26 août 2024
Eclairage public et revêtements adaptés
S. Busson - Cerema
A l’heure où maitriser les consommations d’énergie liées à l’éclairage public est primordial, tout comme réduire l’impact de la lumière sur l’environnement, connaître la capacité d’un revêtement à réfléchir la lumière (photométrie de la chaussée) permet de concevoir des installations d'éclairage routier optimisées. Aujourd'hui ces caractéristiques sont peu connues et mal prises en compte, y compris dans les normes européennes. Un groupe de travail actuellement copiloté par le Cerema étudie les caractéristiques des revêtements routiers en relation avec la luminosité et constitue une base de données qui sera prochainement accessible.

 

Contexte et enjeux

La norme NF EN 13201 (2016) a introduit la notion de classes correspondant à des types de voies et des usages spécifiques. Ces classes sont définies en fonction d’un certain nombre de critères tels que le type et la densité des trafics, les vitesses de circulation autorisées, les usagers de la voie et leur cohabitation potentielle… À chaque classe correspond un niveau minimum de luminance pour les voies circulées ou d’éclairement pour les espaces dédiés aux mobilités actives.

S. Busson - Cerema 

Cette luminance que nous percevons, correspond à la lumière émise ou réfléchie par une surface en direction de nos yeux. La détection d’un obstacle se fait grâce au contraste de luminance entre deux surfaces, c’est-à-dire la différence entre leurs niveaux de luminance respectifs. L’éclairement dépend uniquement de la lumière émise par les luminaires. Le niveau de luminance est proportionnel à l’éclairement reçu par la surface et sa répartition dans l’espace dépend notamment des propriétés de réflexion de la surface, appelé la photométrie routière. 

La méthode de calcul de la luminance ayant été définie afin d’assurer de bonnes conditions de visibilité aux automobilistes, elle est calculée pour un angle d’observation de 1°, correspondant à la perception d’un conducteur de véhicule léger dont le regard se porte à environ 90 m devant lui. Pour réaliser les calculs de dimensionnement, la CIE (Commission Internationale de l’Eclairage) a introduit en 1984 quatre revêtements standards (R1, R2, R3 et R4) dont les caractéristiques devaient permettre de couvrir l’éventail des propriétés des revêtements disponibles.

Si ces principes de conception des installations d’éclairage faisaient sens à la fin du XXe siècle, force est de constater qu’ils présentent aujourd’hui un certain nombre de limites :

  • La majorité des routes interurbaines n’est plus éclairée.
  • Les aménagements urbains mettant à l’honneur les mobilités actives se développent. 
  • Le panel des revêtements urbains disponibles s’est grandement étendu, démultipliant le nombre de paramètres (granulats, liants, traitement de surface) influant sur leurs caractéristiques photométriques. Les revêtements standards de la CIE ne sont plus représentatifs de la réalité des revêtements mis en œuvre.
  • L’angle de 1°, retenu pour les mesures et calculs de dimensionnement en luminance, n’est pas représentatif de la géométrie d’observation des usagers en milieu urbain, qu’ils soient conducteurs, piétons ou cyclistes.

En France, l’énergie consommée par l’éclairage public représente 41 % des factures d’électricité des collectivités territoriales. Une conception optimisée peut donc offrir d’importantes marges d’économie.

 

Objectifs

L’objectif du groupe "Revêtements et Lumière" est de permettre à tous d’utiliser les caractéristiques réelles des revêtements pour optimiser les calculs d’éclairage et ainsi faciliter les choix des donneurs d’ordre. Il s’agit de faire évoluer la tradition de "faire comme d’habitude" vers "éclairer juste", pour se donner les moyens d’appliquer la norme d’éclairage public NF EN 13201 avec un dimensionnement en luminance, notamment :

 

  • en mettant à disposition des concepteurs d’installations d’éclairage une base de données pertinente associant l’aspect esthétique aux performances photométriques d’un panel représentatif des revêtements disponibles ;
  • en développant des outils et méthodes à destination des collectivités, éclairagistes, acteurs du génie civil pour optimiser les projets d’éclairage, que ce soit en milieu interurbain ou urbain.

 

Les résultats :

  • Le groupe Revêtements et Lumière a caractérisé la couleur et la photométrie d’un ensemble de revêtements urbains classiques et innovants, à la fois à l’état neuf et après 30 mois de vieillissement naturel à l’extérieur. 
  • Une forte variabilité de comportement en termes de réflexion de la lumière a été établie, à la fois dans le temps et d’un type de revêtement à l’autre.
  • Diverses études d’éclairage ont été réalisées pour des cas de renouvellement de l’installation d’éclairage ou d’aménagements entièrement neufs.
     

Les travaux ont ainsi montré que :

  • Le dimensionnement d’éclairage public en éclairement sans tenir compte des revêtements est réducteur car les usagers perçoivent la luminance réfléchie par les surfaces routières urbaines.
  • La prise en compte dans les calculs de la photométrie de la chaussée dans son état stabilisé contribue à respecter les enjeux de sécurisation des mobilités nocturnes et à réaliser d’importantes économies d’énergie.