7 juin 2024
Tramway et vélos en libre service
Christophe Cazeau - TERRA
Le salon des mobilités décarbonées Drive to Zero s’est tenu les 28 et 29 mai à Paris, et a été l’occasion d’échanger sur les nouveaux usages, l’innovation, la transition énergétique des mobilités… Le Cerema était partenaire de l’événement et ses spécialistes ont réalisé plusieurs présentations ou interventions en table ronde sur les outils et méthodes pour décarboner les mobilités.

Décarboner les mobilités nécessite d'adopter des approches systémiques sur les pratiques de déplacements, les solutions de mobilités, les infrastructures associées. C'est en agissant conjointement et simultanément sur tous ces leviers de transformation que des systèmes de transports territoriaux sobres et neutres en carbone pourront être déployés, tout en préservant les besoins de desserte des territoires.

Le Cerema, partenaire de la première et de cette seconde édition du salon Drive to Zero, répond aux besoins de l’Etat et des territoires en matière de mobilités en intégrant les enjeux de transition écologique, d’aménagement du territoire, d’accessibilité, les nouvelles solutions de mobilités ou encore l’adaptation des infrastructures.

 

Les interventions du Cerema

Le vélo, mode de déplacement à part entière. Quelle juste part de report modal pour le vélo dans les trajectoires de décarbonation ?

Lors de cette table ronde, Thomas Jouannot, directeur de projets Modes actifs au Cerema, a présenté l’intérêt du schéma directeur des aménagements cyclables pour favoriser le report modal vers le vélo. 

Il existe plusieurs levier pour rendre nos villes et nos territoires 100% cyclables et marchables.La planification est cruciale pour créer un réseau cohérent et continu de pistes cyclables, utilisant des schémas directeurs à différentes échelles territoriales. Des actions rapides et provisoires, comme celles mises en œuvre pendant la crise sanitaire, sont également nécessaires pour améliorer immédiatement la cyclabilité. 

La modération de la circulation automobile, via des plans de circulation favorables à la marche et au vélo et des zones de circulation apaisées, est également essentielle. La réduction de la vitesse, en ville et en dehors, est également cruciale pour assurer la sécurité des cyclistes. Enfin, la qualité des infrastructures cyclables doit être optimale, avec des aménagements performants et inclusifs répondant aux standards de sécurité. Poursuivre et amplifier ces actions permettra de faire des avancées significatives dans le développement du vélo en France.

Le Cerema a accompagné des collectivités notamment dans les territoires peu denses, comme la communauté de communes du Sammiellois, pour réaliser son schéma directeur avec l’objectif de développer l’usage du vélo au quotidien : ce schéma directeur a pour objectif de construire un réseau cyclable sécurisé, continu et attractif doté de services adaptés, en priorisant les aménagements.

Le Cerema a également publié un guide méthodologique pour présenter aux collectivités une démarche en 5 grandes étapes pour réaliser son schéma directeur des aménagements cyclables favorisant le report modal vers le vélo.

 

La politique de l'entretien routier, premier facteur de décarbonation de la route

Alain Hebting Chef de groupe "Voies et Plateformes d'Infrastructures" et Marc Raynal, directeur du développement au Cerema, ont rappelé que les infrastructures routières sont les supports des mobilités d'hier comme de demain. Elles sont le vecteur principal de transport des marchandises comme des personnes et représentent un patrimoine de 2 000 milliards d'euros qu'il convient d'entretenir aujourd'hui pour décarboner dès à présent. 

La politique d'entretien est un outil permettant de faire des choix rationnels et objectivables, tant sur l'aspect financier que sur l'aspect environnemental. En effet, un cycle d'entretien classique de surface génère, avec deux interventions à 5 ans d'intervalle, environ 5 fois moins d'émissions de GES qu'une réhabilitation lourde et permet donc une économie substantielle à l'échelle du cycle de vie de l'infrastructure, mais également sur le plan financier, dans des proportions comparables. Le succès de la décarbonation du secteur des transports nécessitera de ne pas négliger la question de l'entretien routier, qui est en réalité un investissement de moyen terme (5 ans).

