Aménager des rues apaisées : Priorité à la priorité !
Cet article fait partie du dossier : Dossier "Vers des rues apaisées"
Voir les 23 actualités liées à ce dossierLa priorité à droite est une des règles de base du Code de la Route. Ce principe s’est effacé avec le temps pour donner du confort aux conducteurs de véhicules motorisés en leur donnant la priorité et ainsi en leur évitant toute incertitude en intersection.
Le rétablissement de la priorité à droite s’inscrit dans une démarche de consolidation de la ville apaisée.
Le retour des priorités à droite s'inscrit dans le cadre d'une stratégie d’apaisement des vitesses visant à améliorer la cohabitation et la sécurité sur l’espace public. Ce type de gestion des intersections se réaffirme petit à petit en agglomération hors des grands axes.
Le principe et ses avantages :
En ville, la fluidité de la circulation et le temps de parcours dépendent avant tout de la manière dont sont gérées les intersections. Chaque carrefour présente des capacités propres. La priorité à droite, règle de base des carrefours, est une possibilité qui permet d’apporter une gestion plus fluide aux intersections et de limiter les nombreux « stop-and-go » lorsque le trafic est faible.
La priorité à droite :
- participe à la modération des vitesses, car elle oblige les automobilistes à une plus grande vigilance aux abords des intersections. C’est un élément fondamental pour la réduction des vitesses ;
- est peu coûteuse (moins de panneaux et de marquage au sol) ;
- offre plus de fluidité aux cyclistes qui gèrent leur vitesse sans avoir forcément besoin de poser le pied à terre.
Elle est à généraliser autant que possible dans les rues secondaires (de quartier), où l’on ne recherche pas la priorité de transports en commun. La priorité à droite participe à la simplification de la hiérarchisation des voies. Elle a l’avantage de ne pas trop favoriser une voie par rapport à une autre, elle suppose un traitement équivalent des voies concernées et une absence de déséquilibre notable des flux. Cela oblige alors le conducteur à réduire sa vitesse et à faire preuve d’une grande vigilance.
Ce mode de gestion des carrefours s'adapte facilement aux contraintes d’aménagement. Sa mise en place s'intègre facilement au paysage et ne nécessite pas d'investissement en équipement ou en aménagements particuliers à quelques exceptions près.
La priorité à droite en zone 30 :
En agglomération les nombreuses intersections et priorités ne permettent pas de garder une vitesse constante élevée. En zone 30, avec une généralisation de la priorité à droite, la gestion de la vitesse par le conducteur est moins saccadée et donc plus fluide.
Une des premières réflexions à envisager pour la mise en place d’une zone 30 est la restauration d’un régime général de priorité à droite, en l’absence de ligne de transports collectifs forte. La généralisation du régime de priorité à droite constitue un premier pas vers un passage en zone 30.
Lorsque la zone 30 s’étend, il convient de mener une réflexion spécifique pour les transports publics et les axes à fort trafic peu adaptés à la priorité à droite.
La priorité à droite en zone de rencontre (et aire piétonne) :
La règle préconisée est la priorité à droite dans toute la zone.
Chaque intersection peut être une opportunité pour rappeler à l’automobiliste qu’il est dans un espace où sa vitesse doit être très réduite.
Pour souligner ce message, on pourra :
- réduire visuellement l’espace de circulation automobile à l’aide de pavages, de buissons de très petite taille, en veillant toutefois à ce que la largeur permette toutes les manœuvres dans le carrefour ;
- créer une place, en jouant avec le bâti, le mobilier urbain, la végétation.
Une visibilité accrue permet une meilleure anticipation de la détection et par suite induit un risque de franchissement du carrefour à vitesse plus élevée. Il faut donc un minimum de visibilité mais pas trop.
En plus, de cette notion de visibilité réciproque entre les différents usagers, la mise en place de la priorité à droite requiert une bonne perception du contexte de la zone de conflit : l’intersection doit être lisible. La lecture de la situation ne doit pas prêter à confusion que ça soit en termes de signalisation, de marquage ou d’aménagements.
Des points de vigilance :
Il existe des cas pour lesquels la mise en place d’une priorité à droite n'est pas souhaitable.
La présence d’une ligne de transports en commun (TC)
Dans le cas où une ligne TC serait présente sur un axe de la zone étudiée (tramway, bus en site propre ou bus à haut niveau de service), la mise en place d’une priorité à droite n’est généralement pas une bonne solution du point de vue performance du TC. En effet, ce qui est recherché est la régularité du TC. C'est pourquoi il est souhaitable de maintenir la priorité de l'axe emprunté par le TC sur les rues rencontrées en carrefour.
La présence d’un flux important sur plusieurs branches
En général, les carrefours à priorité à droite ne sont pas adaptés aux voies importantes. En effet, pour qu'un carrefour à priorité à droite fonctionne, il faut qu'il y ait des créneaux inter véhiculaires suffisamment importants pour qu'une branche ne bloque pas l'écoulement des autres branches. Il faut donc limiter l’application de la priorité à droite aux carrefours à faible trafic.
La présence d'un déséquilibre entre les flux de circulation sur les branches du carrefour
La priorité à droite suppose également un traitement équivalent des voies concernées et une absence de déséquilibre notable des flux. Il est important que visuellement le carrefour soit crédible, et qu'il n'y ait pas une branche qui impose son flux et bloque à certaines heures l'écoulement des autres mouvements.
L’échelle d’application de la priorité à droite
Dans le but de ne pas surprendre les automobilistes, il est conseillé d’implanter une priorité à droite sur une zone ou sur un axe afin que la démarche soit cohérente et bien appréhendée par les usagers.
Dans le dossier Dossier "Vers des rues apaisées"