Cet article fait partie du dossier : Dossier "Vers des rues apaisées"
Voir les 23 actualités liées à ce dossierDu 24 au 26 mai 2023, la Belgique accueillait la 18ème rencontre du réseau RUES à Bruxelles, Ixelles et Gand.
Retour sur cet évènement autour du partage de l’espace public.
Le Réseau RUES: pour une mobilité conviviale et sûre
Organisée par Bruxelles Mobilités et le Centre de Recherches Routières Belge, la rencontre du réseau RUES a permis de partager entre pays francophones membres, les bonnes pratiques en matière d’aménagement, de réglementation, de gouvernance, d’actions de communication et de sensibilisation, visant à produire des espaces publics plus conviviaux et plus sûrs.
L'occasion aussi de rencontrer les services techniques des trois villes d’accueil Gand, Ixelles et Bruxelles, et d'échanger avec eux sur les politiques engagées en matière de partage de l’espace public au profit des mobilités actives, pour encourager leur développement.
Créé en 2006, le réseau RUES est un réseau d'échanges francophones entre experts en mobilité urbaine, conviviale et sûre. Il est composé de membres belges, français, luxembourgeois, québécois et suisses. Depuis 2017, il compte également un correspondant italien à Turin, dans le Piémont.
Pluriel dans sa composition, il regroupe en son sein à la fois des organismes gouvernementaux, des associations, des centres de recherches ou encore des bureaux d'études.
Le réseau RUES a contribué à l’introduction de la zone de rencontre dans les réglementations ("rue partagée" au Québec), ainsi que d’autres évolutions (cédez le passage cycliste, sens unique sauf vélo, chaussée à voie centrale banalisée, vélorue…) et aux démarches type code de la rue pour la Belgique et la France.
Échanges avec Gand
Les aménagements de la Ville de Gand depuis 2015 ont fait l’objet d’une présentation. Ils visent à réduire la pression des modes motorisés sur l’espace public (notamment l’extension de la zone piétonne, la révision du plan de circulation du centre-ville, l’extension de la zone 30 hors du centre-ville, le réseau cyclable, etc).
En 2015, la ville de Gand a élaboré un nouveau plan de mobilité avec une vision ambitieuse : accessibilité sélective, ville agréable et adaptée aux enfants, avec plus de sécurité routière et de qualité de vie, et un transfert modal souhaité.
La zone piétonne de 1997 était une réussite mais le nombre de voitures et de vélos augmentait dans un espace restreint.
Le centre-ville a été mis en zone 30 en 2015, le plan de stationnement a été mis en œuvre en 2016, et le plan de circulation en 2017.
La première périphérie de Gand a été divisée en 6 secteurs de circulation, avec des choix spécifiques de circulation (secteurs accessibles uniquement depuis le boulevard de contournement) et de stationnements. La zone piétonne a été doublée et mise en zone à accès limité avec caméras ANPR (caméras à reconnaissance automatique des plaques). La zone 30 a été étendue au-delà du centre-ville à tous les axes non-structurants de la ville.
L’objectif d’éliminer le trafic de transit dans le centre-ville a été atteint (diminution de 60 %), mais le trafic a augmenté sur certaines voies d’accès au centre-ville et de +7 % sur le boulevard de contournement de la ville.
La part modale du vélo est passée de 22 % en 2012 à 40 % aujourd’hui, alors que celle de la voiture est passée de 55 % à 27 %. Gand est citée comme la ville modèle du plan de circulation dit "en marguerite". En savoir plus sur ce projet d’aménagement sur le site de Rue de l’Avenir Suisse.
Ci-dessous quelques exemples d’aménagements :
Échanges avec Ixelles
Le réseau a été accueilli par la ville d’Ixelles pour une visite des mesures d’apaisement mises en place le long des étangs d’Ixelles puis pour une présentation du réaménagement de la chaussée d’Ixelles.
Les étangs d’Ixelles
Les étangs d’Ixelles constituent un espace patrimonial classé, dans la continuité d’un grand parc urbain, le bois de la Cambre et de la grande forêt de Soignes. Pour valoriser cet espace (bio-diversité, nature, plaisir, bien être, promenade, pratique sportive), il a été décidé de traiter l’apaisement par la diminution de la pression automobile (les étangs sont à proximité d’axes structurants).
Depuis 2018, diverses interventions limitées en investissement se sont succédées par étapes d’année en en année selon les opportunités, tout en gardant une vision globale.
La rue du Levant a été fermée en 2019 par des bacs à plantes, puis par des potelets fixes pour pérenniser l’aménagement. Ce projet a bien été accepté, car les accès riverains en voiture ont pu être maintenus.
Le long des étangs, l’apaisement a été traité avec la mise en place de voies sans issues, mises en zone de rencontre. Cela permet un équilibre entre les modes actifs et l’accessibilité locale (accès motorisée pour les riverains).
Entre les deux étangs, grâce au programme Good Move, l’un des sens de circulation de l’axe traversant (le square du Souvenir) a été fermé le 2 mai 2023 (fermeture par des bacs à fleurs puis pérennisation avec potelets si cela fonctionne bien).
