d'ingénierie territoriale dont l’objectif est de faire émerger, de reconnaître et d’accompagner les collectivités dans une démarche d'engagement de leur territoire en faveur de la biodiversité.
Les Agences Régionales de la Biodiversité apportent un accompagnement privilégié au niveau régional, et les territoires peuvent obtenir des aides spécifiques. Le Cerema est membre du jury, et contribue à l’accompagnement des collectivités en termes d’ingénierie pour la conception et la mise en œuvre des projets.
La démarche permet aussi de fédérer un réseau d’acteurs locaux et nationaux (élus, agriculteurs, entreprises, habitants, associations, chercheurs…), de partager les expériences, et d’échanger avec l’Etat et les services de l’Etat sur les problématiques liées à la biodiversité. 65 communes ont aujourd’hui rejoint la dynamique.
C'est une démarche complémentaire à celle de la Capitale Française de la Biodiversité, qui met en avant les projets réalisés dans les territoires en faveur de la Bioidiversité. Le thème de l’édition 2019- 2020 était "Tous mobilisés, les territoires agissent et s'engagent pour la nature", celui de l’édition 2020-2021, qui vient de s’ouvrir, est "eau et biodiversité".
Territoires Engagés pour la Nature
Appel à projets Solutions fondées sur la nature pour les territoires littoraux
L'appel à projets "les solutions fondées sur la nature pour des territoires littoraux résilients" lancé en juillet 2019 vise à valoriser le rôle des écosystèmes dans l’adaptation au changement climatique des territoires exposés aux évolutions du trait de côte.
20% des territoires littoraux, où il y a une pression forte de l’urbanisation et des activités économiques, sont concernés par l’érosion côtière, un phénomène contre lequel la stratégie est désormais l’adaptation des territoires.
Il est donc important de prendre en compte l’évolution du trait de cote dans la planification et la prévention des risques, et les solutions fondées sur la nature sont un outil essentiel de cette adaptation.
La ministre en charge de l’environnement Elisabeth Borne a présenté les 9 lauréats en février : Sept projets seront financés en 2020 et deux autres projets partenaires bénéficieront de valorisation.
Situés à la fois en métropole et outre-mer, ils sont situés sur des territoires très contrastés (naturels, urbanisés), où sont présents une variété d’écosystèmes naturels (dunes, cordons de galets, marais arrières littoraux, mangroves) et sont portés par un large panel d’intervenants (collectivités territoriales, établissements publics, entreprises privées) :
- Adaptation du site de Fréval, Normandie
- Travaux de restauration du cordon dunaire de la commune de Leucate, Occitanie
- Démolition de bâtiments exposés à l’aléa érosion marine et renaturation des milieux dunaires, Centre de vacances de la SNCF, Soulac-sur-mer, Nouvelle Aquitaine
- Réhabilitation d’une portion de plage de sables basaltiques sur le secteur de Cambaie, commune de Saint-Paul, La Réunion
- Restauration d’un cordon littoral et adaptation des aménagements existants - site de Lessunus Plozevet, Bretagne
- Interface entre mer et mangrove, renaturation du littoral de Port-Louis nord en forêt domaniale du littoral, Guadeloupe
- Restauration douce du cordon dunaire des Baronnets
- Projet territorial de la Saâne, Normandie
- Exemples de la stratégie locale de gestion de la bande côtière (SLGBC) de Biscarrosse et du programme de requalification de l’Espace Naturel Sensible (ENS) d’Erretegia à Bidart, Nouvelle Aquitaine.
Les Contrats de Transition Ecologique
Les territoires engagés dans un Contrat de Transition Ecologique fixent des objectifs et mettent en oeuvre une série d'actions pour assurer la transition écologique du territoire, tout en favorisant le développement économique.
Depuis 2018, le Cerema apporte son expertise transversale en matière d'ingénierie territoriale pour co-construire des projets adaptés aux contextes et enjeux locaux. A travers des actions de préservation de l'environnement et développement de la biodiversité, ces territoires créent des filières d'économie circulaire, agissent sur l'attractivité, facilitent sa transition...
