Cet article fait partie du dossier : SESAME : Intégrer l'arbre dans les projets de renaturation urbaine
Voir les 13 actualités liées à ce dossierCe webinaire organisé par le Cerema et IdealCo s'inscrit dans la continuité du projet de recherche Gestion Intégrée de l'Eau en Milieu Urbain (GIEMU), mené par le Cerema en partenariat avec l’Ifsttar et l’Irstea et avec les soutiens de l’Agence française de la biodiversité et du Ministère de la transition écologique et solidaire, qui a pris fin en 2021.
Ce rendez-vous a permis de présenter le retour d'expérience de Toulouse Métropole qui a initié une démarche de désimperméabilisation des sols, et de revenir sur le projet SESAME pour identifier les espèces d'arbres à planter en ville en fonction des service écosystémiques rendus et des besoins de la collectivité.
Toulouse métropole: miser sur la nature en ville y compris pour la gestion des eaux pluviales
Pour introduire le webinaire "services écosystémiques et espaces de nature en ville", Toulouse Métropole a présenté les enjeux de sa collectivité au travers notamment de l'élaboration du schéma directeur de gestion des eaux pluviales et de la démarche "100 000 arbres en 10 ans" initié sur le périmètre de la ville de Toulouse. Après avoir présenté les objectifs, la déclinaison opérationnelle et les enjeux du projet 100 000 arbres, Toulouse Métropole a détaillé l’élaboration du Schéma Pluvial.
Le système complexe et diversifié de gestion des eaux pluviales a été illustré en insistant sur la nécessité de développer une gestion intégrée des eaux pluviales via le développement de techniques alternatives. Cette politique demande à renforcer la transversalité de la gouvernance et de prendre en considération les problématiques des différents services de la collectivité. Il s'agit notamment de répartir les compétences et de clarifier le rôle de chaque acteur pour réussir les synergies.
La métropole a par ailleurs rappelé la particularité de son réseau quasiment exclusivement séparatif qui justifie d’autant plus la gestion intégrée à la source pour limiter la pollution des milieux récepteurs notamment par les petites pluies qui lessivent le territoire sans traitement en station. A contrario cette spécificité d’absence de réseau unitaire ne permet pas d’engendrer des gains économiques en stations d'épuration et/ou de limiter les débordements par la déconnection des eaux pluviales.
Sur la base d'un partenariat innovation/recherche, le Cerema accompagne la collectivité pour définir le potentiel de désimperméabilisation et valoriser les services écosystémiques rendus par les techniques alternatives déployées sur le territoire. Des questions ont porté sur les données mobilisées pour étudier le potentiel de déconnexion : il a été indiqué l'utilisation de données satellitaires pour l'évaluation de l'imperméabilité du territoire et la récupération de sondages pédologiques pour étudier l'infiltrabilité. Toulouse Métropole a notamment évoqué la bancarisation et la valorisation des sondages géotechniques réalisés dans le cadre des travaux de réseaux pour améliorer la connaissance de son sous-sol et des potentiels d’infiltrabilité.
Enfin, le rôle d'animateur de la gestion des eaux pluviales a été valorisé et l'accent a été porté sur la nécessité de communiquer pour réussir la gestion intégrée. Toulouse Métropole a valorisé deux sujets : les aménagements de gestion intégrée déjà réalisés à valoriser ainsi que la démarche de transversalité et de changement de pratique à l’œuvre dans la collectivité.
Des fiches pratiques sur les techniques alternatives de gestion des eaux pluviales
Le Cerema, en lien étroit avec le domaine de la recherche, a mis au point une méthode d'évaluation des services écosystémiques pour apporter une aide à la décision et a réalisé une série de fiches. Il s'agit d'une méthode à dires d'experts basée sur des indicateurs à évaluer qualitativement. Les services évalués sont à la fois les services de régulation (qualité de l'eau, régulation des flux d'eau, régulation de l'îlot de chaleur urbain, qualité de l'air) et les services culturels (paysage, récréation, science et éducation).
