Cet article a été rédigé par le Cerema pour le site de notre partenaire Construction 21.
Lodève, une petite commune de 7 400 habitants située à 45 kilomètres de Montpellier, aux portes des paysages calcaires du Larzac méridional, semble offrir un cadre de vie idyllique, éloigné des nuisances environnementales des grandes métropoles. Pourtant, derrière la carte postale, la ville est confrontée à des défis importants en matière de santé-environnement.
Un diagnostic axé sur l'enjeu santé-aménagement
Logements anciens, îlots de chaleur ou encore isolement du territoire constituent des préoccupations majeures impactant la santé des Lodévois. En outre, la ville enregistre des taux de maladies liées à la santé mentale, des maladies cardiovasculaires et d’obésité bien supérieurs au reste du département.
Face à ce constat, le Cerema et le Pays Cœur d'Hérault, avec le soutien de l’ARS Occitanie, ont lancé une étude dans le cadre du contrat local de santé afin d’analyser la ville de Lodève sous le prisme de la santé-aménagement, afin de comprendre comment l’aménagement de la ville influence la santé des Lodévois et favorise les inégalités sociales de santé (ISS) du territoire. Elle vise également à étudier l’impact croissant du changement climatique sur l’écosystème urbain, ainsi que sur l’aggravation des disparités sociales et de santé qui pourraient en découler.
L’étude se voulant globale, elle a été menée en étroite collaboration avec des professionnels de santé, élus, techniciens, associations, citoyens et aménageurs du territoire. Au total, plus de 20 organismes ont été associés à la démarche et plus de 70 personnes y ont participé.
Une enquête englobant entretiens, sondages et analyse de données issues de plus de 42 indicateurs socio-économiques
L’objectif de l’enquête est de cerner et localiser les groupes de populations exposés aux ISS et d’acquérir une compréhension plus approfondie de la manière dont l’aménagement du territoire influe sur les modes de vie, susceptibles de conduire à des problèmes de santé. L’étude a ainsi montré que la combinaison de plusieurs paramètres concourt à favoriser les ISS :
Le centre étant classé quartier prioritaire de la ville (QPV), une part importante de sa population est dite défavorisée et en grande précarité financière. Le niveau d'éducation y est également plus faible et le taux de chômage et de familles monoparentales plus élevé que sur le reste du territoire. Cette défaveur sociale conduit, selon le rapport des inégalités sociales de santé en Occitanie, à des comportements plus à risque pour la santé.
Le centre-ville, ceinturé par des infrastructures routières, est séparé de sa périphérie, et l’ensemble du territoire, accessible principalement par l’autoroute, se trouve relativement isolé pour les ménages non véhiculés. Ce double isolement du centre rend la pratique des mobilités actives difficile et complique l’accès aux services. Dans le centre, le prix de l’offre alimentaire est élevé et les nombreux fast-food s’imposent comme la principale option de restauration. L’offre commerciale est limitée et la présence de locaux vacants reflète une activité économique peu développée.
Avec le départ à la retraite de nombreux médecins et la fermeture de services hospitaliers, l’accès aux soins est également particulièrement ardu pour les habitants du centre-ville. Avec une proportion élevée de ménages sans voitures ou en grande précarité financière, de nombreux habitants de Lodève se retrouvent ainsi isolés sans aucune alternative pour se déplacer et accéder à une gamme de services différente de celle du centre-ville. Ainsi, l’isolement géographique et la pauvreté des services disponibles entraînent, pour les ménages déjà défavorisés, des comportements et des habitudes de vie préjudiciables pour la santé.
Enfin, le centre-ville étant vieillissant, de nombreux logements sont insalubres, mal isolés ou de tailles non adaptées aux besoins de la population qui y vit. Ces appartements, des passoires thermiques et phoniques, sont majoritairement habités par des personnes en situation de précarité. En plus de peser sur le budget des ménages, les moisissures et l’absence de confort thermique ont pour effet d'impacter directement les pathologies de santé en lien avec la santé mentale, les maladies respiratoires ou cardiaques.
Quel impact de l'aménagement du territoire sur la santé des habitants ?
Afin de déterminer si l’aménagement contribue à exposer davantage des groupes sujets aux ISS et à favoriser le développement de maladies chroniques, le tissu urbain du centre-ville a été étudié par le Cerema au travers de onze thématiques de santé-environnement :