Cet article fait partie du dossier : Ecoles de demain : toutes les actualités du Cerema
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Pour répondre à ces enjeux, le Cerema et la ville de Marseille ont collaboré (2022-2024) pour outiller les stratégies de déploiement de projets de pacification des abords des écoles, à la fois à l’échelle de l’ensemble de la ville et à celle du projet de pacification. L’enjeu de ces projets est de stimuler la pratique des mobilités actives, d’améliorer la qualité de vie des enfants se rendant à l’école et des habitants du quartier.
Le Cerema a contribué financièrement à la réalisation de ces travaux en mobilisant des budgets alloués par l’Etat dans le cadre de l’astreinte qualité de l’air.
Les abords d'écoles, laboratoire d'une autre approche de la ville
Dans un territoire communal, les voiries des abords des écoles peuvent focaliser de nombreux enjeux de politiques publiques : développer une ville plus apaisée et sécure, promouvoir une transition des mobilités vers la décarbonation et pour l’amélioration de la qualité de l’air, adapter l’aménagement aux changements climatiques, encourager le lien au sein des quartiers... Au centre de l’acculturation des enfants aux mobilités actives dès leur plus jeune âge, les rues des écoles peuvent donc servir de "support projet" pertinent pour requestionner et faire évoluer le regard des ménages sur le rôle de la voiture dans le fonctionnement urbain de la ville.
Les projets de pacification des abords des écoles nécessitent à la fois une approche stratégique (sur leurs cibles "usagers", sur leur relation avec les autres politiques de mobilité et d’espaces publics, sur leur intérêt tactique pour la régulation des usages …), mais aussi pluridisciplinaire dans leur philosophie de conception.
Ce sont aussi des projets aux contraintes locales particulières (configuration et rôle des rues dans le plan de circulation, contraintes d’accès à maintenir, de gestion d’un dispositif à prévoir…), et dont l’acceptabilité par les différents types d’usagers de la rue exige nécessairement de la méthode.
Ce partenariat a abouti à la production de trois livrables complémentaires :
L’étude s’appuie donc sur les enjeux et l’ambition de la ville de Marseille sur son territoire, ainsi que sur la capitalisation des nombreux exemples et retours d’expériences d’autres collectivités locales, principalement françaises.
Rapport d’étude : une aide méthodologique au montage d’un projet de pacification
Réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la ville de Marseille pour l’aider à monter des premiers projets, ce rapport d’étude propose des ressources méthodologiques pour aider les collectivités, de toutes tailles, à faire émerger et à mettre en œuvre des projets de pacification des abords des écoles, à l’échelle soit d’un projet individuel, soit d’une approche plus programmatique et pluriannuelle sur un ensemble d’écoles.
Il apporte une aide aux collectivités pour monter des projets, avec une ambition stratégique sur l’évolution de la voirie, prenant appui sur des projets incontestables et fédérateurs comme la sécurisation des déplacements des enfants.
Le premier volet du rapport d’étude a pour objectif de sensibiliser à la grande diversité des enjeux de la pacification des abords des écoles, et de mettre en exergue l’ensemble des bénéfices pouvant être attendus de projets de ce type dans les politiques publiques d’un territoire.
La co-construction d’un argumentaire commun associant les parties prenantes du projet peut être un élément facilitateur de l’appropriation de ces démarches nouvelles au cœur des villes. Plus largement, partager l’intérêt commun de ce type de projets doit aussi contribuer à leur meilleure acceptation par les usagers du quartier et de la ville moins directement concernés, mais qui seront aussi in fine impactés par le projet dans leur quotidien.
Le second volet du rapport d’étude a pour objectifs d’outiller les porteurs de projet dans le cadrage du montage du projet, en tenant compte de ses différentes dimensions et champs de contraintes, étape préalable indispensable avant de lancer une étude pour la définition précise du projet.
Les principaux éléments de diagnostic sont précisés, pour caractériser dès le cadrage du projet les attentes possibles pour sa conception. Les différents périmètres à prendre en compte dans le projet sont pré-définis, pour pouvoir articuler l’aménagement des abords de l’école avec le périmètre de réflexion plus large nécessaire à avoir pour la qualité d’usage de la mobilité quotidienne liée à l’école.
L’analyse du contexte et des contraintes particulières de la rue de l’école doit ensuite permettre de choisir un scénario de projet à la fois faisable (compatible avec les contraintes de la rue) et pertinent (intéressant en termes de stratégie à l’échelle plus large de la ville et potentiellement évolutif quant à son ambition à terme : fermeture de la rue temporaire, évènementielle ou pérenne, ou bien simple sécurisation sans interdiction de circulation automobile). Ces "scénarios-types" proposent des éléments pertinents de "pré-programme" pour chaque type de pacification, qui sont ensuite déclinés et affinés dans une "boite à outils". Celle-ci vise à "cartographier" les différentes actions ou types d’aménagements pouvant alimenter le projet, inspirer les maitrises d’ouvrages et maitrises d’œuvre pour la définition du programme détaillé du projet. A l’issue de cette étape, l’étude détaillée de l’aménagement peut être lancée, souvent avec l’aide d’une maitrise d’œuvre.
