Une part dominante de nos activités humaines sont exercées dans des bâtiments et pendant la grande majorité de notre temps. Les impacts du dérèglement climatique sur les bâtiments et les fonctions qu’ils abritent représentent ainsi un enjeu majeur et grandissant, qu’il y a lieu de particulièrement anticiper au regard de la longue durée de vie de ces constructions. Cet enjeu porte en premier lieu sur le confort thermique intérieur, mais aussi sur l’effet des aléas induits pour les lieux où ces bâtiments sont construits.
Éviter la surchauffe dans les bâtiments et la ville
L’adaptation du cadre bâti au changement climatique amène la question principale et directe de l’incidence des vagues de chaleur et des situations de surchauffe estivale qui, si elles sont déjà identifiées comme un problème, deviendront de plus en plus prégnantes.
Le Cerema, impliqué sur le sujet du confort thermique et de la performance énergétique du bâtiment (cadre bâti et équipements techniques) fait le lien entre le présent et le futur et utilise ses compétences au service de l’anticipation.
L’adaptation du bâti au réchauffement recouvre deux champs de questionnement :
- Comment construire dès aujourd’hui des bâtiments neufs adaptés à la situation de demain ?
- Comment adapter le bâti existant pour faire face aux défis climatiques de demain ?
Trois grandes opportunités se présentent dans ces deux champs :
1. Une nouvelle réglementation pour les bâtiments neufs, avec une nouvelle méthode de prise en considération du confort d’été et des consommations induites le cas échéant par la climatisation, méthode pour laquelle l’expertise du Cerema a été sollicitée. Ce contexte sera très porteur pour l’ajustement des méthodes de conception, la diffusion des bonnes pratiques et pour l’émergence de solutions innovantes de tous ordres.
2. Le dispositif éco-énergie tertiaire existant, qui vise une réduction des consommations énergétiques très ambitieuse dans les bâtiments hébergeant des activités tertiaires.
Si la question des consommations d’hiver prime encore dans les projets de rénovation, celles-ci peuvent être envisagées en convergence avec le confort d’été, pour compléter les économies d’énergies dans le cas des bâtiments climatisés ou éviter l’ajout de telles consommations.
3. La dynamique de rénovation énergétique des logements existants, en lien avec la loi Elan, l’opposabilité du DPE et le traitement nécessaire des passoires énergétiques.
De la même manière, veiller à faire progresser le confort d’été et ne pas le dégrader par les travaux réalisés est un sujet d’attention croissant. Le DPE dans sa nouvelle formule affiche d’ailleurs un classement sur le confort d’été.
Un risque de mal adaptation est présent dans tous les esprits : celui du traitement du problème par la climatisation sans autre accompagnement, qui conduit à aggraver la situation locale objet de l’adaptation (rejet de chaleur des climatiseurs), et à accentuer par voie de conséquence les consommations et leurs émissions induites.
Le phénomène d'îlôt de chaleur, étudié par la recherche au Cerema, par les équipes "bâtiments performants dans leur environnement", et "transferts et interactions liés à l'eau en milieu construit", pourrait alors être amplifié.
Les solutions de conception pour l’adaptation sont diverses, et toutes les techniques, qu’elles fassent appel ou non au rafraîchissement, sont autant d’objets à étudier avec l’objectif d’aller vers le meilleur usage tout en garantissant l’efficacité. Cela implique de mieux qualifier les solutions existantes, par l’étude théorique comme par l’instrumentation et le retour d’expérience, mais aussi d’analyser et intégrer les promesses de l’innovation.
Le projet "Rite", qui vise la diffusion d'outils simples d'évaluation du risque d'inconfort d'été, contribue à l'appropriation des enjeux sur les paramètres courants.
Enfin, et c’est capital pour le confort d’été, le comportement des occupants joue un rôle majeur, ce qui donne tout leur intérêt aux démarches de sensibilisation et d’accompagnement à l’évolution des pratiques d‘utilisation des bâtiments.
L’ensemble de ces axes de travail sont intégrés dans les démarches de gestion de patrimoine immobilier, dans lesquelles l’adaptation au changement climatique pourra s’insérer dans ses différentes composantes.
Le bâti face aux risques liés au dérèglement climatique
Le bâti est également impacté par les phénomènes naturels induits par l’évolution du climat, et notamment l’aggravation et la récurrence des sécheresses et leurs conséquences sur les sols argileux sujets aux phénomènes de retrait et de gonflement, l’évolution à la hausse des précipitations intenses, l’aléa cyclonique en zone tropicale, et l’élévation du niveau marin.
Ces aléas, pour la plupart dans le champ d’intervention du Cerema dans le domaine des risques, représentent une contrainte aujourd’hui qui est de plus en plus préoccupante pour l’avenir.
Prévoir l’adaptation au changement climatique, c’est aussi se projeter dans une société qui va changer à divers titres, et son corollaire d’incertitude. L’adaptation du bâti nourrit des liens forts avec les thématiques de la ville durable, des modes de déplacement et des modes de vie. Le Cerema par sa transversalité est en mesure d’aborder les questions prospectives en inter-thématiques, et d’accompagner les territoires, les maîtres d’ouvrages ou autres décideurs par une vision intégratrice.
Le Cerema soutient l’initiative de l’OID Bat’adapt, un programme de travail dédié à l’adaptation des bâtiments au changement climatique |
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