21 avril 2020
Proposerpolder vue de marais avec au loin un village
Tjaart Molenkamp
Le programme Interreg Polder2CS porte sur la Manche et la mer du Nord, où l’impact du changement climatique s’avère plus rapide et plus important que les prévisions ne l’indiquaient au départ. Il vise à compléter les connaissances sur le phénomène de submersions marines et l’entretien des digues, pour les intégrer dans les stratégies opérationnelles d’adaptation des territoires. Les travaux seront menés sur deux polders en cours de dépoldérisation.

logo 2 Seas interregLe projet partenarial Polder2Seas a démarré le 1er décembre 2019, pour une durée de près de trois  ans et s’inscrit dans le cadre d’un programme INTERREG plus vaste, 2 Seas, portant sur l’adaptation des territoires de la zone des "deux mers" (la Manche et la Mer du Nord) au changement climatique.

Il implique en tant que partenaires ou observateurs de nombreuses structures des Pays-Bas, de Belgique, de Grande Bretagne et de France[1] : au total, 75% de la zone concernée par le projet est couverte par un ou plusieurs organismes.

 

Préparer les acteurs à l’impact du changement climatique sur les zones côtières basses

Vue d'une plaine marecageuse du polder Propser
Polder Prosper - T Molenkamp

Les objectifs sont de développer les capacités des territoires côtiers à s’adapter aux impacts du changement climatique, principalement vis-à-vis du phénomène de submersion marine, et d’organiser la réponse d’urgence à l’échelle transnationale en cas de submersion.

Cette région côtière possède également de nombreux cours d’eau, ce qui augmente le risque de submersions marines auxquels les territoires sont peu préparés, notamment en raison du manque de sensibilisation à ces risques émergents et leur évolution. En effet, les prévisions des scientifiques indiquent que l’impact du changement climatique augmentera de manière exponentielle sur ces territoires côtiers.

Les problématiques auxquelles sont confrontés les quatre pays partenaires ne sont pas tout à fait les mêmes : les Pays-Bas et la Belgique se concentrent principalement sur la protection contre les inondations en raison de leur vulnérabilité aux niveaux d'eau élevés des mers et des rivières, tandis qu’en Angleterre et en France, l'accent est mis sur les interventions d'urgence en raison de l’impact important des précipitations extrêmes.

Polder2CS doit permettre de développer la connaissance du risque de submersions, d’identifier le niveau de réponse actuel ainsi que les leviers d’amélioration de cette réponse. Un travail doit être effectué avec les différents acteurs, pour qu’ils puissent intégrer ce risque dans leurs stratégies.

Le projet se concentre sur les besoins stratégiques, tactiques et opérationnels de toutes les parties prenantes, notamment en améliorant les connaissances sur la réponse des infrastructures de protection.

Un des aspects importants du projet est de sensibiliser les acteurs, dont le grand public, au fait qu’une protection totale contre les inondations et submersions n’existe pas, et qu’il faut donc intégrer le risque dans les processus de prise de décision tels que les investissements ou l’aménagement des territoires. Des programmes éducatifs et de formation, des boîtes à outils pour les différents acteurs seront développés pour partager la connaissance des risques.

Le projet permettra de tester sur le site retenu la résilience aux phénomènes actuels et à venir, ainsi que les interventions d’urgence sur les ouvrages de protection.

 

Mettre en place une réponse d’urgence transnationale

Site du polder marécageux
Site du living lab - Polder2CS

Afin de soutenir la mise en œuvre de stratégies et de réponses opérationnelles, le projet Polder2CS comprend plusieurs objectifs :

  • Développer les connaissances pratiques sur le comportement des infrastructures actuelles ou innovantes en cas d’aléa, et sur les techniques et méthodes d’intervention d’urgence. Un plan de réponse d’urgence à l’échelle transnationale et un plan d’entretien des ouvrages de protection seront élaborés.
  • Tester, améliorer et ajuster les stratégies nationales et régionales et les niveaux d'expertise sur l’adaptation au changement climatique, pour orienter les investissements et favoriser l’efficacité des interventions d’urgence.
  • Développer la connaissance des acteurs sur les risques à long terme.
  • Créer une plateforme pour les échanges de connaissances et d’expertises et développer la collaboration entre les acteurs.