Le troisième volet de l’étude propose, pour faciliter le pilotage et le suivi de ces projets, de mettre en place les principes "du management visuel*", pour permettre aux porteurs de projet de visualiser un tableau de bord de suivi de l’avancement du projet, comportant une pré-définition des ressources partagées à constituer, des attentes et des jalons pour chaque étape du projet, et la structuration de la stratégie de communication. En effet, à l’instar de tout projet d’aménagement en milieu urbain, les projets de pacification des abords des écoles nécessitent l’implication de plusieurs services de la ville, une concertation avec les usagers et d’autres parties prenantes à la décision. Ils peuvent mobiliser plusieurs sources de financement, doivent respecter des procédures administratives et financières, prendre en compte les temporalités scolaires. Leur portage nécessite donc une démarche méthodique et un suivi structuré, qu’il convient de pouvoir être régulièrement partagé facilement par le pilote du projet avec les autres parties prenantes.
* Définition du management visuel (Cadremploi) : " basé sur un concept anglo-saxon, le management visuel s’appuie sur la perception visuelle des informations. Il s’inspire notamment du lean management, une méthode d’organisation du travail et de gestion de la production qui cherche à limiter le gaspillage pour plus d’efficacité et de performance. Le management visuel vise à rendre l’information concrète, lisible, compréhensible et mémorisable. Tous les membres de l’équipe ont ainsi accès au même niveau d’information. Son objectif : faciliter la prise de décision.".
Le rapport d'étude sur CeremaDoc :
Pour la version excel de l’outil de management visuel, contacter :
Carnet d’inspiration : trois scénarios illustrés de pacification
Ce rapport d’étude est accompagné par un carnet illustré de scénario de pacification des abords de trois écoles, implantées dans des configurations urbaines fréquemment rencontrées.
Ces propositions de scénarios illustrés visent à inspirer les porteurs de ces projets comme les futurs usagers, afin d’encourager l’émergence de projets ambitieux répondant aux nombreux enjeux du réaménagement des abords d’école (sécurité routière, mobilité active, activité physique, sociabilisation, gestion des eaux pluviales, amélioration du confort d’été, …). Ces scénarios d’aménagement, dont les composantes doivent être adaptées aux spécificités des contextes locaux, ont ainsi l’ambition de contribuer à l’adhésion et l’acculturation des parties prenantes (élus, services, parents, habitants…), et d’alimenter le dialogue entre MOA et MOA autour du pré-programme des projets de pacification.
Après la sélection de trois cas représentatifs et l’orientation vers des scénarios déterminés, les scénarios de pacification ont été précisés dans le cadre d’un atelier de prototypage collaboratif (plans, maquettes, orientations pré-programmatiques) ayant réuni les équipes du Cerema avec plus une vingtaine d’experts de la ville intéressés par le sujet : agences d’urbanisme, CAUE, CPIE, bureaux d’étude paysage – VRD – sociologie urbaine, …
Ces éléments ont ensuite été retravaillés par le Cerema, puis traduits graphiquement par le bureau d’étude TOPO*GRAFIK paysagistes, également impliqué dans l’atelier et la relecture du rapport d’étude.
Le carnet est sur CeremaDoc en version PDF :
Webcartographie et tableau de bord : un outil interactif d’aide à la décision pour prioriser les projets à l’échelle de la ville
En parallèle de cette aide méthodologique au projet de pacification, et du carnet de scénarios d’aménagement, un outil interactif d’aide à la décision a été réalisé pour soutenir la priorisation des projets de pacification à l’échelle de la ville de Marseille.
En effet, au-delà de l’accompagnement méthodologique à un projet de pacification (rapport d’étude), les villes doivent penser une stratégie territoriale de pacification des abords des écoles, susceptible de se traduire dans l’élaboration d’une programmation pluriannuelle d’intervention aux abords des écoles. En améliorant la lisibilité du contexte des écoles et en affichant au sein d’une même fiche certaines caractéristiques des écoles et de leurs configurations territoriales, cet outil vise à faciliter la discussion entre services techniques et avec les élus (voire avec la société civile), afin de soutenir l’élaboration d’une stratégie de priorisation des projets de pacifications aux abords des écoles.
L'outil s’appuie sur la collecte et l’analyse de chacune des écoles (via un tableau dynamique multicritères) pour proposer une webcartographie dynamique à l’échelle de la ville, accompagnée par un tableau de bord interactif permettant de filtrer les écoles selon différents indicateurs :
- la criticité de la situation présente (indicateur de criticité),
- la faisabilité d'une pacification de la rue de l'école - comprise au sens d'une fermeture de la rue à la circulation motorisée (indicateur de faisabilité)
- et l'opportunité stratégique d'un projet au abords de l'école, au regard des autres projets ou politiques publiques portées par les collectivités (indicateur d'opportunité).
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