Bateau, train, camion, vélo… quel est l’avenir du fret du premier au dernier kilomètre ?

Marie Couvrat-Desvergnes responsable des innovations du programme InTerLUD+ est intervenue lors de cette séquence consacrée à l’évolution des parts modales dans le transport de marchandises et les perspectives de décarbonation. 

InTerLUD+ est un programme national coporté par le Cerema, Rozo et Logistic Low Carbon, qui permet d’accompagner les territoires dans la réalisation d’une charte de logistique urbaine durable en concertation avec l’ensemble des acteurs de logistique. Des actions sont déployées pour réduire l’impact de la logistique urbaine et inventer de nouvelles solutions décarbonées. Poursuivi jusqu'au 31 décembre 2026, le programme a parmi ses objectifs, en chiffres :

  • 61 collectivités à accompagner dans le cadre du programme
  • 120 actions mises en place dans les territoires qui seront co financées
  • 700 personnes formées à la logistique urbaine et à la démarche
  • 40 rencontres et séminaires dans les territoires ont rassemblé acteurs économiques et acteurs publics sur des thématiques spécifiques 
  • 4 projets innovants seront aussi accompagnés 
  • 1 centre de ressources 
  • 1 méthodologie d'évaluation

Les premières chartes ont été déjà signées par les partenaires locaux, et les premières actions sont lancées dans ces territoires. Un aspect important dans ces démarches est celui de la connaissance et de l'analyse de la donnée, qui est au cœur des échanges et des travaux : d’abord pour connaître et planifier les actions, ensuite pour évaluer leur efficacité.

 

Nouveaux usages de la route pour les mobilités

Bruno Levilly, responsable du secteur Systèmes de transport intelligents au Cerema, est intervenu avec un représentant de la métropole de Lyon sur le rôle potentiel des aménagements des routes et des rues comme leviers d'action pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Aménager nos routes et nos rues pour de nouveaux usages peut être un formidable accélérateur vers la décarbonation des Mobilités : 

  • Créer les conditions d'un report vers la marche (y compris l'été et l'hiver), vers le vélo (y compris dans les territoires périurbains voire ruraux), vers des transports collectifs performants (y compris sur les voies structurantes et autoroutes) ; 
  • Faciliter le covoiturage et le récompenser par des gains de temps de parcours et de régularité
  • Offrir des solutions d'intermodalité ; 
  • Inciter à limiter la consommation énergétique de son déplacement (y compris au travers de l'autopartage qui permet d'adapter la taille de son véhicule selon le besoin). 

L'aménagement de nos routes et de nos rues permet d'augmenter l'ensemble des bras de leviers de la décarbonation des mobilités, et les territoires peuvent dès aujourd'hui pleinement s'en emparer, comme le montre la métropole de Lyon dans le cadre de l'élaboration de son nouveau plan de Mobilité.
 

Plénière de clôture : "Faire commun" autour des mobilités : planifier le changement, le financer, le mettre en œuvre avant le pire climatique. Comment transitionner ensemble et réussir ?

Pascal Berteaud, directeur général du Cerema, a rappelé lors de la table-ronde de clôture qui a réuni les acteurs publics et privés des mobilités, l'importance d'agir pour décarboner les transports, et les cinq grands leviers d'action dans ce domaine :

  • améliorer la consommation énergétique des véhicules ;
  • diminuer l’intensité carbone de l’énergie (notamment par l’électrification des usages et des véhicules) ;
  • continuer avec volontarisme à favoriser le report modal en développant les transports collectifs et les modes actifs 
  • améliorer le remplissage des véhicules, (notamment via le covoiturage) ;
  • modérer et orienter la demande de transport.

Ces différentes solutions doivent êtres envisagées conjointement pour une approche globale des mobiolités à l'échelle d'un territoire, d'un bassin de mobilité. L'enjeu de l'acceptabilité des actions mises en œuvre, et l'importance de la communication pour qu'elles soient efficaces ont été soulignés.