Retrouvez le dossier du Cerema sur différents Contrats de Transition Ecologique en cours:
Eviter, réduire, compenser et accompagner les impacts des aménagements sur la biodiversité
La préservation de la biodiversité doit être intégrée dans l’aménagement du territoire. Le Cerema a développé des méthodes sur deux axes principaux : la réalisation d’infrastructures et la démarche éviter, réduire, compenser et accompagner.
La Trame Verte et Bleue et les continuités écologiques
L’un des concepts développés est celui de Trame Verte et Bleue, complétée plus récemment par la trame Noire.
La trame verte et bleue est un réseau d’espaces et de continuités écologiques terrestres et aquatiques qui permet de préserver la biodiversité. Le schéma régional de cohérence écologique (SRCE) et le schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires au niveau régional, puis le Plan Local d’Urbanisme et le Schéma de Cohérence Territoriale sont des documents cadre qui permettent d’intégrer cette trame verte et bleue dans la planification et les projets d’aménagement.
Un centre de ressources est en ligne pour accompagner les démarches et présenter des retours d’expériences.
Le Cerema a accompagné différentes structures dans l’identification et de l’élaboration de trames vertes et bleues, notamment la métropole du grand Nancy pour laquelle il a identifié les continuités écologiques et les solutions de restauration des corridors à travers la modélisation, l’observation de terrain et l'installation de "pièges photos" pour photographier le passage des animaux.
Une cartographie des trames verte et bleue au niveau national est disponible depuis 2018, grâce à une standardisation des données issues des documents de planification.
Il a ensuite élaboré une méthodologie basée sur la concertation avec les acteurs un diagnostic partagé, que les collectivités peuvent retrouver dans les fiches "Trame verte et bleue".
Biodiversité et infrastructures : des guides pour les gestionnaires et concepteurs
Un des enjeux prioritaires dans la réalisation des Trames Vertes et Bleues concerne plus particulièrement les infrastructures linéaires de transports (routes, voies ferrées, canaux...), en améliorant leur perméabilité et en préservant le bon état écologique des milieux afin de garantir la circulation des espèces de faune sauvage.
Les infrastructures de transport, en fragmentant le territoire, contribuent à la rupture des
continuités écologiques. En réduisant la surface des habitats et les échanges intraspécifiques, elles conduisent à l’isolement des populations et, à plus ou moins long terme, à leur déclin.
La prise en compte de la biodiversité par les gestionnaires des réseaux d’infrastructures s'inscrit dans la nouvelle politique de mobilité issue des "Assises de la mobilité" et des travaux du Conseil d’orientation des infrastructures (COI), qui, dans sa synthèse sur les mobilités du quotidien de janvier 2018, explique qu’il y a urgence à les régénérer et les moderniser. Le Conseil d’orientation des infrastructures fixe comme objectif stratégique n° 1, de placer la France à la pointe de l’innovation, notamment pour assurer les transitions environnementales.
Les impacts des infrastructures sur l’environnement doivent être intégrés dans les projets d’aménagement, en cohérence notamment avec les enjeux de la trame verte et bleue.
Un volet des travaux du Cerema consiste à identifier les collisions entre des véhicules et des animaux et à améliorer les méthodes de comptabilisation afin de connaître les points noirs et de répondre par des aménagements adaptés.
Le Cerema a développé des méthodologies pour concevoir des passages à faune lors de projets de construction ou de requalification de projets d’infrastructures: pour les chauve-souris, pour la petite faune, la grande faune, pour les libellules, amphibiens, oiseaux…
Un guide vient notamment d'être publié sur les dispositifs de franchissement dans le cadre de le la requalification d'infrastructures, à travers la notion de transparence des infrastructures qui désigne son niveau de perméabilité (présence de passages pour la faune spécifiques ou de passages mixtes hydrauliques ou agricoles) au regard des déplacements vitaux de la faune.
Des ouvrages spécifiques à différentes espèces ont également sont disponibles, et un guide technique complet sur les passages à faune sera publié dans le courant de l'année.
Avec l'IDRRIM, le Cerema a aussi conçu le guide "Les chantiers d’infrastructures routières et les milieux naturels", qui présente des expérimentations en matière de préservation des milieux naturels, de la flore et de la faune lors de la phase travaux des chantiers de construction ou de remise à niveau d'infrastructures.
