Réutilisation des eaux usées traitées sur le littoral : les 12 premiers lauréats

6 décembre 2024
Station d'épuration Leblond en Guyane
Frédéric Florent-Giard / Terra
Le Cerema, l'Association Nationale des Elus du Littoral et le Ministère de la Transition Ecologique, avec le soutien des Agences de l’Eau, l’Office Français de la Biodiversité et la Banque des Territoires, ont lancé un programme pour accompagner les territoires littoraux dans le déploiement de la Réutilisation des Eaux Usées Traitées (REUT). 12 territoires intègrent le programme dès 2024.

Ce programme vise à renforcer la gestion de la ressource en eau face aux effets du changement climatique et aux enjeux de résilience, dans le cadre du Plan Eau 2023, qui ambitionne de multiplier par 10 la réutilisation des eaux d'ici 2030.

 

Une approche globale sur la ressource en eau

La REUT permet de préserver la ressource en eau en réutilisant les eaux usées traitées, en particulier dans les territoires littoraux où l'eau retournant rapidement en mer peut être valorisée avant son rejet. Le littoral est un espace naturel sensible où les nappes phréatiques sont particulièrement sollicitées en période touristique estivale. L’enjeu est d’optimiser la ressource en eau pour nos usages agricoles, urbains, industriels ou environnementaux, tout en encourageant les mesures d’économies d’eau et en préservant les milieux naturels littoraux et marins.

La mesure 18 du Plan Eau lancé par le gouvernement a pour objectif de dynamiser la mise en œuvre de projets de REUT sur les zones littorales.

Ces projets seront menés avec un objectif de gestion résiliente et concertée de la ressource en eau, et avec l’ambition d’avoir un impact environnemental positif sur les milieux récepteurs. 

 

L’opportunité de la REUT à l’échelle du territoire sera évaluée :

 

 

  • Au regard d’autres solutions de gestion durable de la ressource en eau, à commencer par les mesures d’économie et de partage de l’eau, ainsi que vis-à-vis d’autres modes de recours aux eaux non conventionnelles.
  • En intégrant les enjeux de territoire actuels et à venir.
  • En intégrant plusieurs stations d’épuration et unités de valorisation dans l’analyse du potentiel de REUT.
  • En analysant les bénéfices et les risques (notamment l’impact sur l’environnement) associés.

 

Un programme d’accompagnement pour construire des stratégies de REUT 

Le programme d’accompagnement soutient les collectivités littorales dans l’élaboration de stratégies de REUT adaptées à leur contexte. Il inclut plusieurs étapes d’étude :

  • Études d’opportunité : diagnostic territorial des tensions sur la ressource, des besoins actuels et futurs, des acteurs territoriaux et identification des stations d’épuration opportunes.
  • Études de préfaisabilité : analyse bénéfices-risques des projets et élaboration d’une feuille de route prévisionnelle.
  • Études de faisabilité : analyse coût-bénéfice technico-économique, social et environnemental du projet retenu.

Plusieurs collectivités (communes, intercommunalités, départements, régions, syndicats des eaux et d’assainissement, sociétés publiques locales) bénéficieront pour réaliser ces études : 

  • d’un appui technique du Cerema et d’un cadre méthodologique pour le montage et le suivi des études ; 
  • de subventions à hauteur de 80% maximum ;
  • d’une dynamique collective de partage d’expérience

Les 12 lauréats : Zoom sur les enjeux des territoires

 
 
5 territoires sont directement lauréats de l’aide financière : 
  • CC Bassin Marennes et Rochefort Océan, CC Ile Oléron, CC Ile de Ré (Nouvelle Aquitaine): en deux volets séparés, le porteur de projet Eau 17 souhaite mobiliser 14 stations d’épuration dont 5 rejettent en mer, pour réutiliser les eaux usées traitées dans l’irrigation et les espaces verts ou dans des bornes de REUT multiusage, en s’inscrivant dans une démarche globale de sobriété et d’économie de la ressource en eau.
  • Communauté d’agglomération Pays de l’Or (Occitanie) : La collectivité qui concentre des enjeux touristiques, environnementaux et agricoles, souhaite identifier les usages possibles pour les eaux usées traitées issues de 5 stations qui rejettent dans les étangs et lagunes. Elle mène déjà trois projets de REUT pour la revitalisation d’une zone humide, l’arrosage d’espaces verts et d’un golf.
  • Communauté d’agglomération Sud La Réunion (La Réunion) : Ce projet qui s’intègre dans un projet de territoire concerne une station de traitement des eaux usées isolée des autres, envisage une gouvernance avec les usagers. L’eau de la station pourrait être utilisée par un lycée agricole et des industries.
  • Commune de Sainte-Luce (Martinique) : La communauté d’agglomération Espace Sud Martinique porte cette étude d’opportunité sur les divers usages des eaux usées traitées d’une station rejetant en mer dont 50% doivent être réutilisées pour la distillerie.
  • Communauté de communes de Belle-Ile-en-Mer (Bretagne) : le projet porté par le syndicat départemental Eau du Morbihan concerne 6 stations d’épuration de l’île qui rejettent habituellement en mer, avec des usages envisagés dans l’agriculture, l’élevage, ainsi que des usages urbains et domestiques. En parallèle, une démarche visant la sobriété, avec la réduction des fuites sur le réseau, est menée dans ce territoire régulièrement confronté au manque d’eau.