Pascal Berteaud a évoqué différents outils et méthodes conçus par le Cerema pour accompagner les collectivités, et rappelé qu'en matière de mobilités, on constate souvent que si l’offre est bien pensée, la demande suit.

De nouveaux services de mobilité rencontrent des succès au-delà des espoirs de leurs initiateurs. Il peut s’agir de solutions lourdes et structurantes, comme le renforcement de la desserte et de l’amplitude horaire des TER, en heures creuses ou la décarbonation rapide d’une flotte d’autobus urbains. Il peut s’agir aussi de solutions plus agiles, légères, réversibles, proposées par des collectivités mais aussi des employeurs, des associations, des start-up, via un service de location ou de covoiturage, des échanges entre particuliers, des applications facilitant la mobilité.

 

Convention avec la FUB et prix de l’innovation

Renforcer l'usage du vélo avec la FUB

Le 29 mai, Pascal Berteaud directeur général du Cerema et Céline Scornavacca, Co-présidente en charge des relations avec la société civile et la recherche, porte-parole de la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) ont signé une convention de partenariat destinée à renforcer la pratique du vélo en agissant sur plusieurs volets : sensibilisation du grand public, aménagements cyclables et services vélo dans les territoires, formation et éducation, ainsi que la recherche et l’innovation. Des projets-clés ont déjà été identifiés :

  • Réseaux cyclables à haut niveau de service : référentiel d’aménagements en agglomération et hors agglomération, potentiel de report modal, signalisation et jalonnement, services associés,
  • Plan de circulation (en agglomération et hors agglomération) : hiérarchisation du réseau routier ou de voiries, solutions réglementaires, expérimentations,
  • Intermodalité : stationnement dans les PEM, services vélo en gare, informations voyageurs et billettique, emport des vélos dans les bus, cars et trains,
  • Connaissances sur les services vélo (VLS, VLD, free floating), stationnement vélo sur l’espace public ou dans les espaces privés

 

Remise des Prix de l'Innovation Drive to Zero 2024

Des prix de l'innovation dans 7 catégories ont été décernés.

David Zambon, directeur Infrastructures de transport et matériaux au Cerema, a remis le prix pour la catégorie "Infrastructures & Aménagements". En introduction, il a rappelé que les infrastructures peuvent et doivent jouer un rôle dans la décarbonation des mobilités et l'atteinte de la neutralité carbone en 2050, en permettant tout d’abord les changements de comportements, de modes de transports, de façon de se déplacer.

Pour cela, il faut inciter au report modal vers la marche et le vélo, vers les transports collectifs, favoriser le covoiturage, faciliter l’usage des véhicules électriques... en territoires urbains comme en territoires moins denses. Mais il faut aussi permettre de passer facilement d’un mode à l’autre afin d’offrir aux usagers des solutions diversifiées pour optimiser leurs déplacements en termes de sécurité, de confort, de temps de parcours, de coût...

Les besoins sont considérables et il faudra mettre en œuvre tous les leviers en même temps pour espérer atteindre les objectifs fixés.

Les lauréats :

  • 1er le SMTC de Clermont-Ferrand: un projet d'aménagement urbain et de mobilité qui utilise la création de deux lignes de tram-bus pour rééquilibrer l'espace public en faveur des transports en commun, du vélo et de la marche, réduisant l'utilisation de la voiture individuelle. Ce projet a bénéficié d'un pilotage de projet fort associant tous les gestionnaires de réseaux, de voiries, de services de déplacement, dans un cade de concertation avec la population et de planification. 
  • 2e BÉKILLE MOBILE - ARRÊT-MINUTE DES VÉLOS : du stationnement mobile pour les vélos qui permet un déploiement rapide, adapté aux zones de partage sans nécessiter de travaux de génie
    civil.
  • 3e avec deux projets sont ex-aequo : Revêtement circulable HQE au liant organo-minéral Aqualib – INMS pour le revêtement de voies douces ou véhicules légers. Et le projet "Vélorue" sur la Métropole de Rennes, présenté par Todomodo.