25 février 2025
Infographie radon
Adobestock
Le Cerema a mis au point une méthode pour traiter les bâtiments dans lesquels la présence de radon est détectée. A la demande de l’Autorité de Sûreté Nucléaire et de Radioprotection (ASNR), il construit le cadre d’une formation qualifiante à l’expertise radon pour les professionnels du bâtiment.

Le radon est un gaz radioactif naturel issu de la désintégration de l’uranium présent dans le sol et les roches. Incolore et inodore, il peut s’infiltrer dans les bâtiments et, en cas d’exposition prolongée à des concentrations élevées, augmente le risque de cancer du poumon, représentant ainsi un enjeu majeur de santé publique.

 

Former des experts sur le diagnostic radon : un enjeu de santé publique

Appareil de mesure du radon - Cerema

Afin de prévenir le risque du cancer du poumon lié à l’inhalation du radon, la réglementation impose de mener des actions correctives dans les établissements recevant du public et dans les lieux de travail lorsque le niveau de référence de 300 Bq/m³ est dépassé. Les pouvoirs publics mènent des campagnes de sensibilisation en proposant des dispositifs de dépistage. 

Cependant, lorsqu’un dépassement du niveau de référence est observé, les gestionnaires de bâtiments et les particuliers ne savent pas vers quels professionnels se diriger pour déterminer les travaux à réaliser pour abaisser les concentrations en radon.

En France, il n’existe pas encore de filière clairement structurée et reconnue d’experts techniques spécialisés dans la gestion du risque radon. Lorsqu’un dépassement du niveau de référence est constaté dans un bâtiment, les particuliers et les gestionnaires se retrouvent souvent sans interlocuteur compétent et qualifié pour diagnostiquer précisément les causes de l’accumulation du radon et proposer des solutions adaptées. 

Dans d’autres pays, comme la Suisse ou le Canada, des réseaux d’experts qualifiés reconnus par les autorités sont en place pour accompagner la population et les professionnels du bâtiment. Ces spécialistes disposent d’une formation spécifique et d’une certification reconnue, leur permettant d’intervenir efficacement pour réduire l’exposition au radon. Ce modèle contribue à une meilleure protection de la santé publique en garantissant des interventions fiables et adaptées aux spécificités des bâtiments et des zones géographiques concernées. 

Le développement d’une telle filière en France serait un levier essentiel pour améliorer la gestion du risque radon et renforcer la sécurité des occupants face à ce gaz radioactif nocif pour l’Homme.

 

Une qualification reconnue

 

 

L’enjeu est donc de structurer un cadre de qualification permettant aux professionnels de renforcer leurs compétences en matière d’expertise technique, en s’appuyant sur des diagnostics, des solutions de remédiation adaptées permettant d’améliorer globalement la qualité de l’air intérieur. 

 

 

Le Cerema dispose d’une compétence reconnue en tant qu’expert technique radon. Il accompagne régulièrement les pouvoirs publics, les gestionnaires et les professionnels du bâtiment dans la gestion du risque au radon. 

A la demande de l’Autorité de Sûreté Nucléaire et de Radioprotection (ASNR), le Cerema est missionné pour élaborer le cadre de formation et de qualification pour les professionnels en expertise technique radon afin d’assurer des interventions fiables et efficaces pour accompagner les gestionnaires de bâtiment dans la réduction du risque lié au radon.

L’objectif est de disposer d’une liste de professionnels qualifiés capables de proposer des solutions adaptées pour diminuer efficacement l’exposition au risque radon et ainsi protéger les occupants des bâtiments. 

Vers une qualification adaptée : enseignements des pratiques internationales et françaises 

Dans un premier temps, la première étude de 2024, confiée au Cerema, avait pour objectif de formuler des recommandations sur les dispositifs de qualification, de formation et la définition de la mission d’expertise radon. Pour cela, les méthodes existantes ont été analysées, tant en France qu’à l’international, afin d’identifier les méthodes les plus adaptées à la situation française.

La démarche s’est déroulée en deux étapes :

  • Une analyse comparative des méthodes de formation et des mission des experts techniques  radon, des qualifications et des exigences réglementaires en Europe et en Amérique du Nord.
  • Des entretiens avec la communauté professionnelle française afin de recueillir les avis sur l’élaboration de cette qualification pour qu’elle soit adaptée aux spécificités des professionnels du territoire.

Structure de la formation :

Concernant la formation, le programme devra inclure des modules essentiels (radon, techniques correctives, réglementation, risques sanitaires, mesures), ainsi que des modules spécialisés (prévention dans le neuf, ventilation) adaptés à des besoins spécifiques. L'intégration de la Qualité de l'Air Intérieur et de la ventilation est perçue comme indispensable. La durée des formations pourra varier selon le niveau d’expertise visé : les formations moyennes (2-3 jours) permettent un approfondissement technique, les formations longues (plus de 4 jours) offrant une expertise plus complète, alliant théorie et pratique sur le terrain. 

Public cible :

Les professionnels du bâtiment (architectes, ingénieurs, techniciens, entrepreneurs) sont identifiés comme le public cible prioritaire pour cette qualification, étant directement impliqués dans la construction, la rénovation et la maintenance des bâtiments. Les spécialistes du radon (organismes agréés pour la mesure) viennent en deuxième position, nécessitant une formation complémentaire sur les aspects liés au bâtiment et à la ventilation.

Le rapport d'étude est sur CeremaDoc :

(accès restreint)

Structuration de la filière d’experts techniques radon : élaboration d’un guide technique et cadrage des compétences et de la qualification

Une mission complémentaire devra être menée en 2025 pour approfondir et structurer la mission d'expertise technique en radon. Elle comprendra la rédaction d'un guide technique d'application détaillant les étapes et méthodes nécessaires pour mener une expertise technique dans les bâtiments, avec l'objectif de garantir la qualité des interventions.  

Des propositions de durée et de contenu des programmes de formation des experts radon seront également élaborées, servant de base pour rédiger un cahier des charges pour les formations. 

Dans la perspective de la mise en place d’une qualification par un organisme tiers, des méthodes de contrôle des compétences seront proposées, ainsi que le rôle de la commission chargée d'évaluer les rapports d’expertise avant la qualification, afin de garantir la qualité des qualifications. Ces propositions serviront de base à la rédaction d’un référentiel de qualification

L'expertise radon et son périmètre :

En France, la mission d'expertise technique radon se limite à expliquer la présence de radon et proposer des travaux de réduction, sans inclure le mesurage ni l'installation des solutions. L'extension de cette mission pourrait offrir des avantages, comme une vision holistique, une réduction des intermédiaires et une meilleure efficacité. Cependant, elle soulève des risques de conflits d’intérêts et d’implication déontologique, notamment en ce qui concerne l’impartialité des diagnostics. L’extension de la mission nécessiterait des compétences multiples et un encadrement strict pour garantir l'objectivité et la qualité.