Cet article fait partie du dossier : Le Cerema mobilisé pour adapter le bâti au changement climatique
Voir les 16 actualités liées à ce dossierPourtant, d’autres types de bâtiments communaux moins souvent identifiés sont eux aussi impactés, telles que les halles de marché couvert.
Les enjeux spécifiques des halles de marché face aux chaleurs estivales
Edifices commerciaux au cœur des villes, les halles ont connu un développement significatif à partir du XIIIème siècle. Edifices couverts et très largement ouverts, elles abritaient des marchandises diverses, y compris de nombreux animaux. L’architecture des halles a connu des bouleversements importants avec la révolution industrielle, qui a permis la construction de pavillons en ossature métallique, comme ceux conçus par Victor Baltard. Le courant du XXème siècle a fait évoluer les nouvelles constructions vers des bâtiments davantage clos, plus confortables et hygiéniques, sous des formes architecturales variées.
De lieux d’échanges commerciaux divers, les halles sont aujourd’hui davantage tournées vers les commerces de bouche, et proposent davantage de produits alimentaires prêts à être consommés, y compris de la petite restauration.
La conception initiale ou les réaménagements successifs font de certaines halles des bâtiments peu adaptés à des températures extérieures élevées. C’est plus particulièrement le cas dans les zones géographiques dont les traditions et habitudes architecturales n’intègrent pas de protection contre le soleil estival.
Le progrès technologique a vu l’arrivée de nouveaux appareils au service des commerçants, notamment les chambres froides et les vitrines réfrigérées qui permettent une meilleure conservation des aliments, mais augmentent de manière importante les apports de chaleur interne dans le bâtiment.
Or, les températures intérieures élevées ont un impact sur l’activité de ces édifices, car :
- Elles rendent plus difficile la conservation des denrées alimentaires et engendrant des dysfonctionnements sur les équipements de maintien de la chaîne du froid
- Elles ont une influence sur la fréquentation par les clients, qui y trouvent des conditions moins confortables pour faire leurs achats
- Elles dégradent les conditions de travail des commerçants et de leurs employés.
Les épisodes de chaleur plus fréquents et intenses ont tendance à exacerber des problématiques d’inconfort qui préexistaient, au point de nécessiter la mise en œuvre d’actions de la part des collectivités.
Les actions possibles pour améliorer le confort d’été dans les halles de marché
Tout comme d’autres bâtiments, les leviers d’actions se répartissent en 3 catégories :
- en journée, se protéger des apports de chaleur externes et du rayonnement solaire direct,
- la nuit, évacuer la chaleur accumulée,
- limiter les apports de chaleur internes, qu’ils proviennent des équipements collectifs ou de ceux appartenant aux commerçants.
Se protéger des apports de chaleur externes et du rayonnement solaire direct
Si les halles de l’ère industrielle étaient souvent pourvues de baies ouvertes munies de persiennes, assurant protection solaire et ventilation, les rénovations ont souvent amené à mettre ces établissements hors d’air et d’eau au moyen de vitres, sans toujours conserver de protections solaires. Les bâtiments de conception plus moderne ont pu également développer de larges façades vitrées, dans une logique de meilleure pénétration de la lumière naturelle.
Ces bâtiments sont ainsi devenus plus vulnérables aux surchauffes estivales. Selon leur situation et leur environnement proche, le problème de surchauffe peut être accentué par un phénomène d’îlot de chaleur urbain.
La mise en œuvre de protections solaires constitue une solution efficace. Le type de protection à retenir dépendra de plusieurs facteurs :
- L’orientation des surfaces vitrées : en façade sud, des casquettes ou des lames fixes faiblement inclinées assureront une protection efficace. Pour les façades orientées est et ouest, d’autres types de dispositifs sont nécessaires, avec des lames orientables ou sur châssis mobile, ou encore des films solaires.
- L’environnement : l’air salin, les vents forts nécessitent un recours à des matériaux plus résistants.
- Le niveau de maintenance et d’entretien pouvant être assuré par la collectivité : les dispositifs mécanisés et automatisés, souvent plus efficaces, nécessitent un entretien et des actions de maintenance plus régulières.
Le recours à la végétalisation à faible distance des façades ensoleillées est une solution intéressante, mais dont les effets ne seront produits qu’à moyen ou long terme. Le choix des végétaux nécessite la prise en compte de nombreux paramètres : disponibilité du sol, climat, entretien…
Le Cerema a construit l’outil Sesame, pour aider à la décision dans le choix des essences à planter en fonction des espaces et des attentes des usagers.
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Dans le cas de bâtiments dont les toitures sont peu isolées et sans ventilation de sous toiture, l’application de peinture réflective pourra limiter les apports induits par le rayonnement du toit, en attendant de pouvoir financer et entreprendre une meilleure isolation thermique de la toiture.
Favoriser l’aération ou la ventilation nocturne
L’aération ou la ventilation nocturne sont indispensables pour permettre une évacuation des calories accumulées pendant la journée.
Les bâtiments plus anciens ont généralement été conçus pour permettre une bonne circulation de l’air, via des ouvertures spécifiques en façade ou en toiture.
Cependant, l’aération nocturne par l’ouverture des menuiseries se heurte parfois aux enjeux de sécurité. Certaines conceptions anti intrusion empêchent une ouverture suffisante des ouvrants : grilles ou rideaux métalliques trop proches des menuiseries, faible ouverture permises par les menuiseries….
C’est pourquoi il importe, lors d’opérations de changement des menuiseries, de prévoir des ouvrants :
Du côté des commerçants,
une limitation de la consommation d’énergie et de la quantité de chaleur rejetée
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