Cet article fait partie du dossier : Nature en Ville : développer les solutions fondées sur la nature dans le milieu urbain
Voir les 53 actualités liées à ce dossierPendant longtemps, les zones humides ont été considérées comme des freins au développement de l'habitat et de l'activité, et beaucoup d'entre elles ont été asséchées: au XXe siècle, près des 2/3 des milieux humides métropolitains ont disparu.
Un virage est survenu dans les années 70, quand les politiques publiques ont voulu freiner la disparition des zones humides.
En février 2019, un rapport parlementaire, "Terres d'eau, terres d'avenir", a formulé des recommandations pour préserver et restaurer ces espaces, et aussi pour sensibiliser le public. Face à l'urgence de s'adapter au changement climatique, il est évident que les zones humides ont un rôle important à jouer dans les territoires.
Préserver, restaurer, créer ou développer une zone humide
Aujourd’hui, tout projet concerné par des milieux humides préexistants doit répondre au principe suivant : d’abord éviter un impact, puis le réduire ou enfin le compenser.
Afin d'intégrer les milieux humides dans l'aménagement urbain, le Cerema présente une démarche pour mettre en oeuvre les trois principes "préserver, restaurer, créer ou développer":
Quelle approche pour valoriser une zone humide?
Améliorer le cadre de vie
Intégrée dans un projet d'aménagement, la zone humide peut être un espace de découverte et de sensibilisation, d'activités ou de loisirs. Elle peut contribuer à organiser et structurer l'espace du quartier.
Préserver la biodiversité
Les milieux humides abritent des espèces animales dont certaines sont protégées, et végétales. Ces fonctions peuvent être développées par exemple avec une roselière et renforcer la trame verte et bleue.
Gestion des eaux pluviales
La présence de zones humides contribue à la gestion intégrée des eaux pluviales, ce qui contribue à réduire le risque d'inondation. L'objectif est de favoriser la circulation de l'eau en surface puis son infiltration.
Quelle méthode pour intégrer les milieux humides?
La spécificité des milieux humides implique de porter une attention particulière à la biodiversité.
Il faut donc viser une approche écologique tout en conciliant celle-ci avec les autres fonctions recherchées telles que l’identité paysagère, les loisirs...
Pour y parvenir, il est nécessaire d'anticiper et d’intégrer cette réflexion tout au long du processus du
projet, depuis les études préalables jusqu’au suivi du projet:
1. La gouvernance
Il est essentiel d'avoir une maîtrise d’ouvrage ambitieuse, forte et adaptable, impliquée du début à la fin du projet.
Les différents services de la collectivité doivent être impliqués dès le début de la démarche, à travers une équipe-projet pluridisciplinaire et qualifiée en termes d’écologie, de paysage et d’urbanisme, capable d'interagir avec les gestionnaires.
2. L'état des lieux
Un projet d’aménagement doit minimiser son empreinte sur le fonctionnement naturel du site ou améliorer ses services écosystémiques et à plus grande échelle ceux du territoire. L’état des lieux permet d’en établir les enjeux majeurs : espèces menacées, site Natura 2000, continuités hydrauliques, paysagère et écologique...
3. La programmation
Elle permet de mettre en place les grands principes du projet en tenant compte des prescriptions inscrites dans les différents documents de planification : SCOT, PLU, SRCE, SDAGE, etc.
Il faut s'assurer que les milieux humides donnent lieu à des orientations d’aménagement spécifiques. Celles-ci doivent être suffisamment concrètes pour garantir leur présence effective au sein du projet : valorisation des milieux existants ou création de nouveaux milieux.
4. La conception
La phase de conception permet de traduire les orientations du projet en aménagements urbanistiques, paysagers et architecturaux. Elle comprend la définition des plans, des cahiers des charges et spécifications des aménagements et ouvrages.
Il s’agit tout à la fois d’aménager des espaces dédiés aux milieux humides et de garantir la possibilité d’interactions écologiques entre espaces isolés. Les spécifications doivent traduire le fonctionnement en réseau de ces milieux.
5. Le chantier et la préservation des milieux humides existants
S'agissant des milieux humides existants, une attention particulière doit être portée à la fragilité des sols.
Par ailleurs, pour protéger la faune et la flore des nuisances liées aux travaux, il est souhaitable que le chantier se déroule hors période de nidification ou de migration pré-nuptiale (amphibiens).
6. La gestion et le suivi
Un plan de gestion des milieux naturels est nécessaire, afin de préserver la diversité des habitats, de concilier les usages, de préserver l'aspect paysager et de permettre l'évolution des milieux.
En savoir plus
Cet article est extrait de la fiche pratique n°2 du Cerema, issue de la collection Nature en Ville, disponible via le lien ci-contre.
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