18 mars 2021
Réunion citoyenne pour un projet urbain à Paris. Gens en train d'étudier un projet autour d'une table, vue de haut
Manuel Bouquet - TERRA
Le Cerema, qui a développé plusieurs outils pour accompagner les démarches de transition et de résilience des territoires, contribue à un projet de recherche-action en Bourgogne-Franche-Comté pour expérimenter la coopération multi-acteurs et la participation citoyenne comme leviers de transformation de l'action publique.
Boussole de la participation du Cerema pour les stratégies de résilience
La boussole de la résilience du Cerema

Investi pour une résilience territoriale, le Cerema produit des connaissances, méthodologies et approches innovantes qu’il place au service des territoires, pour l’élaboration et la mise en œuvre de leurs stratégies et projets.

Depuis plusieurs années, le Cerema œuvre à la mise en pratique du concept de résilience auprès de territoires et de collectivités pionniers.

Dans cette optique, le Cerema travaille à une approche nouvelle de la résilience, à partir du lien social. Cette démarche est développée par plusieurs territoires de la région Bourgogne Franche-Comté (BFC) dans le cadre d’une recherche-action "BFC en transition" portée par la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) BFC et la Maison des Sciences et de l’Homme (MSH) de Dijon, à laquelle le Cerema est associé. 

Cette démarche vise à expérimenter et déployer la coopération multi-acteurs et la participation citoyenne comme leviers de transformation de l’action publique au service d’une transition sociale, démocratique et écologique. De même, la ville de Quetigny, en lien avec le Cerema, poursuit également les mêmes intentions dans le cadre de la conception de son Agenda 2030.

 

La résilience territoriale, qu'est-ce que c'est ?

La résilience est une mise en mouvement, une recherche perpétuelle d’équilibre dynamique entre des caractéristiques paradoxales et des processus contraires : court terme et temps long, échelle locale et mondialisation, redondance et efficacité, sur-mesure et prêt-à-porter, autonomie et dépendance… Elle repose sur la recherche d’un équilibre entre ces six principes :

  • anticiper
  • faire face aux chocs
  • rebondir / récupérer suite aux chocs
  • innover
  • intégrer le retour d’expérience
  • s’adapter / se transformer

Dans cette idée, le concept de résilience ne peut pas être défini universellement. Il résulte d’un processus de définition collectif, propre à chaque territoire. Pour le Cerema, un territoire résilient est "un territoire en mouvement, capable : d’anticiper des perturbations, brutales ou lentes, grâce à la veille et à la prospective ; d’en minimiser les effets ; de se relever et rebondir grâce à l’apprentissage, l’adaptation et l’innovation ; d’évoluer vers un nouvel état en équilibre dynamique préservant ses fonctionnalités. Cet état est décidé et construit démocratiquement". 

 

Et la résilience inclusive ?

Dans cet esprit, une résilience inclusive consiste à associer l’ensemble des citoyens, y compris les plus vulnérables à l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques selon un processus participatif de co-contruction voire de co-décision.

En 1971, Arnstein définit la participation citoyenne selon plusieurs niveaux :

  1. Information : les citoyens reçoivent une vraie information sur les projets en cours mais ne peuvent pas donner leur avis, il n'y a pas de participation ;
  2. Consultation : les habitants peuvent exprimer leur opinions au cours d'enquêtes ou de réunions publiques ;
  3. Concertation : les non-décideurs (habitants/leurs représentants) peuvent intervenir tout au long de la constitution du dossier ;
  4. Partenariat : le public peut négocier avec les décideurs sur les rôles/responsabilités/niveaux de contrôle... On entre dans le processus de codécision.
  5. Délégation de pouvoir : le pouvoir central délègue à la communauté locale le pouvoir de décider un programme et de le réaliser : niveau de participation maximale atteinte. A termes, une communauté locale peut gérer de manière autonome un équipement ou un quartier, il s'agit du contrôle citoyen.

 

Qu'appelle t-on lien social ?

En sociologie, le lien social se définit par l’ensemble des appartenances, des affiliations, des relations qui unissent des personnes ou des groupes sociaux entre eux. Le lien social représente la dynamique, l’énergie qui relie les différents membres d’une communauté entre eux. Elle varie dans le temps et dans l’espace, selon le contexte et la situation dans lequel la communauté se trouve.

Favoriser la création ou le développement de lien social, à travers le maintien des associations par exemple, est un enjeu primordial pour les collectivités pour garder le contact avec sa population.

