Cet article fait partie du dossier : Dossier "Vers des rues apaisées"
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Le 17 juin 2021, une conférence technique territoriale (CTT) a été organisée en ligne par le Cerema sur le thème des villages apaisés des départements de Mayenne (53) et de Sarthe (72).
Ce webinaire, présentant différents retours d’expérience dans diverses communes des deux départements, a permis d’échanger sur les modalités de réalisation des aménagements routiers et sur le rôle des élus dans cette démarche. Plus de 200 personnes y ont assisté.
Le webinaire s'est articulé autour des présentations suivantes :
Présentation des aménagements de la commune de Juvigné (53)
M. Régis Forveille, Maire de Juvigné, a commencé par présenter les nombreux problèmes de sécurité routière auxquels faisait face sa commune. Il notait notamment un manque d’aménagements prévus afin de ralentir les voitures pour garantir la sécurité des piétons.
Dans l’optique de résoudre ces problèmes, des travaux ont été lancés dans la commune de Juvigné : 800 mètres de voirie ont été refaits, la vitesse a été réduite sur la plupart des routes, et plusieurs zones 30 ont été instaurées. Mais quelques problèmes ont alors fait surface. Le chantier était difficile à sécuriser et désavantageux pour les commerçants qui se trouvaient à proximité. Enfin, reste à se poser la question du respect des limitations de vitesse.
La question de l’aspect de la commune a été un point non-négligeable dans les travaux. En effet, Juvigné est un village fleuri de 4 fleurs et pour ne pas les perdre, de nombreux espaces verts ont été réaménagés.
Des rues apaisées : la boîte à outils réglementaires
Le principe de rues apaisées est important afin d’assurer la sécurité de tous leurs utilisateurs, et le bien-être des habitants. C’est pourquoi Lucie Bruyère, chargée de projet aménagement de l’espace public du Cerema, a exposé durant son intervention les différents outils utilisables dans le but de créer des rues apaisées au sein des communes.
Dans un premier temps, les zones 30 permettent d’agrandir les trottoirs et de créer des espaces de stationnement car il y a une certaine réduction de la chaussée. Elles peuvent sans soucis être mises en place sur les routes à fort trafic.
Ensuite, les zones de rencontre (limitées à 20 km/h) permettent de souligner l’utilisation des routes par les véhicules autant que par les piétons. Il est important de les faire se démarquer, en changeant la couleur de la chaussée par exemple.
Enfin, les aires piétonnes sont interdites à tous véhicules (sauf exemptions, notamment les véhicules de secours), permettant ainsi aux piétons de ne pas avoir à se soucier d’éventuelles voitures. Afin de les rendre bien visibles, elles sont souvent délimitées par des barrières ou des plots.
Ainsi, il est important de connaitre son territoire afin de savoir lequel de ces outils utiliser car tous ne conviennent pas toujours. Afin d’obtenir plus d’informations sur le sujet, il est possible de se référer à l’ouvrage Aménager des rues apaisées, publié en octobre 2020 par le Cerema.
Présentation des aménagements du bourg de Beaulieu-sur-Oudon (53)
Traversé par une départementale, le bourg de Beaulieu-sur-Oudon voit passer un grand nombre de camions dans ses rues. Afin de contrer ce problème, Monsieur Livernais, élu adjoint à l’aménagement de la voirie de Beaulieu-sur-Oudon, a présenté les différentes solutions que la commune a mises en place. Plusieurs zones 30 ont été délimitées dans le village, certaines voies de circulation ont été rétrécies et les carrefours ont été modifiés afin d’obliger les voitures à ralentir. De plus, l’installation d’un radar pédagogique a fait un grand effet, et la commune prévoit d’en acquérir d’autres. Au vu des résultats encourageants, la mairie continue à réfléchir à de nouveaux aménagement afin de toujours mieux faire respecter les limitations de vitesses.
Présentation des aménagements du bourg de Ballon-Saint-Mars (72)
Le Maire de Ballon-Saint-Mars, Maurice Vavasseur, a exposé les différentes difficultés rencontrées dans sa commune. Celle-ci est traversée par plusieurs départementales, mais dès que l’on quitte ces routes, ce sont des voies beaucoup plus étroites et sinueuses, bordées de bâtiments anciens, que les usagers doivent emprunter. Or la vitesse des véhicules reste élevée, empêchant les piétons d’être vraiment en sécurité au vu de l’absence de trottoirs. La question est donc de savoir quel outil est le plus adéquat à ce genre de situation. La commune a donc décidé de mettre en place des zones de rencontre à de nombreux endroits du bourg afin de limiter la vitesse des véhicules et de les prévenir de la fréquente présence de piétons.
