Évaluation des services de covoiturage : retour sur l’appel à partenariat innovation du Cerema
Cet article fait partie du dossier : Covoiturage : le dossier du Cerema
Voir les 33 actualités liées à ce dossierDans un premier temps, le Cerema a construit une méthode d’évaluation des services de covoiturage adaptée aux différentes formes de covoiturage et aux différents territoires.
Cette méthode se décompose en - volets :
- la compréhension du territoire,
- le service offert,
- l’animation,
- les infrastructures,
- l’usage passagers
- l’analyse des coûts.
Pour chacun des volets, le Cerema a déterminé une liste d’indicateurs (173 au total) et pour chaque indicateur, une méthode de recueil et un type de rendu (tableau, carte, graphique, etc.). C’est cette méthodologie qui a pu être testée sur les services de covoiturage mis en place par le SMAGG et Tisseo Collectivités. La liste des indicateurs est disponible sur demande.
Evaluation de deux services de covoiturage pour le SMMAG
Dans le cadre de l’accompagnement du Syndicat Mixte des Mobilités de l’Aire Grenobloise (SMMAG), le Cerema a évalué deux services :
Le service Tag&Car :
Opéré par le gestionnaire du réseau de transport urbain Semitag devenu ensuite M Tag. Il s’agissait de l’expérimentation d’une ligne de covoiturage sur le corridor Vizille - Eybens sur un itinéraire de 12km, en complément d’une ligne de bus existante Flexo (ligne à la demande en heure creuses).
Le service était basé sur la mise en relation des covoitureurs via l’application mobile Tag&Car.
Les conducteurs bénéficiaient d’incitations financières : 0,10 €/km + 0,10 €/km par passager transporté. Pour les passagers, la tarification au trajet était identique à celle du réseau de transport urbain.
L’évaluation du Cerema a permis de mettre en lumière plusieurs faiblesses du dispositif et en particulier :
- un dispositif de recrutement des conducteurs efficace grâce aux réseaux sociaux et des rétributions attractives
- une offre de dessertes parfois inadaptée aux déplacements effectivement réalisés avec des automobilistes dont le point de départ ou d’arrivée est éloigné de la ligne de covoiturage
- un manque de flexibilité pour les covoitureurs avec des contraintes liées à l’utilisation d’une ligne (points de prise en charge et dépose fixe) et d’une application (planification du trajet à l’avance).
Le service d’autostop organisé par Rezo Pouce
Déployé dans le grand sud de Grenoble Alpes Métropole, le service Rezo Pouce est expérimenté par le SMTC (devenu SMAGG en janvier 2021) sur 5 corridors depuis 2017 avec initialement 57 points d’arrêt implantés dans 9 communes dans le but de sécuriser la pratique de l’autostop dans les territoires ruraux et périurbains.
La mise en relation entre les conducteurs et passagers se fait au niveau des points d’arrêt. Les usagers sont invités à s’inscrire en mairie ou en ligne pour recevoir un kit avec une carte membre, des conseils sur la pratique de l’autostop, une fiche destination et un autocollant à poser sur le pare-brise.
Le dispositif ne prévoit pas d’échanges financiers entre les conducteurs et les passagers. L’évaluation réalisée par le Cerema a permis de dégager des pistes d’amélioration du service, telles que la valorisation de la pratique de l’autostop avec des mesures incitatives ou encore, un dispositif d’animation en continu.
Evaluation de deux services pour Tisseo
Dans le cadre de l’accompagnement de Tisseo Collectivité, le Cerema a évalué :
La plateforme de mise en relation Covoitéo
Il s’agissait de la plateforme institutionnelle de l’AOM proposée systématiquement aux employeurs de l’agglomération toulousaine comme solution de mise en relation pour le covoiturage domicile-travail. C'était un service gratuit destiné aux salariés des entreprises ayant conventionné avec Tisséo mais aussi à tout utilisateur s’inscrivant sur la plateforme.
Le Cerema a analysé les usages de la plateforme entre 2004 et 2019 afin d’identifier les facteurs expliquant l’évolution de la pratique sur cette période. Ces analyses ont permis d’identifier les raisons de la baisse du nombre de trajets sur la plateforme avec :
- l’arrivée d’opérateurs privés sur le territoire,
- le développement de lignes de TC,
- une diminution du volume d’animation réalisée, et bien sûr le Covid à partir de 2019.
Les différents points d’arrêts de covoiturage sur le ressort territorial :
Une enquête légère sur certains spots de covoiturage a permis de mettre en évidence un usage des spots de covoiturage pour d’autres motifs de déplacement que le domicile-travail, notamment le domicile-école et l’importance du cheminement piéton entre les centre-bourgs et les spots de covoiturage pour favoriser la pratique du covoiturage.
Les trajets de covoiturage
Les trajets en covoiturage effectués sur le ressort territorial (RT) de Tisséo remontés sur la plateforme du Registre de Preuve de Covoiturage (RPC). A partir des données d’usage du covoiturage de janvier 2019 – à août 2021, les analyses du Cerema ont permis d’identifier les points suivants :
-
Le covoiturage résiste plutôt mal à la pandémie de Covid-19, avec un net recul au plus fort de la crise (-96% de trajets en moins), et ce, malgré une relative résistance pour certaines origines destinations.
- Le ressort territorial de Tisséo plus grand contributeur au RPC parmi les ressorts territoriaux de plus d’1 million d’habitants, après Ile-de-France Mobilités.
- Une forte évolution des pratiques de covoiturage par rapport à l’avant-crise en particulier pour :
- La localisation géographique des trajets : à partir du 1er confinement, les trajets sur le ressort territorial de Tisséo sont majoritairement en rabattement/diffusion et relient une commune hors du RT à une commune dans le RT. Cette tendance se poursuit par la suite.
- Les horaires des trajets : Les trajets en heures creuses (hors 7h – 9h et 17h – 19h) sont majoritaires jusqu’en janvier 2021 puis deviennent minoritaires à partir de cette date.(iii) le temps moyen des trajets : Cette double action de trajets en théorie plus longs que les trajets dans le ressort territorial, sur des plages horaires en théorie congestionnées (heures de pointe) a pour effet d’allonger le temps moyen des trajets en covoiturage. Il est passé de 28 minutes en période normale à 34 minutes à la mi-2021.
L’évaluation réalisée par le Cerema a permis de dégager des pistes d’amélioration du service, autour de trois points : Renforcer les piliers du covoiturage pour Covoitéo (rassurer les usagers, développer des outils accessibles à tous et mettre en place des incitatifs financiers et non financiers) cibler les publics selon leur localisation en mettant en place des coopérations entre AOM et développer une stratégie covoiturage efficace sur les nuisances (congestion, pollution…).
Cet appel à partenariat a permis au Cerema de disposer d’une meilleure connaissance des services de covoiturage et de leurs domaines de pertinence et de mettre en œuvre une nouvelle méthodologie d’évaluation des services qui peut être répliquée et adaptée à tout type de service de covoiturage et tout type de territoire.
Dans le dossier Covoiturage : le dossier du Cerema