Cet article fait partie du dossier : Gares et pôles d’échanges multimodaux : un centre de ressources sur les lieux de l’intermodalité
Voir les 23 actualités liées à ce dossierLe Cerema accompagne les collectivités lauréates de l’appel à projets "transports en commun en sites propres et pôles d’échanges multimodaux" (TCSP-PEM) dans la mise en œuvre de leur projet de pôle d’échange en zone peu dense. Dans ce cadre, une série de webinaires est organisée à destination des lauréats.
Le 5e webinaire, organisé le 30 mai 2023, a été consacré à l’accessibilité des pôles d’échanges multimodaux. Le Cerema y a présenté les enjeux, les points de vigilance et des recommandations pour améliorer l’accessibilité des différents espaces qui composent un PEM, ainsi que l’accessibilité vers les PEM.
Contexte réglementaire et enjeux d’accessibilité des PEM
Sylvain Michelon, Chef du Groupe Aménagements Urbains au Cerema Territoire et Ville, a présenté le contexte réglementaire et les grands enjeux d’accessibilité des PEM.
Les PEM sont composés de plusieurs espaces aménagés (gares, parvis, aires de covoiturage, parkings relais, stations de dépose-minute, stationnements vélo, points d'arrêts de bus, cheminements piétons, voiries) ainsi que de services (information voyageurs, vente de titre, services de location de veh…). Il n'existe pas de réglementation spécifique sur l'accessibilité des pôles d'échange, mais chaque composante du pôle est soumise à des réglementations spécifiques en matière d'accessibilité (réglementation liée à la voirie, aux établissements recevant du public,etc.). Les aménagements neufs des pôles d'échanges doivent respecter les exigences d’accessibilité à leur mise en service; tandis que pour les aménagements existants, les échéances de mise en accessibilité sont fixées dans les « Agendas d’Accessibilité Programmées.
L'accessibilité PMR repose sur la continuité entre le cadre bâti, les réseaux de transports, les véhicules, la voirie et les espaces publics. Une approche centrée sur les usagers et prenant en compte différents handicaps est nécessaire pour assurer une accessibilité complète de la chaîne de déplacement au sein du pôle, tant au niveau des aménagements que des services proposés.
Accessibilité des points d’arrêts bus et des gares routières
La configuration d'un arrêt de bus peut être adaptée pour améliorer son accessibilité. Dans certains cas, la mise en accessibilité d'un point d'arrêt de bus peut nécessiter le déplacement de celui-ci, notamment lorsque les contraintes géométriques ne permettent pas de respecter les largeurs réglementaires requises.
Reference Cerema : Points d’arrêt de bus et de car accessibles à tous : de la norme au confort, Cerema, 2028
Les normes d'accessibilité PMR des points d'arrêt de bus s'appliquent aux gares routières, avec des exigences telles que des cheminements dégagés, une aire de rotation suffisante pour les personnes en fauteuil roulant (1,5 mètre), des pentes adaptées, etc. La responsabilité de rendre la gare routière accessible incombe au propriétaire de celle-ci, avec une possible contribution financière de l'AOM.