Les travaux seront menés autour de la "dépoldérisation" de deux sites de 6 km² aux Pays-Bas, les polders Hedwige et Propser qui sont côte à côte au niveau de la frontière belgo-hollandaise, dans lesquels la mer revient, et qui constitueront un living lab pour développer de nouvelles approches.

Différentes solutions de protection, dont certaines innovantes, seront évaluées sur les polders :

  • Essais de franchissements,
  • Essais de surverse,
  • Exercices d’inspection,
  • Ouverture de brèches,
  • Fermeture de brèches.
Poler Hedwige
Polder Hedwige - Polder2C's

Des stress tests seront effectués sur les ouvrages de protection (franchissements, surverse, brèche) avec des exercices combinant inspection visuelle et inspection détaillée à distance en temps-réel. Ces travaux permettront de définir des techniques d’entretien afin de prolonger la durée de vie des ouvrages. A la fin du projet, un exercice en condition réelle sera mené.

Des outils seront évalués et proposés pour permettre une réponse d’urgence coordonnée à l’échelle internationale, impliquant les organismes actifs dans la réponse d’urgence, les autorités locales et nationales, et les autorités actives dans la gestion de l’eau. Des exercices seront menés conjointement par les acteurs, qui seront formés également à travers des journées annuelles au niveau national et international, et une information régulière par des newsletters.

La collaboration portera aussi sur l’entretien et la conception des ouvrages de protection, via des groupes de travail, de l’échange d’information, des événements destinés à partager les connaissances.

Un important volet du projet consiste à sensibiliser le grand public, notamment les écoliers pour lesquels des actions pédagogiques seront mises en place, et les étudiants des universités auprès desquels les résultats techniques du projet et l’approche résiliente des submersions marines seront diffusés.

Le Cerema est l’un des partenaires du projet, et apportera notamment son expertise en matière d’adaptation des territoires au risque inondation, d’évolution du trait de côte, de gestion des ouvrages de protection. Dans ces domaines, le Cerema est actif aussi bien au niveau de la recherche que de l’application opérationnelle des stratégies d’adaptation des territoires. Il a également contribué à de nombreux projets européens, y compris dans le cadre des programmes Interreg.

 

Article d'août 2021 sur les avancées du projet:

[1] Les 13 partenaires sont : Stichting Toegepast Onderzoek Waterbeheer (STOWA pilote du projet, Pays-Bas), Department of Mobility and Public Works (Belgique), Université de Lille, South West Water (GB), Environment Agency (GB), Technische Universiteit Delft (Pays-Bas), Provincie Zeeland (Pays-Bas), Ministère de la Défense (Pays-Bas), Université Catholique de Louvain (Belgique), ISL Engineering (France), HZ University Of Applied Sciences (Pays-Bas), le Cerema, Ministère des infrastructures et de la gestion de l’eau (Pays-Bas).

Le projet fait aussi intervenir une trentaine d’observateurs, tels qu’une université de sciences appliquée des Pays-Bas, l’Université Libre de Bruxelles, les universités de Gand et d’Anvers, l’unité de recherche RECOVER conjointe à l’université Gustave Eiffel (ex Ifsttar) et l’université d’Aix-Marseille, le Syndicat Mixte du Marais Poitevin Bassin du Lay, France Digues, la DREAL Pays de la Loire, la Compagnie des salins du midi et des salines de l’Est (CSME), la Communauté d’Agglomération des 2 Baies en Montreuillois, le Service Public de Wallonie Mobilité et Infrastructures, …