Cet article fait partie du dossier : Nature en Ville : développer les solutions fondées sur la nature dans le milieu urbain
Voir les 45 actualités liées à ce dossierLe projet se déroule actuellement sur deux territoires, la vallée du Léguer dans les Côtes d’Armor, et le bassin versant de l’Estéron en Provence-Alpes-Côte d'Azur, après une première expérimentation en Corse du Sud. Un quatrième territoire rejoindra le programme en 2021, le bassin versant du Nant Benin en Savoie.
Pour les habitants, quelle est la valeur d’un écosystème préservé ?
L’objectif est d’évaluer les services écosystémiques rendus par la nature aux acteurs du territoire, c’est-à-dire l’impact des solutions fondées sur la nature, et de déterminer une valeur monétaire pour ces services. Ce processus permet d’objectiver les bénéfices des actions mises en œuvre depuis des années pour améliorer la qualité de l’écosystème.
Ce projet de recherche a démarré en janvier 2019, pour trois ans. Il est mené en partenariat avec l’Ecole centrale Supelec, le label Rivières Sauvages, European Network et est co-financé par l’Office Français de la Biodiversité.
Les travaux comportent plusieurs volets :
- Caractériser les interfaces entre l’écosystème et son territoire d’inscription, en termes de services socio-économiques rendus aux acteurs du territoire,
- Identifier les interdépendances, les synergies, les conflits, entre services écosystémiques,
- Evaluer de manière qualitative (ressentis, historicité…) et quantitative des services écosystémiques sur les trois bassins versants,
- Proposer et tester des méthodes permettant de monétariser les services écosystémiques,
- Définir des argumentaires en termes de services écosystémiques visant à la préservation des rivières sauvages.
Plusieurs approches sont combinées pour attribuer une valeur monétaire aux services écosystémiques : l’estimation des coûts observables, notamment en comparant le coût d’un service fourni par un écosystème dégradé ou restauré, l’évaluation à partir des comportements vis-à-vis de services marchands liés aux écosystèmes, et l’enquête auprès des habitants pour recueillir leurs préférences face à différents scénarios.
Mieux intégrer les solutions fondées sur la nature dans l’aménagement
Une première étape de la démarche a consisté à définir, au niveau de chaque territoire et de manière collaborative, quels sont les différents impacts des services écosystémiques sur le territoire. Ce travail permet de mieux comprendre la dynamique des relations d’interdépendance entre l’écosystème et les acteurs qui en bénéficient, afin d’améliorer les modalités d’une gestion durable adaptée.
Par exemple, dans la vallée du Léguer dans les Côtes d'Armor, le comité de pilotage a rapidement mis en avant une série de services écosystémiques apportés par le Léguer : ressource en eau potable, identité du territoire et sentiment d’appartenance des habitants, interconnexion avec le littoral, développement des activités de pleine nature, la présence de forêt et du bocage… Chacun de ces services écosystémiques a ensuite été évalué qualitativement et quantitativement, par exemple sur la séquestration du carbone, et cartographié.
Il est ainsi possible de déterminer les économies réalisées en termes d’assainissement de l’eau potable, grâce à la restauration du cours d’eau et l’amélioration de la qualité de l’eau, ou l’exploitabilité des forêts, les quantités de carbone stockées...
Dans un deuxième temps, un questionnaire est adressé aux habitants pour qu’ils évaluent l’importance des services écosystémiques rendus par le cours d’eau et son environnement.
Le questionnaire concernant la Vallée du Léguer vient d’être diffusé. Il permettra d’évaluer l’attachement de la population à la vallée du Léguer, et de quantifier de manière subjective l’apport économique de la rivière. Les questions portent sur les sentiments liés au territoire, la fragilité du milieu naturel et l‘importance de sa préservation, mais aussi sur les loisirs qui y sont pratiqués. Il propose des scénarios d’actions à mener, de différentes ampleurs et en attribuant un effort monétaire à fournir suivant les scénarios.
En effet, ce cours d’eau a été progressivement restauré (des loutres sont désormais présentes sur l’ensemble du bassin versant), et le territoire, situé très près du littoral, attire de plus en plus de visiteurs.
Ces expérimentations permettent au Cerema d’affiner la méthodologie qu’il a conçue lors d’un premier projet mené en Corse dans le bassin versant du Taravo, autour de l’évaluation des services écosystémiques et de leurs relations avec les habitants. Une évaluation économique du consentement à payer de la population pour une rivière en très bon état écologique a pu être réalisée.
A la fin du projet, des séminaires de restitution seront organisés pour chaque bassin versant, afin de partager les résultats et les enseignements avec les acteurs locaux. Ces expériences seront également capitalisées par le Cerema.
Un séminaire national regroupant tous les acteurs de l’étude, les élus et les institutions (agences de l’eau, ONG, associations …) sous l’égide de l’Office français de la biodiversité est prévu à l’automne 2021.
L’objectif à travers ces démarches est de favoriser la prise en compte des solutions fondées sur la nature dans l’aménagement du territoire.
En savoir plus :
La presse locale en Bretagne a évoqué la démarche, et le questionnaire destiné aux habitants:
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