Cet article fait partie du dossier : Nature en Ville : développer les solutions fondées sur la nature dans le milieu urbain
Voir les 53 actualités liées à ce dossierA ce titre, Angoulême a fait appel au Cerema pour l’accompagner dans un processus de co-construction d’une stratégie de renaturation, avec comme prisme de lecture les enjeux de biodiversité et d’adaptation au changement climatique.
Ce partenariat de recherche et développement ne se restreint pas à l’unique thématique de la nature, puisque la volonté est d’y intégrer une approche axée à la fois sur la valorisation du patrimoine architectural et historique, sur les mobilités et sur la qualité de vie des espaces publics.
Rendre la ville plus attractive, animée où il fait bon vivre, avec comme levier d’action la renaturation ; tel est l’objectif de ce partenariat reliant le Cerema à Angoulême, ville d’art et d’histoire, et membre de l’association Sites & Cités remarquables de France.
Un partenariat transversal qui aborde quatre thématiques
Pour traiter la question de la renaturation, l’approche retenue se veut multi-thématiques.
De nombreux sujets sont abordés dans le partenariat de manière transversale, depuis les services écosystémiques rendus par la biodiversité jusqu'aux mobilités, en passant par l’adaptation au changement climatique, la valorisation du patrimoine architectural, ou encore la qualité des espaces publics.
"Qualité de vie, outil social et éducatif, solution face au réchauffement climatique… la nature en ville est aujourd’hui une nécessité de santé publique et de bien-être collectif. A Angoulême, nous avons conscience du réel besoin de créer des espaces de nature urbains fonctionnels, capables d’accueillir faune et flore, tout en conciliant les besoins de notre ville.
A travers ce partenariat avec le Cerema, nous avons pour ambition de créer les conditions d’une cité plus soucieuse de l’environnement, une ville servant de support pour la nature, en ayant conscience qu’il ne suffit pas de planter pour y parvenir mais de mettre en œuvre des moyens pour protéger, gérer ou restaurer notre biodiversité urbaine".Xavier Bonnefont - Maire d'Angoulême
Le partenariat se décline en 4 volets techniques et 4 volets méthodologiques :
"Le partenariat avec le Cerema met de la méthode et de l’expertise dans notre démarche de renaturation, en privilégiant l’approche écosystémique. Au-delà, nous explorons dans une logique d’expérimentation les différents aspects de la ville apaisée et vivante !"
Pascal Monier - Adjoint au Maire
La stratégie de désimperméabilisation, le lien avec la végétalisation des cours d’écoles et le réaménagement des places publiques
Pourquoi les villes doivent-elles garder des sols perméables ? Pourquoi doivent elles adopter une gestion alternative de leurs eaux pluviales ? La réponse est qu’elles doivent concourir à l’adaptation de leurs territoires au changement climatique : réduction du risque inondation en limitant le ruissellement sur les surfaces imperméabilisées, préservation des ressources naturelles en permettant le rechargement des nappes phréatiques, réintroduction de la nature en ville, revitalisation des sols urbains, ou encore création d’îlots de fraicheur végétalisés.
Pour répondre à cette problématique, le Cerema a développé une méthode multi-critères qui permet d’évaluer les potentiels de désimperméabilisation et la valeur ajoutée que pourront avoir de tels travaux pour contribuer à une meilleure gestion des eaux pluviales.
Les critères sont multiples : infiltrabilité et perméabilité des sols, occupation et usages des sols, pentes, remontées de nappes, gonflement des argiles, nappes phréatiques affleurantes, ou encore sols pollués. Les facteurs environnementaux sont nombreux, mais ils ne sont pas les seuls à entrer dans les réflexions. La maîtrise foncière, le règlement et les zonages du PLUi, ou encore les zones de friches, viennent également compléter cette liste de critères.
Tout ces éléments permettent une fois étudiés, de déterminer les zones stratégiques sur lesquelles agir si l’on veut optimiser la valeur ajoutée des travaux de désimperméabilisation.
Une approche spécifique est dédiée aux cours d’école et aux places publiques, en faisant intervenir d’autres critères : projets politiques, équité géographique sur la ville, quartiers vulnérables, dynamiques citoyennes, pourcentage de surface imperméabilisée des cours d’école et nombre d’élèves au sein de l’établissement scolaire, ou encore ancienneté des travaux déjà engagés sur le site.
La collectivité souhaite réaménager les cours d’école (revégétalisation, désimperméabilisation, développement du concept d’ "école dehors"). Dans ce but, l’expertise du Cerema permet de proposer une hiérarchisation des projets en classant les cours d’école par enjeux croissants. La démarche est identique sur le réaménagement des places publiques. A terme, la collectivité a en sa possession une liste hiérarchisée des cours d’écoles et places publiques sur lesquelles agir, classées par grands types d’enjeux et par valeur ajoutée des projets.