Il présente les impacts potentiels du chantier pour les milieux naturels et les espèces lors de la phase travaux, ainsi que la réglementation et les procédures en vigueur, les clefs principales d’organisation d’un chantier respectueux de l’environnement, et présente des éléments sur la vulnérabilité de la faune et de la flore par grands groupes taxinomiques.
Un projet de recherche pour capitaliser les meilleures pratiques européennes
Le Cerema se positionne sur un projet Européen H2020 de recherche, BISON (Biodiversity and Infrastructure Synergies and Opportunities for European Transformation Networks – Biodiversité et Synergies des Infrastructures, et Opportunités pour la Transformation Européenne des Réseaux), qui vise à capitaliser les meilleures pratiques et techniques autour de la question des interfaces entre les infrastructures de transport et les milieux naturels. L’objectif est de répondre au problème de la rupture des continuités écologiques par les infrastructures de transport en identifiant les meilleures pratiques au niveau européen.
Une des trois tâches principales, qui sera pilotée par le Cerema, consistera à collecter les informations et établir une méthode pour recueillir les meilleures pratiques, notamment les solutions fondées sur la nature. Ce travail prendra particulièrement en compte les aspects liés à la biodiversité, afin de s’inscrire dans les objectifs de développement durable des Nations Unies notamment.
Les méthodes et problématiques novatrices y sont abordées et un bilan dressera les éléments maîtrisés et les gaps, afin d’identifier les besoins en termes de recherche et d’innovation, et d’orienter les sujets de recherches scientifiques du projet vers ces besoins au niveau européen.
Des méthodes pour appliquer la démarche Eviter, Réduire, Compenser
La démarche "éviter, réduire, compenser" est un fil conducteur pour intégrer l’environnement dans les projets d’aménagement avec l’objectif de ne pas impacter la biodiversité. Le Cerema a contribué à la rédaction d’un guide publié par le CGEDD en 2018 pour en accompagner la mise en œuvre, à travers une classification des différentes mesures qui peuvent être prises à chaque étape de la séquence.
La séquence Eviter, Réduire, Compenser (ERC) doit être mise en œuvre dans l’ordre, c’est-à-dire en commençant par éviter les dommages sur l’environnement. Si l’évitement n’est pas possible, les impacts doivent être réduits au maximum, et compensés.
Un autre volet, non réglementaire, porte sur les mesures d’accompagnement, qui consistent à améliorer l’efficience ou donner des garanties supplémentaires de succès environnemental aux mesures compensatoires. Il peut s’agir d’acquisition de connaissances, de définir une stratégie de conservation plus globale, de mettre en place un arrêté de protection de biotope qui relève en fait des pouvoirs de l’État ou des collectivités, d’aménagement paysager, de sensibilisation et communication etc.
Un suivi doit également être effectué afin d’évaluer l’efficacité de chacune des mesures, et le maître d’ouvrage doit réaliser un bilan.
Les mesures compensatoires sont définies en dernier recours après mise en œuvre des mesures d’évitement et de réduction des impacts potentiels du projet. Ces mesures d’insertion environnementale s’inscrivent dans les réglementations en matière d’environnement et sur la planification des territoires (eau, espèces protégées, boisement, Natura 2000, …). Le Cerema a contribué à l’élaboration des lignes directrices nationales sur la séquence Éviter, Réduire et Compenser les impacts sur les milieux naturels.
Une cartographie de l’avancement des mesures compensatoires touchant à la biodiversité est disponible sur le site Géoportail. Elle est accessible à tous et permet de suivre l’évolution des mesures compensatoires concernant la biodiversité, qui interviennent lorsque toutes les mesures envisageables ont été mises en œuvre pour éviter puis réduire les impacts négatifs sur la biodiversité.
Une étude est actuellement menée en partenariat par le ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, l’Office Français de la Biodiversité et le Cerema, pour standardiser le dimensionnement des compensations écologiques en prenant en compte tous les volets de la biodiversité : espèces, habitats et fonctions.
Un guide méthodologique sera diffusé à l’issue de ces travaux, qui réuniront une quarantaine d’acteurs spécialisés. Il proposera notamment un arbre de prise de décision, des critères d’identification de la biodiversité irremplaçable et des impacts résiduels significatifs irréversibles et une série d’indicateurs.
