L’analyse des risques est une méthodologie avancée de gestion des ouvrages d’art, à mettre en place en complément de l’application de l’ITSEOA (Instruction technique pour la surveillance et l'entretien des ouvrages d'art). ELle permet aux gestionnaires de compléter leur connaissance du patrimoine et de son état, en caractérisant l'éventualité d'une ruine ou d'une baisse du niveau de service et des conséquences qui en résulteraient.
Un enjeu fort à évaluer le risque sur ces ouvrages anciens
Pour cela, on prend en compte l’état de l’ouvrage ainsi que son insertion dans son environnement et son importance socio-économique. Cette information permet d'identifier les ouvrages les plus préoccupants et établir une planification plus efficace des actions de surveillance, d’auscultation, d’entretien et de réparation.
Les ponts en maçonnerie sont des ouvrages anciens et difficiles à modéliser, ce qui rend complexe la vérification vis-à-vis des charges modernes. Du fait de leur grand âge, ils présentent souvent un débouché hydraulique plus faible que celui des ouvrages modernes, pas forcément compatible avec les épisodes de crues de plus en plus violents auxquels ils sont soumis. Ils ont également généralement subi de nombreuses modifications d’usage. Les ponts en maçonnerie représentent, en nombre, une part non négligeable du patrimoine sur le réseau routier national non concédé : 10 % en moyenne et jusqu’à 25 % dans certaines zones de montagne.
De plus, les ponts en maçonnerie ont un comportement très spécifique, différent des ouvrages plus modernes, et qui n’est pas toujours facile à appréhender. Enfin, ils représentent une grande part du patrimoine dans les zones montagneuses où il est difficile de dévier la circulation qu’ils supportent.
Ce guide présente la déclinaison de la méthodologie d’analyse des risques sur les ponts en maçonnerie, qui constitue un outil d’aide à la gestion d’un patrimoine d’ouvrages d’art. C'est une méthode de priorisation qui permet de guider le gestionnaire en faisant ressortir les ouvrages nécessitant une attention particulière, en termes d’études ou de travaux. Cette analyse de risques est menée en deux phases, suivant les ouvrages:
- Une analyse des risques simplifiée et systématique : cette première analyse est principalement qualitative, ce qui la rend rapide et économique. Elle est établie à partir du recensement des ouvrages et de certaines données normalement disponibles relatives aux aléas et aux ouvrages eux-mêmes. Cette analyse est réalisée sur l’ensemble du patrimoine concerné et permet de classer les ouvrages selon leur catégorie de risque ;
- Une analyse détaillée pour les ouvrages présentant les niveaux de risques les plus importants : elle nécessite le recueil d’informations quantitatives, le plus souvent en procédant à des prélèvements, des sondages ou des essais et en effectuant une visite d’inspection par du personnel qualifié. De ce fait, elle est plus coûteuse et consommatrice de temps. Cette seconde phase d’analyse est conditionnelle et ne doit être réalisée que sur les ouvrages pour lesquels elle est susceptible d’apporter des informations complémentaires précisant le niveau de risque.
Une méthode pour identifier l'aléa et le niveau de risque
Ce guide largement illustré présente la méthodologie, ses enjeux et objectifs et les étapes pour l'appliquer. Le guide présente les éléments constitutifs des ponts en maçonnerie : morphologie, matériaux utilisés, fonctionnement, causes possibles de désordres telles que la modification des usages, les crues..
Les différents aléas auxquels sont confrontés les gestionnaires sont explicités de manière à pouvoir les identifier et les évaluer, ainsi que les moyens d'obtenir les données pertinentes. Les principaux types d'aléas mentionnés sont l'affouillement et la déstabilisation des fondations, la mise en charge de l'ouvrage lors des crues, l'impact lié à l'évolution des charges d'exploitation, les chocs sur la structure ou encre la rupture des murs.
Ensuite, le guide détaille les critères permettant de caractériser la vulnérabilité de chaque ouvrage aux différents aléas ainsi que leur évaluation. Enfin, il aborde les conséquences de ruine ou de limitation de l’usage de l’ouvrage, dont la gravité est évaluée selon la méthodologie proposée dans le guide "Maîtrise des risques – Application aux ouvrages d’art" et repose sur des critères socio-économiques, ainsi que les calculs pour évaluer le niveau d'aléa.
Des pistes concernant les suites à donner en fonction du niveau de risque concluent le document.