Aménagements cyclables
Un des problèmes des territoires peu denses est que la voiture y est considérée comme un outil quasiment indispensable. Aménager les voiries pour permettre d’y installer d’autres moyens de transports dans le but de réduire cette dépendance à la voiture présente donc un grand intérêt. La contrepartie principalement présentée lors de cette intervention par Joaquim Henry de Cerema Ouest est celle du vélo.
Les aménagements nécessaires dépendent de la vitesse des véhicules motorisés, ainsi que du trafic de la zone en question. La mise en place de zone 30 ou de zone de rencontre est une bonne initiative, mais il faut que cela s’accompagne d’un aménagement des espaces de stationnement, des zones surélevées sur la chaussée, des impasses et des intersections. De plus, des infrastructures pour ranger les vélos (aux abords des écoles par exemple) sont indispensables et doivent être mise en place afin que ces derniers soient vraiment utilisés.
Présentation des aménagements du bourg de Soulitré (72)
Monsieur Clement, l’adjoint au maire de Soulitré, nous a présenté les différents objectifs que la mairie s’était fixée afin d’améliorer la circulation au sein de la commune. Leurs objectifs sont notamment d’aménager la traversée du bourg, de réduire la vitesse des voitures, de sécuriser les flux de piétons et de cyclistes, et de gérer les stationnements. La présence de plusieurs types de véhicules (camions, bus, voitures) rend la tâche plus complexe car il faut prendre en compte leurs différentes spécificités.
Ainsi, la mairie a pris la décision de passer l’ensemble du bourg en zone 30 et de réaménager la voirie afin de créer plus d’espace de stationnement (parking et places le long des routes), de trottoirs et d’espace libre devant les bâtiments tels que l’école ou la mairie.
Présentation du rôle d’élu référent sécurité routière (DDT 53)
Frédéric Rogier (DDT 53) et Frédéric Brénéol (coordinateur sécurité routière de la Mayenne) ont abordé le sujet du rôle d’un élu communal référent en sécurité routière.
Les élus référents sécurité routière (ERSR) se réfèrent au département (au préfet et son directeur de cabinet plus exactement) et à la coordination sécurité routière. De plus, ils entrent en contact avec de nombreuses personnes ou institutions : les forces de l’ordre, l’éducation nationale, le ministère de la justice, de la santé, les collectivités territoriales, les associations, les entreprises, etc…
Les ERSR ont plusieurs zones d’action : la connaissance du territoire, les réglementations contrôles et sanctions, l’aménagement de la voirie et enfin la communication. Ils participent également aux actions de prévention. Et évidement, ils doivent tenir lieu de modèle par leurs actions.
Généralisation du 30 km/h, un changement généralisé dans de nombreux pays
La réglementation à 30 km/h s’est de plus en plus généralisée dans les endroits où les usagers vulnérables et les véhicules se mélangent fréquemment. Durant son intervention, Gwenaëlle David, de la direction Cerema Ouest, a présenté différents pays dans le monde qui ont adopté cette limitation de vitesse. Le Pérou, le Pays de Galles, Bruxelles ou encore l’Espagne, avec notamment Bilbao dont toutes les rues sont limitées à 30, en font partie. A certains endroits comme en Suisse (principalement en Romandie, à Genève ou à Fribourg), le passage aux 30 km/h a pour but de favoriser le vélo et de diminuer le bruit. Enfin, en France, des observatoires d’aménagement mis en place par le Cerema, permettent de répertorier les aménagements sur l’ensemble du territoire.
Conclusion
Apaiser la vitesse des véhicules en territoire peu dense est possible. Cela permet d’améliorer la sécurité, le cadre de vie et de recréer du lien entre habitants et entre utilisateurs de la voirie.
Beaucoup d’élus d’autres territoires en France ont participé à ce webinaire car la question des territoires peu denses intéresse.
Ce sont des aménagements qu’il faut « suivre » et qui peuvent être amener à évoluer dans le temps dans le but de garantir un environnement toujours plus agréable.
Replay du webinaire
Dans le dossier Dossier "Vers des rues apaisées"