Le sujet du carbone dans les bâtiments est largement mis sur le devant de la scène pour les bâtiments neufs avec la RE 2020 et cela impactera nécessairement les actions de rénovations à moyen ou long terme.
Une étude qui s’inscrit dans la stratégie nationale bas carbone
L'objectif de neutralité carbone en 2050 que la France s'est fixé demande une réduction par 6 des émissions de gaz à effet de serre en 2050 par rapport à 1990. Cela implique donc une décarbonation majeure des secteurs de l'énergie, des transports et du bâtiment.
Pour le secteur du bâtiment, la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) fixe comme objectifs de :
- Massifier la rénovation énergétique en agissant à la fois sur la rénovation de l’enveloppe et en améliorant l’efficacité énergétique et climatique des systèmes (chauffage, eau chaude sanitaire, cuisson…)
- Développer des filières locales visant la production et la mise en œuvre de matériaux de construction et de rénovation peu carbonés
- Développer des filières de recyclage des matériaux et déchets du BTP valorisables dans une analyse en cycle de vie des bâtiments.
L’étude sur "la prise en compte du carbone dans les projets de rénovations des bâtiments" que le Cerema a menée s’inscrit donc pleinement dans la SNBC.
Un état des lieux des pratiques et des méthodes existantes
Cette étude montre les nombreux travaux et réflexions déjà en cours sur l'analyse du cycle de vie des rénovations, encore trop méconnus, et met à disposition des acteurs intéressés un panorama des outils disponibles. Elle peut ouvrir ensuite la voie à une prise en compte systématique du critère carbone dans les rénovations à horizon 5 ans.
Le rapport présente diverses notes sur les pratiques existantes en France et à l’international :
- Méthode utilisée pour les tests HQE performance ACV rénovation et NZC rénovation,
- Label BBCA,
- Label Bas Carbone,
- Impact carbone des déconstructions,
- L’approche bas carbone, au niveau local, de la méthode MFA et du label HQE Rénovation,
- La certification étrangère BREEAM,
- La méthode quartier Energie Carbone pour l'ACV rénovation
- Et enfin un état de l’art scientifique sur l’impact carbone des réhabilitations.
La nécessité absolue d’une base de données robuste de Fiches de Données Environnementales et Sanitaires (FDES)
Quelle que soit la méthode employée, les résultats sont sensibles aux données d’entrée notamment celles sur les matériaux. L’ensemble des études insiste sur l’importance d’une base de données robuste, ce qui conforte la nécessité de création de fiches de déclaration environnementale et sanitaires les plus précises possibles. Il serait ainsi intéressant de pouvoir modéliser l’impact d’éléments constructifs couramment utilisés dans la réhabilitation du bâti d’avant 1948 (menuiseries bois artisanales, enduits traditionnels…) grâce à des données génériques types aujourd’hui absentes de la base INIES.
Une base de données recensant les FDES et les Profils Environnementaux Produits (PEP) caduques serait utile dans le cas de la prise en compte des éléments conservés qui ont généralement plus de 5 ans, soit la durée de validité d’une FDES ou d’un PEP.
Vers la définition de seuils sur le modèle de la RE 2020
Les différentes méthodes exposées sont efficaces pour comparer différents scénarios de réhabilitation pour un bâtiment ou comparer un scénario de réhabilitation à un scénario de démolition-reconstruction. En revanche, elles ne permettent pas, comme dans la RE 2020, de fixer des seuils de carbone admissibles quel que soit le bâtiment. Ces seuils permettraient de guider les acteurs de la rénovation en leur apportant un critère "émissions de gaz à effet de serre" facilement utilisable.
Le programme "NZC rénovation" de l’Alliance HQE, qui vise à trouver des leviers d’action pour réduire les émissions de carbone dans les bâtiments existants, propose par exemple une approche intéressante basée sur le temps de retour carbone d’une opération.