Le Cerema a aussi publié le guide "repères pour une prospective territoriale de l’environnement" à la demande du ministère en charge de l'environnement, qui présente les apports de la prospective sur les sujets environnementaux pour élaborer des stratégies territoriales.
Préserver les zones humides
Les zones humides sont elles aussi concernées par la doctrine "Eviter, réduire, compenser", qui s'impose lorsqu’un projet d’aménagement impacte une zone humide. Ces mesures compensatoires doivent être équivalentes aux impacts.Au-delà de l'aspect réglementaire, les zones humides sont des réservoirs de biodiversité et jouent un rôle dans la prévention des inondations.
Le Cerema a défini une méthode pour dimensionner les mesures compensatoires qui intègre les fonctions écologiques, hydrauliques et épuratoires des zones humides.
Elle se fonde sur la Méthode Nationale d’Evaluation des Fonctions des Zones Humides, élaborée en 2016 par l’Office Français de la Biodiversité et de nombreux partenaires dont le Cerema.
Afin de réduire le risque inondation dans le contexte d'une pression importante de l'urbanisation, l'Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs mène avec le Cerema des actions de préservation des zones d'expansion de crue à l'échelle du bassin versant. Cinq territoires pilotes en amont de Paris ont été retenus pour y mettre en oeuvre des actions duplicables favorisant le stockage de l'eau en cas de crue. Parmi les objectifs, le projet vise à rétablir le lit des cours d'eau.
Le CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire) construit un nouveau collisionneur de particules, de 100 kms de longueur et 400 m de profondeur. Le Cerema est impliqué dans ce projet à travers deux missions :
- développer une méthode pour caractériser et optimiser l’implantation des huit puits d’accès au tunnel coté français, au regard des richesses et enjeux environnementaux du territoire.
- Dresser un premier état des lieux des opportunités territoriales offertes par cet équipement. En effet qu’il s’agisse de production de chaleur, de desserte routière et numérique, de formation, d’éducation, nombreuses sont les opportunités en matière de développement économique et de développement touristique.
Les sols, une qualité à prendre en compte
De plus en plus, la question de l’artificialisation des sols est prise en compte dans l’aménagement du territoire. Le Plan national pour la Biodiversité de 2018 a mis en avant un objectif de "Zéro Artificialisation Nette", et dans la foulée un observatoire de l’artificialisation a été mis en ligne en juillet 2019 par le Cerema, l’IGN et Irstea.
En 2016 et 2017, la tendance en matière de consommation d’espaces naturels et agricoles est repartie à la hausse au niveau national (+23.295 hectares artificialisés en 2017). Les autorités ont donc engagé une dynamique autour de l’objectif de Zéro Artificialisation Nette.
Un des enjeux est aujourd’hui de mieux prendre en compte les espaces urbains tels que les parcs, les jardins collectifs, les zones humides préservées, dans le calcul de l’artificialisation des sols.
Un groupe de travail pluridisciplinaire a été mis en place par le Cerema et la DGALN, pour définir l’artificialisation en intégrant les différents enjeux liés à la préservation de la ressource sol en lien avec les fonctions qu'elle remplit. Cette définition intégrera des critères qualitatifs pour les mètres carrés artificialisés, ce qui fait entrer en jeu la notion de qualité des sols.
Elle doit permettre un suivi de l’artificialisation au niveau national, la déclinaison des objectifs de zéro artificialisation nette dans les documents d’urbanisme et d’aménagement, et faciliter la mesure de l’artificialisation, notamment dans les espaces urbains.
Différents leviers existent pour répondre à l’objectif de Zéro Artificialisation Nette, à travers une réflexion sur les formes urbaines et la présence la nature en ville.
Renaturer les sols en ville et intégrer la qualité des sols dans l'aménagement
Un des leviers pour limiter l'artificialisation est de renaturer les sols urbains, de les désimperméabiliser pour favoriser l'absorption de l'eau de pluie, la biodiversité, réduire le phénomène d'ilots de chaleur, ou encore améliorer le cadre de vie notamment.
Le Cerema a publié des guides méthodologiques sur les démarches permettant de favoriser la nature en ville, dont une BD "les superpouvoirs des sols" parue à la suite d'une journée technique sur la renaturation des sols au cours de laquelle de nombreux exemples de démarches de désimperméabilisation et renaturation des sols ont été présentés.