Les évolutions apportées au plan de circulation se font progressivement et en concertation avec les citoyens. Si des premières actions ont vu le jour dès 2022, une nouvelle phase se poursuit en 2023 avec plusieurs mises à sens unique, des aménagements cyclables, un nouveau filtre modal, une fermeture dominicale.
Plus d’information sur le site de la Ville d’Ixelles
La Chaussée d’Ixelles
Historiquement, dans cette rue, le tramway avait été abandonné dans les années 70 et remplacé par une ligne de bus (ligne 71 qui traverse Ixelles). Cette ligne était victime de son succès et engluée dans le trafic motorisé. Dans les années 2010, un projet de tramway a été étudié mais abandonné en raison de l’opposition des commerçants et des riverains.
Un nouveau projet devait alors être mis en œuvre en faveur des transports collectifs.
Outre cet enjeu majeur, le projet de la Chaussée d’Ixelles devait aussi accroître la qualité de vie au cœur d’Ixelles, favoriser la jonction des différents pôles d’attraction (maison communale, porte de Namur et autres polarités de quartier) et renforcer la zone commerciale.
Pour répondre à ces objectifs, en 2017, une zone de rencontre et une zone à accès limité (de jour entre 7h et 19h entre la Porte de Namur et la Place Fernand Cocq - la zone à accès limité est plus petite que la zone de rencontre), ont été crées avec un nouveau schéma de circulation pour préserver les voiries locales des reports de trafic.
Cette rue commerçante a donc été réaménagée de plain-pied en zone de rencontre avec un système à accès limité contrôlé par caméra (ANPR : caméras à reconnaissance automatique des plaques).
Le choix d’aménagement consiste à « cumuler » sur le même axe zone de rencontre (ZDR) et zone à accès limité (ZAL) ce qui favorise les modes actifs, en particulier les piétons, tout en permettant aux transports collectifs de circuler sans être obligé de respecter « l’allure du pas », mais en adaptant leur vitesse au contexte (maximum 20 km/h).
Le trafic motorisé dans l’ensemble du quartier a diminué de 30 % entre 7h et 19h. Les transports collectifs ont gagné en régularité et en vitesse commerciale dans les 2 sens de circulation (en heure de pointe du matin, gain de 1 minute 20 sec entre les stations Cocq et Porte de Namur, pour un trajet de 650 mètres).
Plus d’information sur le site de la Ville d’Ixelles
Échanges avec Bruxelles
Le réseau a été accueilli par la ville de Bruxelles pour une visite des aménagements (et des mesures d’accompagnement) de la maille Pentagone et des aménagements piétonniers du centre-ville de Bruxelles.
En août 2022, un nouveau schéma de circulation a été mis en œuvre dans le Pentagone, le centre-ville de Bruxelles. Il avait pour but d'empêcher le trafic de transit de pénétrer dans les zones résidentielles grâce à des modifications de sens de circulation, des créations de petites zones piétonnes ou d'accès limités, et de couloirs bus.
Les portes d’accès riverain à la maille (quartier) sont limitées à un seul point tout véhicule à partir du périphérique extérieur. Elles sont complétées par des filtres dédiés aux passages des transports collectifs (bus et tramway), des services d’urgence, des véhicules d’ordures ménagères, des cyclistes (et quelques autres exceptions), leur permettant de conserver une certaine porosité et ainsi de passer directement d’une maille à l’autre. Les portes d’accès riverain des zones à accès limités et les filtres sont contrôlés par caméra (ANPR). Les portes d’accès riverain peuvent être aussi gérées par des bornes rétractables.
La rue Royale, l’une des principales artères de la ville de Bruxelles-ville, a été apaisée et des espaces ont été libérés permettant par exemple la création d’aménagements cyclables ou de quais tramway adaptés aux personnes à mobilités réduites (PMR). Grâce à cette circulation apaisée et à l’adaptation des carrefours à feux, la vitesse commerciale des tramways a été améliorée. Le marquage au sol rouge est plus lisible (selon la ville) pour les automobilistes sur les filtres qui sont d’accès très réduit.
Autre exemple : dans le cadre de la sécurisation des abords d’écoles (accès à la rue de Flandre), la rue de la Clé est fermée par une borne rétractable. Elle est relevée 24h/24 et 7j/7. Les riverains et les commerçants y ont accès avec un badge. L’accès est aussi possible exceptionnellement avec un code à durée limitée.
Plus d’information sur le site de la Ville de Bruxelles
Actualité des délégations
Les délégations suisse (Mobilité piétonne, ATE Suisse, Rue de l’Avenir Suisse), belge (CRR, Bruxelles Mobilité, Institut Vias, Tous à Pied, Wallonie, et Française (Cerema, Rue de l’Avenir France), italienne (LaQUP) ont présenté les activités phares et publications de l’année 2022-2023.
Plus d’information sur les séances de travail et accès aux diaporamas présentés au cours de la rencontre du réseau sur le site de Rue de l’avenir Suisse.
Dans le dossier Dossier "Vers des rues apaisées"