 

Une approche par et pour les territoires

La démarche "Bourgogne Franche-Comté en transition"

"BFC en transition" est une recherche action participative pilotée par la DREAL BFC et la Maison des Sciences et de l’Homme (MSH) de l’Université de Bourgogne-Franche-Comté avec l’appui du Cerema. Dans l’idée que la coopération entre institutions et société civile conditionne une action territoriale efficace, elle a pour objectifs de :

  • Développer une connaissance et une collaboration entre citoyens, associations environnementales et socio-culturelles, élus, agents de collectivités, chercheurs, entreprises,

  • Donner à voir les initiatives existantes et favoriser la naissance de nouveaux projets.

Depuis 2019, deux territoires participent à la démarche:

  • la communauté de communes des Bertranges avec le projet "Bertranges en transition" expérimente le "territoire zéro chômeur de longue durée" (TZCLD) pour créer du lien social et développer de nouvelles activités.

  • Sur l’aire urbaine de Belfort-Montbéliard le projet "Belfort-Montbéliard en transition", piloté par l’association In’Terre ActiV, développe de nouvelles coopérations, y compris citoyennes sur les questions sociales, environnementales et économiques.

 

Quetigny : le lien social, moteur de l'action territoriale résiliente

Dans le contexte actuel de crise sanitaire, garder un lien avec la population est primordial pour la ville.

Dans le cadre de l’élaboration de son agenda 2030, la ville de Quetigny, accompagnée du Cerema, conçoit et met en œuvre, une démarche innovante de résilience inclusive et participative sous forme d’ateliers visant à associer les citoyens.

En parallèle de ces projets, le Cerema, en partenariat avec l’École Urbaine de Lyon, pilote, aux côtés de la DREAL Auvergne-Rhône-Alpes et du Territory Lab, la recherche-action "territoires résilients", dans l’idée d’une mise en pratique des ressorts de la résilience à d’autres territoires.

 

La recherche action "territoires résilients" :

La DREAL Auvergne Rhône-Alpes en partenariat avec le Cerema, le Territory Lab et l’Institut des Futurs souhaitables porte la démarche "Biomimétisme territorial, s’inspirer du vivant pour des territoires résilients".

L'approche proposée est innovante : elle mobilise les ressorts de la résilience et les conjuguent aux principes du vivant dans une finalité avant tout de transition écologique "régénérative", où le territoire n'est plus appréhendé comme un objet/ressource mais comme un sujet.

Pour restituer l’avancement de la recherche action, un parcours inspirant constitué de cinq webinaires à été imaginé.

La boussole de la résilience

Cet outil apporte des repères pour améliorer la résilience du territoire. Elle permet à la fois de sensibiliser, construire un diagnostic de maturité, prendre conscience des besoins. Elle donne à voir des pistes d’actions concrètes : mieux anticiper, agir, rebondir, se transformer dans le temps et réduire les vulnérabilités.

 

Des "projets autrement" :

Cette approche apporte des clefs de lecture, des conseils, des outils méthodologiques et des repères en matière de techniques d’animation et de pédagogie mobilisant l’intelligence collective, la facilitation graphique, le management, l’accompagnement au changement selon cinq principes (Emouvoir, Comprendre, Projeter, Transformer, Agir).

Guide projet autrement

 

La boussole de la participation :

Outil opérationnel basé sur les principes de la Charte de la participation pour construire, suivre et évaluer des démarches participatives, elle donne des repères à partager, à coconstruire avec l’ensemble des participants, elle permet aussi de rendre compte du travail accompli et d’en dresser un bilan autour de différents axes.

Boussole de la participation

 

Les ateliers dynamiques, un moyen de développer l’intelligence collective :

Méthode innovante, elle permet de co-construire l’avenir des territoires avec l’ensemble des acteurs : élus, acteurs socio-économiques, citoyens. La démarche (d'une durée de 3 à 9 mois) est donc construite avec les territoires, en fonction de leur problématique, des moyens et des objectifs visés.

Le but est de pouvoir partager une vision des enjeux et une ambition pour le territoire, afin de mettre en perspective les démarches déjà en cours (PCAET, projets de territoires...) ou d'en préparer au mieux l'élaboration ultérieure. Par l'accueil et l'expression de différents points vue, cette méthode permet également l'émergence de projets en anticipant d'éventuels points de blocage.