Référence Cerema : Gares routières, Cerema, 2017
Accessibilité des cheminements d’accès aux PEM
L’accessibilité des cheminements d’accès au PEM passe par plusieurs précautions :
- une bonne gestion des pentes et dévers,
- des largeurs de cheminements suffisantes (1,20m sans obstacle soit 1.80m de largeur de trottoir recommandée pour prendre en compte les éventuelles implantations de mobilier urbain),
- des contrastes au sol (entre cheminement piéton et piste cyclable par exemple)
- une sécurité de déplacements avec une bonne délimitation des flux (voiture, vélos, piétons, etc). La réglementation a clarifié la place des vélos et des trottinettes à assistance électrique sur la voirie, lesquels doivent circuler sur la chaussée. Une attention particulière doit être accordée aux raccordements entre les pistes cyclables, les parvis, et les espaces de stationnement sécurisé pour les vélos
Référence Cerema : Réussir l’accessibilité des espaces publics : Recommandations issues de la préparation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, Cerema, 2021
Accessibilité piétonne aux passages à niveau
Gabriel Kleinmann, chef de projet sécurité de l'infrastructure routière et aménagements au Cerema a présenté les enjeux et les leviers d’action pour améliorer l’accessibilité piétonne aux passages à niveau, en effet, un passage à niveau avec traversée piétonne peut être situé sur un cheminement d’accès au PEM :
- Privilégier une réflexion globale du déplacement des piétons aux abords des passages à niveau en lien avec les différents outils de planification (Plan de mise en accessibilité de la voirie et des espaces publics, Plan de mobilité…). Il est notamment nécessaire, pour des raisons de sécurité, de toujours réfléchir en premier lieu à la possibilité d’une alternative au passage à niveau, via un autre itinéraire sécurisé et attractif pour le piéton.
- Établir une concertation étroite entre la commune (ou l’EPCI), le gestionnaire de la voirie et le gestionnaire de l'infrastructure ferroviaire afin d'assurer la cohérence globale de l'aménagement.
- Lors de travaux d'aménagement, en agglomération, il est obligatoire de rendre la voirie accessible aux abords des PN, conformément au décret n°2006-1657.
- Réaliser un diagnostic de sécurité routière pour tous les PN ouverts à la circulation routière, ferroviaire ou piétonne, en coordination avec le gestionnaire de l'infrastructure ferroviaire, conformément à l'article L 1614-1 du code des transports.
- Informer le gestionnaire de l'infrastructure ferroviaire et le gestionnaire de la voirie de tout projet de construction, d'opération d'aménagement ou d'installation permanente ou temporaire situé dans un rayon de 3000 mètres autour d'un passage à niveau, conformément aux articles L 2231-7 et R 2231-7 du code des transports.
Ressource Cerema : Guide sur l’accessibilité des passages à niveau, Cerema, 2013 (nouvelle édition en cours de rédaction)
accessibilité de La signalétique et du jalonnement
Florence Girault, directrice de projets Services de mobilités et transition énergétique des mobilités au Cerema Territoire et Ville, est intervenu sur l’accessibilité de la signalétique et du jalonnement.
Différents supports de signalétique sont a rendre accessibles :
- La signalétique de jalonnement (vers le PEM)
- La signalétique dans les différents espaces du PEM (attention à la continuité de l’information entre les différents espaces / bâtiments)
- La signalétique en période de travaux
Par ailleurs, l’information utile à l’usager, en amont du déplacement, doit également être rendue accessible (sites internet et applications à rendre accessibles, et obligation de collecte des données d'accessibilité des transports et de la voirie, d'ici décembre 2023, pour alimenter les applications permettant de renseigner les usagers sur l’accessibilité des cheminements et arrêts).
Référence Cerema : Réussir l’accessibilité des espaces publics : Recommandations issues de la préparation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, Cerema, 2021
accessibilité des parvis
Sylvain Michelon, du Cerema, est intervenu sur l’accessibilité des parvis, en s’appuyant notamment sur les illustrations du guide Cerema « Réussir l’accessibilité des espaces publics pour les JO 2024 », et sur l’exemple du PEM d’Auray où les flux piétons sont bien gérés :
- Absence de conflits entre les piétons, les véhicules privés (VP) et les bus,
- Les cheminements piétons sont clairement définis, directs, larges, confortables et complets, facilitant ainsi la circulation des piétons dans le PEM.
- Des bandes de guidage sont présentes le long des principaux chemins pour aider les personnes malvoyantes à se déplacer en toute sécurité.
- Les espaces publics sont aménagés en intégrant la nature, offrant ainsi un confort thermique appréciable pendant les périodes estivales.
accessibilité du stationnement PMR
Pauline Gauthier, Cheffe de projets accessibilité espaces publics au Cerema est intervenue sur le stationnement PMR et l’emplacement des bornes de recharges.
