
Les inspections de sécurité routière par itinéraire s’appuient sur les principes suivants :
- faire appel à l’"œil neuf" d’un inspecteur sur un itinéraire routier qui lui est étranger,
- identifier les configurations accidentogènes les plus évidentes en assumant un recueil non exhaustif.
Le premier principe permet de détecter des défauts qui ne sont plus "vus" par les patrouilleurs qui ont l’habitude de leur réseau. Du second principe, résultent des inspections « légères », à la différence d’un diagnostic ou d’un audit qui peuvent demander beaucoup de temps et de moyens, tout en assurant une réelle efficacité de l’action.
Le relevé des "défauts" de l’infrastructure se fait en véhicule roulant dans le flot de circulation, sans s’arrêter.
Ces inspections permettent la mise en œuvre de contre-mesures souvent simples et peu coûteuses pour améliorer rapidement la sécurité d’un réseau routier étendu. Elles ont vocation à être répétées régulièrement sur un même réseau routier, permettant son amélioration progressive, et un échelonnement des moyens financiers.
Rendues obligatoires sur le réseau routier trans-européen par la directive européenne 2008/96/CE modifiée, transposée en droit français dans le code de la voirie routière, elles sont réalisées conformément au guide Cerema "Démarche ISRI - Inspections de Sécurité Routière des Itinéraires : Guide méthodologique", par un vivier d’inspecteurs qualifiés par une formation adéquate délivrée par l’État.
Sur les autres réseaux routiers, les gestionnaires peuvent avoir intérêt à mettre en place cette démarche d’inspections de sécurité routière avec une difficulté liée à l’absence à ce jour de méthode adaptée à leur réseau très étendu et hétérogène.
Au Conseil départemental de la Drôme, une volonté forte d’améliorer la sécurité du réseau routier
Depuis quelques années, le Conseil départemental de la Drôme s’engage pour remettre la sécurité de l’infrastructure routière au cœur des enjeux. Ainsi, il a souhaité que le Cerema l’accompagne pour intégrer, en l’adaptant, cette démarche d’inspection à sa politique de lutte contre l’insécurité routière.
En effet, si les inspections de sécurité sont légères et reposent sur des connaissances de base en sécurité routière, la démarche en elle-même implique un engagement fort des services dans la durée, en termes de moyens humains, d’organisation et de dialogue entre services. Il était donc important pour le Conseil départemental que le Cerema soit présent à ses côtés non seulement pour former les inspecteurs, mais aussi pour guider les services dans l’organisation, les outils, et les objectifs réalistes à mettre en place.
L’accompagnement du Cerema dans l’intégration de la démarche d’inspection de sécurité
Le Cerema a proposé au Conseil départemental de la Drôme un accompagnement adapté à son organisation et à son réseau routier étendu et diversifié. Au cours d’un atelier d’une demi-journée réunissant un panel de chefs des services impactés par la démarche des inspections de sécurité, le Cerema en a présenté en détail les principes, la méthode, les outils, et les étapes.
Cet atelier a permis aux participants de se familiariser avec la démarche, d’en comprendre les tenants et aboutissants, et de valider une organisation détaillée répondant à leurs objectifs et adaptée à leurs modes de fonctionnement et à leurs moyens.

Ainsi, à l’issue de ce premier atelier, les participants avaient défini le réseau routier cible à inspecter, la période de récurrence, la longueur des itinéraires, les conditions des inspections de sécurité (période de l’année, visites de jour/ de nuit, vitesse de circulation), les outils, le calendrier, et le service en charge de la mise en œuvre de la démarche. L’une des principales adaptations décidées à ce niveau avec l’aide du Cerema a consisté à ne retenir que les itinéraires du réseau routier représentant un enjeu en termes d’accidentalité ou de circulation. Ainsi, 1100 km de routes ont été identifiées sur la base du niveau de trafic et d’une étude de sécurité menée lors d’un précédent partenariat avec le Cerema. La longueur des itinéraires à inspecter a également fait l’objet d’une réflexion menant à la réduire afin de tenir compte des configurations accidentogènes plus nombreuses attendues sur ce réseau que sur le réseau trans-européen.
Une liste de 10 agents du Conseil départemental s’étant portés volontaires pour devenir inspecteurs de sécurité était également établie. Issus de services routiers du siège, ou de centres techniques départementaux, ces agents avaient tous un minimum de connaissances des thématiques associées à l’infrastructure routière.
La formation des inspecteurs de sécurité routière
Dans un second temps, le Cerema a organisé sur 2 jours l’apprentissage des inspecteurs de sécurité dans les locaux du Conseil départemental.
La première journée a permis de présenter la démarche et la méthode des inspections, l’organisation définie au premier atelier, et l’outil choisi pour faire les relevés. En particulier, le Cerema a proposé une acculturation avec un rappel aux sept critères de sécurité routière, en s’appuyant sur des exemples adaptés aux routes départementales.
Les outils
L’outil ISRI’Cam a été retenu par la collectivité. Cet outil développé par le Cerema permet de faire des relevés à la volée en roulant dans le flot de circulation. Il associe une image du défaut relevé à un commentaire audio et un positionnement GPS.


L’outil "Editeur de visite" également développé par le Cerema (et commun à l’outil SCOUT) permet d’exploiter les relevés et de les transcrire sous forme d’un tableau.

Un exercice pratique
La matinée du second jour de la formation proposait aux futurs inspecteurs de pratiquer l’exercice de relevé sur des itinéraires de différentes catégories définis lors du premier atelier. Ainsi, les stagiaires ont circulé dans 4 véhicules et ont occupé à tour de rôle le poste de conducteur ou d’opérateur. Ils ont pu se familiariser avec ISRI’Cam et apprendre à distinguer les éléments à relever ou non selon le profil de la route.

Ce dernier point a suscité des échanges permettant de définir un principe de référentiel adapté au type de route inspectée applicable au département de la Drôme. Ensuite, les stagiaires ont trié et mis en forme leurs relevés, avant d’en présenter quelques-uns des plus marquants à l’attention de leurs collègues et des chefs de services présents au premier atelier.

Cet exercice de retour d’expérience en présence de la hiérarchie a permis d’appuyer la démarche auprès des impliqués et de rassurer les gestionnaires routiers locaux qui auraient pu se sentir mis en cause par la démarche qui se conçoit comme une voie d’amélioration plutôt que comme un contrôle.
En fin de formation, les inspecteurs sont repartis avec un programme des inspections à mener pendant l’hiver et le printemps, établi par la mission sécurité routière du Conseil départemental.
Un bilan positif pour le Conseil départemental de la Drôme
Avec la prestation du Cerema, la collectivité est repartie avec :
- une grille d’organisation pour mettre en œuvre les inspections de sécurité des itinéraires,
- 10 agents qualifiés inspecteurs de sécurité des itinéraires,
- une mallette ISRI’Cam qu’il a acheté en sus au Cerema,
- des agents montés en compétence sur les sujets de l’infrastructure routière,
- et une nouvelle corde à son arc dans la lutte contre l’insécurité routière.
La collaboration entre le Cerema et le Conseil départemental a permis, à partir d’une méthode initialement prévue pour le réseau trans-européen, de déboucher sur une démarche adaptée aux particularités de son réseau routier, pragmatique et appropriée par les agents du département .
Le Cerema et le Conseil départemental de la Drôme ont prévu de se revoir pour faire le retour d’expérience des inspections de sécurité des itinéraires réalisés.