La ville bénéficie également d’un accompagnement pour la prise en compte de la désimperméabilisation dans le PLUi, ainsi que des retours concrets de bonnes pratiques pour décliner cette stratégie de manière opérationnelle à travers les différents réaménagements prévus sur son territoire.
Le plan "Poumons verts" : où renaturer, pourquoi, et pour quelle plus-value ?
La ville d’Angoulême s’est engagée sur la création d’une vingtaine de "Poumons verts", afin d’offrir aux habitants des espaces végétalisés procurant de la fraîcheur en période estivale, et cela à proximité des lieux de vie de chaque Angoumoisin. Certains projets ont déjà été réalisés, mais d’autres restent à venir.
Qu’est-ce que le plan "Poumons verts" ? L’objectif ne se réduit évidemment pas uniquement à planter des arbres, il est plus globalement celui de renaturer la ville. Le travail du Cerema porte ici sur le croisement de toutes les données jusqu’ici existantes sur les champs de la renaturation, pour la décliner en une démarche de planification des projets :
- de végétalisation,
- de renaturation de zones artificialisées en réalisant des travaux de remise à nu des sols afin de leur rendre leurs fonctionnalités, permettant ainsi le développement des différents cycles de vie biologique,
- de travaux permettant l’amélioration du cycle naturel de l’eau,
- de protection du patrimoine naturel existant,
- de réaménagement d’espaces publics plus globalement.
Grâce aux études préalables menées sur les trames vertes et bleues ainsi que sur la désimperméabilisation des sols (1er et 2nd volets du partenariat), mais également en s’appuyant sur la cartographie des îlots de chaleurs urbains, sur le schéma des mobilités, sur le recensement des friches urbaines, et sur une large palette de critères sociétaux (égale répartition sur le territoire, proximité de lieux recevant des usagers vulnérables, demandes citoyennes, etc.), le Cerema propose un plan d’actions de renaturation d’espaces urbains avec une hiérarchisation des projets à mener.
Une fois cette stratégie de renaturation réalisée, la ville a alors un planning de réalisation de projets à mener dans le temps et sur l’ensemble de son territoire, construit en cohérence avec les enjeux naturels, mais aussi avec les besoins des habitants, et les contraintes financières de la collectivité.
Décliner l’étude sur deux sites démonstrateurs : un moyen d’évaluer et de sensibiliser
Le partenariat se ponctue avec le réaménagement de deux espaces publics. Dans le cadre de ce dernier volet du partenariat, le Cerema accompagne la ville dans la mise en pratique de la grille méthodologique réalisée dans le cadre du précédent volet, et accompagne les services de la collectivité sur la réalisation des ateliers de concertation avec les habitants.
Le Cerema réalise en parallèle une évaluation avant/après aménagements afin de mettre en lumière toutes les améliorations permises par les travaux (baisse des températures en été, meilleure gestion des eaux pluviales à la parcelle, mise en valeur du paysage, création de supports pour la biodiversité, augmentation de la fréquentation piétonne, ressentis des habitants sur l’aménagement, meilleure accessibilité de l’espace public, etc.).
Les résultats ainsi obtenus permettront de sensibiliser les habitants en leur donnant des chiffres objectifs sur les bénéfices engendrés par les réaménagements. L’ambition est de faire de ces deux projets des sites démonstrateurs, qui auront vocation à être dupliqués sur le territoire Angoumoisin.
Sur le long terme, un objectif pour ce type de projet pourrait être d’investir d’autres aspects de la nature en ville, en accompagnant la collectivité sur un projet de détermination de la trame noire (continuités écologiques pour les espèces nocturnes), et de stratégie de mise en œuvre de la politique du "Zéro artificialisation nette". La déclinaison des trames vertes urbaines avec une approche "biodiversité et bâtiment" pourrait également être envisagée.
Angoulême, dont le cœur de ville est classé "secteur sauvegardé" pour protéger et mettre en valeur son patrimoine architectural et historique, souhaite décliner sur son territoire cette vision de la nature au service de la qualité de ces espaces publics. La démarche se veut transversale et co-construite, et implique par conséquent de nombreux acteurs : de nombreux services de la ville et de l’agglomération (urbanisme, voirie, espaces verts, mobilités, transition écologique), plusieurs associations, le Ministère de la Culture et les Architectes des Bâtiments de France, l’INRAE, la DREAL, l’Agence de l’Eau Adour Garonne, ou encore le Centre d'Études Techniques et Economiques Forestières.
Le Cerema accompagne les villes moyennes afin de réaffirmer leur rôle dans le paysage territorial de demain. A travers ce partenariat, c’est la nature en ville au service de la qualité des espaces publics qui est mis au-devant de la scène.
Ce partenariat de recherche et développement se déroule sur une durée de trois ans et fait l’objet d’un accompagnement financier de la part du Ministère de la Transition Ecologique, de l’ADEME, de l’Agence de l’Eau Adour Garonne, et de la Région Nouvelle-Aquitaine.
Présentation de la démarche d'Angoulême et de la mise en oeuvre de l'outil SESAME
Contact Cerema
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