Le renseignement des matrices de services rendus a été détaillé et les résultats ont été commentés sur la base des diagrammes radar. Les résultats présentés portent essentiellement sur la comparaison des aménagements pour un service donné. Les bassins en eau de grande taille se distinguent favorablement par le service de régulation des inondations d'une part et les services culturels d'autre part. L'infiltration et la composition de la strate végétale vont avoir une influence directe sur le niveau de services de régulation rendus. La végétation arborée va par exemple optimiser la régulation des flux en jouant un effet de barrière physique et va permettre de réduire l'îlot de chaleur urbain par l'effet d'ombrage, l'évapotranspiration et la diminution de l'albédo.
In fine, les bénéfices permettent de valoriser la gestion différenciée des espaces voire l'absence d'intervention de l'homme pour favoriser les différents processus naturels impliqués dans les services de régulation. Deux fiches publiées, portant sur des aménagements, ont été présentées : les filtres plantés de roseaux et les îles végétalisées. Ces aménagements ont permis de comprendre le potentiel des solutions alternatives, basées sur le végétal.
Par la suite le partenariat avec Toulouse métropole a été évoqué. Il concerne la réalisation d'outils d'aides à la décision : logigrammes, tableau comparatif des aménagements, tableau sur les coûts.
Les logigrammes aident à la précision dans la décision pour choisir les techniques alternatives en concertation avec les services techniques. Les obstacles comme le retrait des argiles, la hauteur de la nappe ont suscité des questions, pour l'adaptation de la méthode à certains territoires. Par ailleurs, la question de la sécurité et de la problématique d'inondation des espaces publics a été abordée.
Enfin, l'évaluation des bénéfices économiques a été évoquée et a fait l'objet d'un autre sujet de recherche développé par l'Irstea. Dans les perspectives, il est envisagé de produire un outil avec des données d'entrée sur la conception et les services souhaités et en données de sortie des aménagements accompagnés de préconisations pour optimiser les services. La complémentarité avec l'outil Parapluie de l'Insa sera étudiée.
Le projet SESAME: quels arbres et arbustes pour la gestion des eaux pluviales?
L'arbre en milieu urbain est au cœur des préoccupations des citoyens et des collectivités. Le projet Sesame, dans une démarche rassemblant initialement la ville et la métropole de Metz qu'ont désormais rejoint de nombreux partenaires, s'attache à analyser les bénéfices apportés par les arbres et arbustes en milieu urbain. L'analyse des essences d'arbre permet ainsi d'éclairer le choix des décideurs et d'aménager l'espace en tenant compte des effets positifs des végétaux en matière de développement de la biodiversité, régulation du climat ou de la qualité de l'air, de qualités paysagères et contribution au cadre de vie, mais aussi d'éventuelles contraintes. L'adaptation au climat local, dans un contexte urbain et de changement climatique, est également évaluée pour chacune des espèces.
Le projet, dans de nouveaux développements, vise entre autres à affiner la compréhension des mécanismes de régulation du ruissellement par les arbres et arbustes, les contraintes spécifiques que ces végétaux peuvent poser dans les ouvrages de gestion des eaux pluviales, et réciproquement les conditions particulières de ces ouvrages à prendre en compte pour le choix des essences. Ainsi la démarche Sesame sera-t-elle à même d'accompagner le développement d'espaces de gestion des eaux pluviales arborés et pleinement multifonctionnels.
Du côté des participants, les interrogations portent sur la réplicabilité concrète de la méthode sur d'autres territoires. La transposition est actuellement expérimentée en Île-de-France avec le département de la Seine-Saint-Denis et la ville de Paris : elle se fonde sur des listes d'espèces enrichies et proposées par les collectivités partenaires, et des adaptations telles que la définition de nouvelles entités paysagères correspondant aux pratiques de ces collectivités.
D'autres participants interrogent également quant à l'utilisation et la valorisation auprès du grand public des résultats de l'étude par les collectivités partenaires. L'exemple de l'Espace Test Sesame de la ville de Metz illustre une démarche de plantation fondée sur la démarche Sesame pour la sélection des espèces, le suivi des performances dans le temps, et la communication auprès du grand public.
Le replay est sur la plateforme IdealCO
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