17 juin 2024
Rue d'un quartier de la Seyne du Mer
Cerema
Afin de répondre aux enjeux de surchauffe urbaine et de confort d’usage dans un contexte de changement climatique, la métropole de Toulon a fait appel au Cerema pour l’accompagner dans la prise en compte de ces enjeux en amont d’une démarche de réaménagement des espaces publics dans deux quartiers des centres-villes de Toulon et de la Seyne-sur-Mer (renouvellement urbain). L’objectif était aussi de s’appuyer sur la participation pour co-construire les projets prenant en compte les différents besoins des habitants.

L’enjeu de cette étude dans laquelle le Cerema a combiné une expertise multi-sectorielle avec des techniques d’animation et de co-construction, était également de développer une approche transversale, intégrant les besoins en termes de déplacements, d’habitat, de végétalisation.

 

L’espace public, lieu de passage et lieu de vie

De nombreux leviers peuvent être mis en œuvre dans le cadre des démarches de rafraichissement urbain, par exemple une meilleure organisation du tissu urbain, la limitation de la place de la voiture, la végétalisation de la ville, la gestion intégrée des eaux pluviales et la limitation de l’imperméabilisation, ou encore le choix de matériaux adaptés. L’objectif de la démarche était d’identifier des préconisations pour réduire la surchauffe urbaine adaptées aux contextes, et favorisant l’appropriation et l’attractivité de ces espaces publics

Dans un premier temps, un diagnostic a été réalisé à l’été 2023 : en utilisant des relevés de températures d’air ambiant et en réalisant des balades sensibles avec des habitants, des techniciens des villes et de la métropole et des élues. 

Ce travail de terrain a permis d’objectiver la réalité de la problématique de la surchauffe urbaine : 

  • de 75 à 90% de nuits tropicales dans les zones projet pendant l’été 2023 (dont 30 à 40% induites par le contexte urbain). 
  • un inconfort thermique en journée aggravé par la minéralité des espaces publics, leur occupation par les véhicules (roulants et en stationnement), l’absence d’ombrages, le manque ou l’inhospitalité de zones refuges

Dans un second temps, des ateliers de concertation ont été réalisés à La Seyne-sur-Mer pour projeter le futur des aménagements du centre-ville, combiner les différents types de solutions : douces, vertes et grises et réfléchir aux cheminements et aux usages préférentiels des différentes places publiques. 
 

 

3 familles de solutions pour adapter l’espace public face à la surchauffe urbaine :
  • Les solutions vertes, qui font intervenir la nature (végétal, eau) : plantation d’arbres, toitures ou façades végétalisées, gestion des eaux pluviales superficielles, végétalisation des espaces publics (places, parkings)
  • Les solutions grises, qui rassemblent les solutions techniques liées aux infrastructures revêtements, mobilier urbain, bâtiments) : fontaines / jets d’eau, structures d’ombrage, revêtements à albédo élevé, isolation et inertie thermique des bâtiments, etc.
  • Les solutions douces, qui relèvent des comportements et de la gestion urbaine : réduction de l’utilisation de la climatisation, réduction du trafic routier / des moteurs thermiques, etc.

L’ensemble de ces données collectées, ainsi que les expertises techniques du Cerema ont été partagées avec un groupe de techniciens (villes, métropole, maîtrises d’ouvrage déléguées) et d’élus lors de 3 séminaires qui ont été organisés en début, milieu et fin de projet. Animés par le Cerema avec des méthodes d’intelligence collective, l’objectif de ces séminaires était d’acculturer les acteurs et de co-élaborer des préconisations qui tiennent compte le plus finement possible des contextes locaux. 

 

 

 

 
L’étude portant sur La Seyne-sur-Mer s’est révélée riche en enseignements
tant sur la démarche que sur les résultats
parmi lesquels :
  • l’utilisation d’ateliers et de balades urbaines sensibles ont permis de favoriser les interactions entre parties prenants locales (élus, techniciens, maitrise d’ouvrage, population, représentants socioéconomiques et institutionnels…) autour des ressentis liés à l’inconfort/au confort thermique local ;
  • cette problématique s’est révélée être un sujet intégrateur aussi bien auprès des parties prenantes qu’au sein des experts en charge de l’étude, qui invite à questionner la vision globale du fonctionnement d’un espace public ;
  • le poids d’acteurs clés dans l’ancrage territorial de l’étude, et potentiellement dans la suite qui peut être donnée à travers la mise en œuvre d’aménagements, tels que :
  • la présence active d’élus locaux dans la démarche ;
  • la mise en visibilité de la démarche par une couverture médiatique au fil de l’eau par le biais d’un journaliste de la presse locale ;
  • ou encore la recours à un paysagiste - concepteur mettant en dessin les espaces et aménagements envisagés afin de favoriser l’imagination et la créativité  auprès des parties prenantes et ainsi projeter des visions désirables sur les pratiques et les aménagements futurs du centre-ville ;

Vers une dynamique pérenne pour l’adaptation des espaces publics

Le cahier de préconisation du Cerema synthétise l’ensemble de ce travail de terrain et a été rédigé avec les contributions de 9 experts thématiques du Cerema (nature en ville, gestion des eaux pluviales, aménagement, éclairage public, mobilité, trames et connexions des espaces publics, matériaux, bâtiments, méthodologie de projet).

Ce cahier comporte des recommandations générales : 

1.    Garantir la continuité de la dynamique engagée pour la prise en compte de la surchauffe urbaine

  • Poursuivre la mobilisation transversale des collectivités, des maîtres d’ouvrages et des partenaires
  • Confier le pilotage des équipes de maîtrise d’œuvre à des paysagistes concepteurs et rémunérer la mission sur une base forfaitaire    
  • S’appuyer sur de la concertation et tester des aménagements transitoires

2.    Faire de la place à la nature partout où c’est possible

  • Réaliser des études de sols
  • Valoriser l’eau de pluie et favoriser la végétation existante
  • Désimperméabiliser et planter
  • Végétaliser en zone contrainte

3.    Changer de paradigme : pour des espaces publics inclusifs et rendus aux riverains

  • Limiter la place de la voiture : réaliser une étude de mobilité à une échelle élargie
  • Travailler la lisibilité des trames de parcours fraîcheur 
  • Créer des centralités refuges

4.    Utiliser des revêtements adaptés aux usages et aux rayonnements

5.    Recommandation complémentaire : promouvoir les brasseurs d’air

Il est complété par des focus géographiques à l’intérieur de chaque zone projet. 

Ce cahier de recommandations a été intégré aux documents de cahier des charges du marché de maîtrise d’œuvre pour le réaménagement du centre-ville de La Seyne-sur-Mer. 

Les différents volets de l’étude – analyses de températures de l’été 2023, balades urbaines, ateliers de concertation, séminaires de co-construction avec élus et techniciens, mobilisations d’experts Cerema- ont permis d’identifier des préconisations qui portent aussi bien sur  sur l’importance de continuer à faire vivre la dynamique d’ensemble créée par la démarche, que sur celle de faire le plus de place possible à la nature (ou solutions d’adaptation fondées sur la nature – SafN) ou encore sur une approche favorisant la réappropriation piétonne et riveraine (p. ex. via une meilleure lisibilité des cheminements et trames par le design actif…) ou soulignant l’importance des revêtements utilisés dans les aménagements.

 

 

Le document est sur CeremaDoc :
 

Contact

Céline BIGI

Cheffe de projet villes et territoires intelligents