Cet article fait partie du dossier : Nature en Ville : développer les solutions fondées sur la nature dans le milieu urbain
Voir les 53 actualités liées à ce dossierUn nouvel exemple d'aménagement d'un jardin de pluie, avec l'exemple de la requalification et du réaménagement d'une place en zone urbaine à Saint-Martin-d'Hères à Grenoble, de manière à répondre à l'enjeu fort de l'infiltration de l'eau de pluie. Il peut s'agir de noues ou de fossés végétalisés, de bassins en eau ou encore de bassins secs.
Cet exemple est issue de l'ouvrage "Jardins de pluie":
Les clés de la réussite d'un jardin de pluie
La création d'un jardin de pluie, outre ses aspects paysagers, permet de gérer l'eau pluviale de manière à favoriser son infiltration au plus près de là où elle tombe, évitant ainsi des pollutions et les rejets vers le réseau d'assainissement collectif. Par ailleurs, ils sont un élément de la trame verte et bleue en ville, favorisant la biodiversité.
La mise en oeuvre d'un jardin de pluie à la fois fonctionnel et agréable dépend de l'attention portée en amont du projet à plusieurs points permettant sa définition:
- Assurer un portage par le maître d'ouvrage sur toute la durée du projet,
- Intégrer la multifonctionnalité de l'aménagement dans le cahier des charges,
- Réaliser un diagnostic paysager intégrant les dimensions environnementales et sociales pour construire le projet,
- Intégrer l'enjeu de gestion des eaux pluviales et comprendre quel est le parcours de l'eau sur le site,
- Rassembler une équipe multidisciplinaire: hydraulicien, architecte, urbaniste, paysagiste, écologue),
- Dialoguer avec les futurs utilisateurs et gestionnaires pour définir les grandes lignes du projet,
- Anticiper la gestion future.
Lors de la réalisation de l'aménagement, le Cerema recommande de pouvoir adapter le projet et expérimenter si besoin. Le fait que l'aménagement s'inscrive dans une démarche plus globale du territoire, comme le développement de la trame verte et bleue, est aussi un élément de réussite des projets. Il est important d'effectuer un suivi et une évaluation lors de l'utilisation de l'aménagement, tout en maintenant un échange pédagogique avec les habitants et utilisateurs.
La place Lucie Aubrac : Des îlots végétalisés pour récupérer l'eau et permettre son infiltration
La place Lucie Aubrac est située en centre urbain, elle jouxte l'arrêt d'une ligne de tram et se situe dans une zone où des opérations de construction de logements collectifs et d'équipements étaient en cours. A l'occasion de l'arrivée du tramway en 2007, cette place de 8.000 m², vaste mais traversée d'infrastructures de transport dont un carrefour routier, a été requalifiée. Un concours a été lancé pour imaginer l'aménagement de la place.
Dès la conception du projet par le maître d'oeuvre In Situ / Paysages et Urbanisme et Korell, le nouvel aménagement de la place avait pour objectif de gérer sur place les eaux pluviales des espaces piétons. La contrainte était la forte fréquentation de cette place (logements, collège, maison du handicap, commerces, gymnase notamment se trouvent à proximité), aux usages et usagers variés.
La réalisation d'un bassin unique a donc été abandonnée car trop consommatrice d'espace, au profit de plusieurs îlots de végétation permettant l'infiltration de l'eau de pluie.
Plusieurs points de collecte ont été disséminés sur les différentes parties de la place et l'eau est acheminée vers ces îlots de tailles diverses, qui donnent un aspect très végétal à la place et offrent des sous-espaces propices aux différents usages.
Le projet a homogénéisé les différentes parties de la place à travers la végétalisation, avec notamment un massif végétal linéaire qui délimite le périmètre et un revêtement commun aux espaces piétons.
Un fonctionnement hydraulique simple
Les jardins de pluie collectent les eaux de ruissellement de la place ainsi que des pistes cyclables. Il a été envisagé de placer un sol très perméable mais à ce moment il y avait encore peu de retours d'expérience sur ces dispositifs notamment en termes d'usure des matériaux et de colmatage, et la solution n'a pas été retenue.
C'est un sable stabilisé renforcé et drainant qui a été finalement utilisé pour faciliter l'infiltration de l'eau et permet que le sol reste agréable même après une pluie.
En cas de très forte pluie, les îles végétales gèrent le ruissellement de l'eau pluviale non drainée par le sol. Tous les îlots n'ont pas le fonctionnement d'un jardin de pluie favorisant fortement l'infiltration, et certains restent secs. C'est le cas notamment de deux îlots qui traitent l'eau des toitures du collège et du gymnase.
Au coeur des îles végétales se trouve un puits perdu en galets qui capte l'eau vers un bassin enterré, mais en raison de la fréquentation de la place les capacités de stockage de l'eau pluviale sont essentiellement constituées de buses en béton enterrées.
La végétation est choisie pour sa capacité à supporter les alternances de périodes humides et sèches. Autour des îles, de petites clôtures vivantes de saules tressés empêchent le piétinement.
Cet aménagement contribue à l'ambiance de quartier et favorise les multiples usages, tout en contribuant à réduire le phénomène d'îlot de chaleur urbain.
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