Cette BD présente de façon synthétique la démarche de préservation des sols dans l'aménagement qui prend en compte leur qualité, leur fonctionnement et les services qu'ils rendent à partir d'un diagnostic des sols (perméabilité, pollution éventuelle, aspects géotechniques, fertilité...).
Des solutions peuvent être déployées à toutes les échelles, de la ville au bâtiment, dont beaucoup sont simples à mettre en oeuvre. Il est aussi possible d'améliorer la qualité d'un sol ou de fabriquer des sols artificiels basés sur la structure des sols naturels.
Un guide synthétique a été publié sur les points de vigilance en matière de qualité et usages des sols urbains. Basé sur des retours d'expérience, il revient sur les questions de pollution des sols urbains et péri-urbains, sur la caractérisation de la qualité chimique et des pollutions potentielles, sur la gestion des sols contaminés dans une optique d'utilisation publique...
Guide : points d'attention sols urbains
Le projet de recherche MUSE, qui est en cours, a permis de développer une méthodologie pour intégrer la multifonctionnalité des sols dans les documents d'urbanisme. Un état des lieux des pratiques des collectivités a d'abord été réalisé, afin d'identifier les différents aspects des démarches et de quelle manière la qualité des sols est prise en compte dans les documents d'urbanisme.
Au niveau de l'aire urbaine du Grand Paris, le Cerema travaille pour la direction régionale et interdépartementale de l'Équipement et de l'Aménagement (DRIEA) sur une méthodologie afin d'identifier le potentiel de renaturation des sols.
L'objectif est d'abord d'identifier, quantifier et hiérarchiser sur le territoire les espaces à renaturer, puis de tester une démarche opérationnelle en proposant des outils et des solutions (juridiques, techniques, financières) de renaturation. La mission du Cerema consiste notamment à:
- apporter des éléments de connaissance et d’observation territoriale au travers d’un
diagnostic, - faire un état des lieux des espaces fonctionnels à préserver et qualifier le potentiel de
renaturation existant au sein de la zone dense francilienne en fonction des enjeux rencontrés par les territoires, - identifier des leviers d’action mobilisables par des collectivités pour engager des actions de renaturation et préserver des espaces de nature en ville,
- proposer une méthodologie simple avec des données facilement exploitables,
- tester la pertinence d’une méthode et des leviers d’actions proposés avec une collectivité dans le cadre d’une démarche partenariale et expérimentale.
Favoriser l'agriculture urbaine
A partir de projets d'ECoQuartiers dans lesquels des espaces dédiés à différentes formes d'agriculture urbaine ont été mise en oeuvre, le Cerema a conçu cinq vidéos pédagogiques et une série de fiches.
Les projets de jardins partagés, de micro-fermes urbaines, de fermes péri-urbaines se multiplient, souvent en impliquant les habitants et un réseau de partenaires locaux.
Une plateforme est en ligne dans le cadre de la démarche EcoCité du ministère de la Transition écologique et du ministère de la Cohésion des Territoires , qui vise à mettre en avant des démarches d'aménagement de grands agglomérations intégrant l'ensemble des politiques du développement durable.
Le Cerema capitalise les différentes expérimentations et propose une démarche pour mettre en oeuvre des projets d'agriculture urbaine, qui permettent à la fois une complémentarité avec le contexte de la production et de la distribution alimentaires locales, et de s'inscrire dans le projet urbain du territoire.
Réactivation de fermes dans le cadre d’un projet urbain, création de parc urbain intégrant du maraîchage, mise en place d’une ferme urbaine éphémère ou d’une pépinière en milieu urbain : ces projets posent la question de l’évolution des pratiques agricoles et celle de l’inscription du projet dans la durée.
[1] Le modèle HIPPO(c) synthétise les pressions qui pèsent sur la biodiversité se décompose ainsi : H (habitats) la destruction ou la dégradation des écosystèmes semi-naturels; I (invasives) la propagation d’espèces nuisibles à la biodiversité; P (pollutions) les pollutions; P (population) l’impact direct de la population; O (surconsommation) la surexploitation des ressources naturelles; C (changement climatique) les impacts directs du changement climatique ou des adaptations au changement climatique.
Dans le dossier Nature en Ville : développer les solutions fondées sur la nature dans le milieu urbain