Urbanisme : En chemin vers une densité désirable

Les processus les plus acceptés sont alors ceux de la rénovation de bâtiments vacants et le développement de la mixité fonctionnelle verticale (soit la mixité de fonctions dans un même bâtiment, par exemple commerces en rez-de-chaussée, bureaux à l’étage et logements dans les étages supérieurs) alors que la densification par surélévation reste mal comprise. 

Si l’on regarde là encore par typologie de territoire, on constate que les habitants de la zone dense sont globalement plus favorables à la densification, et notamment à de l’habitat collectif, alors que les habitants de la zone périurbaine sont sensibles à densifier les centres-villes et éviter de construire en périphérie tandis que les ruraux préfèrent la stratégie de densifier par division parcellaire. Finalement, les processus de densification les plus acceptés sont ceux que les habitants connaissent déjà sur leur territoire, d’où l’importance de les sensibiliser aux différentes formes urbaines possibles et de diversifier les modes opératoires.

Les politiques de planification urbaine en faveur d’une densité optimale : les plans locaux d’urbanisme sont des outils importants pour encadrer le processus dédensification. En comparant différents PLU de communes à densité variable, on constate que les communes les plus denses sont les plus ambitieuses pour contraindre l’emprise de l’urbanisation et développer des espaces verts.

En effet, elles optimisent leurs espaces non bâtis en imposant des coefficients de pleine terre plus importants, couplés à des coefficients de biotope, des coefficients d’emprise au sol réduite ou encore la création d’OAP "trame verte et bleue".

La densité désirable 

Avec le changement climatique et l’usage toujours trop massif des ressources et notamment du foncier, il est urgent d’accélérer les transformations vers les modèles plus soutenables, plus particulièrement en matière d’aménagement urbain afin d’éviter l’étalement. Face à cette urgence, la réalisation d’opérations de transformation du tissu existant en priorité pour des quartiers plus "denses" mais surtout désirables est une des solutions. 

Au-delà des critiques et des craintes liées à la terminologie même de la densité, au-delà aussi de ce que les habitants ou les usagers peuvent en percevoir ou des réels impacts négatifs qu’elle peut susciter, des leviers existent pour que la densité ne soit pas une contrainte mais devienne une solution possible voire souhaitable pour les territoires ruraux comme les métropoles. 

Cette densité est bien sûr à adapter aux contextes locaux et aux formes urbaines de chaque territoire afin de s’adapter au mieux à l’environnement naturel et bâti. 

Dans le projet de la Courrouze à Rennes (Ille-et-Vilaine), les réponses à la question de la densité ont été apportées avec des choix qui peuvent sembler assez radicaux. Ainsi, la conception de la ZAC a fait l’objet d’une densité volontairement importante (dans certains secteurs) et assumée avec des formes architecturales et urbaines variées, "compensées" par une très large place accordée à la "forêt urbaine", avec le maintien de continuité de trames vertes structurantes, l’intégration paysagère du bâti et une ambition de qualité de vie du quartier. 

Cette densité reste cohérente avec la localisation du quartier au plus proche du centre-ville avec une très bonne desserte en bus et métro, ainsi qu’avec la dynamique métropolitaine de Rennes et ses enjeux de production de logements notamment sociaux. La question a été soulevée à l’origine du projet sur le type de ville produit et si elle est appréciée des usagers de la Courrouze. Il semble que le débat ne soit plus aussi vif qu’au démarrage du projet, comme le montrent les résultats d’une enquête sociologique récente, notamment du fait de l’acceptation de ces formes mais aussi l’aboutissement des principes du plan guide et de la concrétisation des usages sur les espaces communs.

Pour la petite commune de Bailly dans les Yvelines, les réponses ont été tout autres dans le projet des Sentes. Quatre-vingt-six logements ont vu le jour, là aussi dans un cadre très paysager avec des typologies variées (quatre immeubles et des maisons de ville, vingt-sept logements locatifs aidés) au profit d’une densité apaisée en cœur de ville. 

La commune a su s’entourer de différentes compétences de conseil et prendre en compte les attentes de ses habitants présents et futurs. Le cahier des charges a guidé le travail des promoteurs/architectes/bailleur pour un projet qui s’appuie sur les tracés, les continuités piétonnes et une connexion paysagère aux parcs environnants. Le projet architectural et les implantations de bâti accompagnent cette composition urbaine et paysagère.

L’implantation de l’habitat individuel est en continuité du quartier pavillonnaire. L’habitat collectif reprend le tracé de la copropriété voisine. L’implantation en peigne atténue l’impact des fronts bâtis et ménage des percées
visuelles sur le contexte environnant.

L’acceptabilité de la densité est ainsi une des conséquences d’un plan de composition qui s’adapte au tissu urbain du site et propose des formes urbaines adaptées. Celles-ci s’appuient sur un juste équilibre entre les espaces construits et les espaces de respiration. Des bâtis parfois plus hauts sur certains secteurs peuvent permettre de libérer le sol mais aussi de conforter des polarités favorables à l’intensification des usages et des fonctions.

Il s’agit de retrouver des usages collectifs et une véritable occupation des espaces publics mais aussi et surtout une véritable opportunité pour donner plus de place à la nature en ville. C’est cette qualité des espaces publics, notamment par la présence du végétal, qui permettra aussi de rendre la densité plus acceptable. Vivre en ville entouré d’immeubles ne devient plus une contrainte si la place du végétal est importante, si l’îlot de chaleur est moins important, si les espaces communs et qualitatifs de proximité se multiplient.

En plus de ces bénéfices certains sur la présence d’espaces verts, la préservation des ressources naturelles, la convivialité et la mixité fonctionnelle, d’autres avantages sont aussi induits par la réalisation de quartiers plus denses : la réduction des coûts d’investissement, des économies d’énergie, des mobilités alternatives à la voiture individuelle, etc.

Enfin, la réalisation de projets plus "denses" est aussi l’occasion de plus de créativité pour les concepteurs comme pour les habitants: des projets d’habitat participatif avec des espaces communs de qualité et conviviaux, une large participation des acteurs locaux, des conceptions urbaines ou de logements plus sobres et plus responsables, etc. Ainsi, il n’y a pas de densité désirable sans offrir en contrepartie de la qualité architecturale, des services à la population et des lieux communs, ainsi que des espaces de respiration et de nature.