Le nombre de stationnements PMR en voirie doit représenter au moins 2% de la zone. Idéalement, les stationnements doivent être implantés au plus près de la destination, comme à proximité des points de correspondance, à une distance inférieure à 200 mètres. La largeur des places de stationnement doit être supérieure à 3,30 m pour tenir compte de la largeur des fauteuils roulants. La pente et le dévers transversal des places de stationnement doivent être inférieurs à 2% pour faciliter l'accès.
L'accès au trottoir depuis les stationnements doit être assuré par un cheminement accessible avec un abaissement de trottoir ou, dans certains cas, une place de stationnement au niveau du trottoir. Il est important de prévoir une largeur minimale de 1,40 mètre aux abords des stationnements pour permettre la circulation aisée des piétons. Des dispositifs physiques tels que des bornes, des bandes en relief ou des trottoirs peuvent être utilisés pour empêcher les véhicules de bloquer ces cheminements.
accessibilité des Bornes de recharges pour véhicules électriques
Il n’y a pas de réservation spécifique des emplacements de recharge pour véhicule électrique, pour les PMR, mais un critère d’accessibilité de ces emplacements.
Le projet de réglementation prévoit un taux d'accessibilité de 20 à 50% est requis pour les bornes de recharge entre 1er janvier 2020 et le 31 décembre 2025, avec une diminution progressive en fonction du nombre de places.
- Prévoir un espace de manœuvre suffisant pour accéder autour du véhicule et manipuler la borne de recharge, étant donné qu'il n'y a pas de normes pour l'emplacement des prises sur les véhicules. Pour économiser de l'espace, possibilité d'utiliser une largeur commune à deux emplacements.
- En cas d’installation de protections pour les bornes de recharge, celles-ci doivent être placées au plus près de la borne pour ne pas entraver le passage en fauteuils roulants.
La méthode des parcours commentés et des parcours du combattant pour élaborer un diagnostic d’accessibilité avec les usagers
Joël Meissonier, Docteur en sociologie et spécialiste de la mobilité et des comportements de consommation est intervenu pour présenter deux méthodes pour réaliser un diagnostic de l'accessibilité dans un pôle d'échange, pour des personnes à mobilité réduite. Ces méthodes consistent à obtenir des retours d’usagers à mobilité réduite, en situations réelles. Ces retours peuvent ensuite être pris en compte pour la définition des améliorations pour rendre ces espaces plus accessibles Elles permettent de comprendre le vécu des usagers et d’utiliser l'expérience des utilisateurs pour compléter les normes techniques.
- Le parcours commenté, aussi appelée parcours mobile en sociologie : L'idée est de suivre un individu, dans un de ses parcours habituels, au milieu des autres usagers, en l'écoutant verbaliser ses actions. Un enquêteur accompagnateur et un caméraman sont présents pour capturer la conversation et l'environnement de l'individu. Cette méthode permet de recueillir le point de vue du voyageur en marche et de découvrir ses tactiques et micro-stratégies (choix de l’itinéraire, positionnement sur la chaussée…), offrant une connaissance différente de la connaissance technique.
- La méthode du parcours du combattant s'adresse à des personnes qui ne fréquentent pas habituellement les lieux. Ces personnes sont mises au défi de réaliser une mission : prendre le bus n°X à destination de tel arrêt. L'objectif est de voir comment ces personnes s'adaptent aux situations rencontrées, en identifiant les difficultés et les dysfonctionnements de l'infrastructure. Cette méthode est particulièrement utile pour comprendre comment les touristes et les étrangers à la ville utilisent les outils mis à leur disposition pour s'orienter.
Le fait de filmer ces types de parcours présente un grand pouvoir de persuasion, en particulier auprès des élus, ce qui en fait un outil précieux pour promouvoir l'accessibilité.
L'enregistrement vidéo :
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