Cet article fait partie du dossier : Densification, sobriété et aménagement durable : les actualités du Cerema
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Si la densification des espaces urbains permet de répondre à différents enjeux tels que l'optimisation du foncier ou la création de logements, elle suscite aussi différentes questions. Dans cet article, le Cerema revient sur les différents aspects de la densification.
La densité redoutée
Les arguments contre la densité ne manquent pas, mais ils se diversifient aujourd’hui et sont souvent révélateurs d’autres questions dans la ville. Une partie relève du "Nimby" (Not In My BackYard), qui désigne la réticence des riverains qui veulent conserver leur cadre de vie et souhaitent profiter des aménités de la ville mais pas forcément que d’autres personnes viennent près de chez eux pour en profiter aussi. La promiscuité, la crainte des nuisances sonores, visuelles, le risque d’ombre portée sur les riverains ou leurs jardins, l’arrivée d’une population "différente" dans le quartier, l’impact sur la circulation et le stationnement, sont autant d’arguments régulièrement avancés par la population.
Mais on voit apparaître aussi depuis quelque temps une autre forme d’opposition venant de personnes qui exigent la protection de l’existant, avec cette idée qu’il ne faut plus construire mais préserver et réhabiliter, le tout avec des arguments plus environnementaux. Venant combler les derniers espaces libres des villes, la densification est alors présentée comme contribuant au final aussi à l’artificialisation des sols et au phénomène d’îlot de chaleur urbain, surtout quand elle est réalisée aux dépens d’un espace de pleine terre, qui plus est végétalisé.
Y compris du côté des professionnels, la densification n’est pas forcément bien perçue car elle a pu être menée à outrance dans certains secteurs du fait des tensions du marché. En effet, ce sont souvent les opérations qui posent problème que l’on retient. Tous les projets n’ont pas offert la qualité des logements escomptée et parfois, le lien avec le tissu urbain existant et l’insertion urbaine ne sont pas assez travaillés et accentue le phénomène de rejet des opérations denses.
La densité perçue
La densité est généralement faussement perçue par les citoyens. En effet, une tour ou une barre de logements sont moins denses qu’un immeuble en centre-ville, alors que ce dernier type de forme urbaine est plus apprécié. Afin de comprendre les facteurs de perception et d’appréciation du cadre de vie, une étude réalisée en 2019 par le Cerema Île-de-France sur l’acceptabilité de projets de densification, dans des communes aussi bien rurales, périurbaines que denses, arrive aux conclusions suivantes, dont certaines requestionnent quelques a priori.
Le niveau de satisfaction du cadre de vie dépend du triptyque "nature / services / transports" : le premier critère recherché par les habitants pour choisir leur lieu de vie est celui de la proximité de la nature, puis l’offre en services-commerces, et enfin la desserte en transports en commun. Ce dernier critère reste une caractéristique francilienne, voire un contexte métropolitain.
On peut également noter certaines spécificités selon les typologies de territoire ; par exemple, les habitants des communes urbaines denses et périurbaines vont donner une importance aux questions de sécurité et de propreté urbaine alors que ce sujet n’est pas évoqué par les habitants en milieu rural.
L’acceptabilité de la densité n’est pas corrélée à la densité mesurée : les opérations les plus denses ne sont pas les moins acceptées par les habitants. Leur appropriation dépend de nombreuses dimensions propres à chaque individu mais aussi du contexte territorial et notamment de la proportion d’espaces publics et de leur qualité.
En effet, plus les espaces publics sont importants, plus les habitants sont satisfaits de leur cadre de vie. Dans l’aménagement de ces espaces publics, la proportion donnée aux piétons et vélos, et non aux voitures, ainsi qu’à la végétation est primordiale et participe à leur qualité.
La notion de densité n’est finalement pas perçue si négativement par les habitants: en effet, quand on leur pose la question de définir la densité au travers de différentes suggestions qui leur sont proposées, on constate que celle-ci est associée à des représentations positives telles que la convivialité, la sécurité, la mixité sociale et fonctionnelle.
Les stratégies de densification nécessitent d’être diversifiées et connues: les habitants sont prêts à accepter la densification quand ils en comprennent l’objectif. De plus en plus de citoyens sont conscients de la nécessité d’aménager autrement nos territoires.
En savoir plus :
Par Rafaella Fournier, référente territoriale stratégie de densification urbaine ; Juliette Maître, directrice de projets aménagement et transitions ; Anne Vial, directrice de projets quartiers durables, cœur de ville, Cerema.
Dans le dossier Densification, sobriété et aménagement durable : les actualités du Cerema