Cet article fait partie du dossier : Dossier "Vers des rues apaisées"
Voir les 23 actualités liées à ce dossierEn 2016, la métropole de Grenoble a généralisé la circulation à 30 km/h sur l'ensemble du territoire. 43 des 49 communes de l'agglomération ont progressivement rejoint cette démarche en 2016 et 2017, les 30 km/h devenant la règle, ce qui a fait de la métropole la première grande agglomération à mettre en pratique la généralisation des 30 km/h.
43 communes en zone de circulation apaisée
Cette opération s'inscrit dans une dynamique plus vaste de "Métropole apaisée", destinée à rééquilibrer l'espace public entre les différents usagers et modes de déplacement, et qui se traduit notamment par :
- des requalifications importantes de voirie et d'espaces publics, dont des opérations majeures dénommées "Coeurs de Ville, Cœurs de Métropole" ;
- la mise en œuvre de plans en faveur des mobilités actives ;
- la recherche d'un apaisement des vitesses facilitant partage de l'espace public et cohabitation des usages.
Dans ce cadre, dès septembre 2015, s'appuyant sur la Loi de Transition Énergétique pour une Croissance Verte de la même année, la Métropole a instauré un principe d'abaissement généralisé a 30 km/h de la vitesse maximale autorisée sur le territoire métropolitain.
43 des 49 communes ont rejoint la démarche et inversé courant 2016 la règle qui était alors de 50 km/h en agglomération, et l'exception, c'est-à-dire l'implantation de zones de circulation apaisée dans des périmètres circonscrits. Aujourd'hui, plus de 80 % de la voirie sur les 43 communes est limitée à 30 km/h, le plus souvent sur des axes où la vitesse était déjà réduite, contre 15% avant 2016.
Une évaluation par le Cerema trois ans après la mise en oeuvre
Le Cerema a accompagné Grenoble Alpes Métropole pour évaluer la démarche et ses effets, ainsi qu’une signalisation horizontale innovante "ellipse 50" pour les voies maintenues à 50, qui a fait l’objet d’un arrêté d’expérimentation auprès de la délégation à la sécurité routière.
Pour cela, une méthodologie d’analyse multicritères a été élaborée et mise en œuvre.
L'objectif était d'évaluer la compréhension et le respect du dispositif, d'en mesurer les effets (sur la sécurité des déplacements, la mobilité, le bien-être et la cadre de vie, la vitalité des villes et bourgs, ou encore l'environnement), dans un contexte où de nombreux aménagements ont un impact sur la circulation. Ce travail contribue au retour d'expérience national à ce sujet.
Cette évaluation s’appuie sur une comparaison de données recueillies dans plusieurs temporalités (avant la mise en place du dispositif, après 1 an de mise en oeuvre, et après 3 ans de mise en oeuvre). Entre 2500 et 3000 usagers ont été interrogés lors de chaque vague de l'évaluation.
L'évaluation reprend notamment :
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Des données quantitatives telles que les débits et vitesses des véhicules motorisés, l'accidentalité, la qualité de l'air et le bruit.
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Les résultats d’une grande enquête qualitative menée auprès des usagers
- les automobilistes ont été interrogés en situation de conduite sur la compréhension du dispositif et le respect des limitations,
- les piétons ont été interrogés sur l'espace public dans les mêmes lieux que les automobilistes,
- les cyclistes ont été interrogés sur trois sites très fréquentés au sujet de la circulation.
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Les travaux de l’observatoire de la sécurité des déplacements de la Métropole.
Les mesures de vitesses ont été réalisées sur des points de comptage fixes à différentes périodes, complétées par les mesures réalisées de manière continue par la centaine de radars pédagogiques installés sur la métropole.
Quelles observations après 3 ans de mise en oeuvre?
Après 3 ans de mise en œuvre conjointe à plusieurs projets de réaménagement sur le territoire métropolitain, les observations liées à cette démarche montrent :
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Une baisse sensible des vitesses sur le territoire de la ville centre (moins 5 km/h en moyenne par rapport à la situation avant le dispositif). En revanche la vitesse moyenne sur l'ensemble des axes des autres communes (à 30 ou à 50 km/h) a légèrement augmenté. Ce phénomène reste à étudier plus en détail car différents facteurs peuvent avoir une influence.
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Une accidentalité qui semble baisser, en nombre et en gravité, et les piétons particulièrement épargnés par les accidents.
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Des usagers des modes actifs qui plébiscitent la démarche et un ressenti des cyclistes qui s'est amélioré sur la durée de l'évaluation: 61 % des piétons et 70 % des cyclistes sont favorables à la nouvelle réglementation.
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Davantage d'automobilistes disent respecter la limitation de vitesse: 38% après 3 ans contre 33% après 1 an de mise en oeuvre. A ce sujet, un tiers des automobilistes indique avoir des comportements différents suivant le lieu et l’horaire de la journée.
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61 % des piétons et 70 % des cyclistes sont favorables à la nouvelle réglementation, même si s’agissant des piétons, leur ressenti vis-à-vis des vitesses des véhicules motorisés ne s’est pas améliorée depuis 2016.
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Une diminution des trafics motorisés entre 2016 et 2018 (-9% de véhicules légers et - 20% de poids lourds).
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Une connaissance du dispositif qui a tendance à diminuer au fil du temps en l’absence d’une campagne continue de communication.
Le rapport détaillé de l'évaluation est disponible et fournit les éléments pour mieux comprendre comment cette démarche a fait évoluer les pratiques de vitesses des usagers motorisés, comment elle a fait diminuer l'accidentalité notamment vis-à-vis des modes actifs, et comment elle a été comprise et acceptée des usagers.
Il dresse également des pistes de réflexion pour améliorer les résultats d’une telle démarche, et notamment en termes de communication et d’accompagnement des usagers.
Ressources
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