La ruralité, nouveau terrain de jeu des pôles d’échanges, sous une forme renouvelée ?
Cet article fait partie du dossier : Gares et pôles d’échanges multimodaux : un centre de ressources sur les lieux de l’intermodalité
Voir les 23 actualités liées à ce dossierLes Pôles d’échanges multimodaux (PEM) sont des portes d’entrée dans les territoires, des nœuds des réseaux de mobilité qui offrent des alternatives à l’utilisation de la voiture individuelle. Bien développés dans les grandes agglomérations, ils se diffusent dans les villes moyennes et espaces périurbains, et leur présence émerge maintenant dans les territoires ruraux. Au Cerema, l’aménagement des PEM est un domaine d’expertise transversal depuis longtemps et un objet de recherche pour l’équipe Matris.
Actualité de l'Equipe projet de recherche MATRiS : Mobilités, Aménagement, Transports, Risques et Société (composante de l'UMR MATRiS)
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Des PEM adaptés aux territoires ruraux
Récemment, les territoires ruraux sont devenus un terrain d’expérimentation de projets de pôles d’échanges d’un nouveau genre. Ces PEM "ruraux", appelés parfois "aires de mobilité" (voir la fiche Cerema) doivent répondre à des besoins et à un contexte spécifique qui nécessitent d’adapter les méthodes utilisées par les grandes espaces urbains sur ces projets. Le Cerema s’intéresse au développement des projets d’intermodalité dans les espaces peu denses et accompagne les porteurs de projets sur ces projets complexes (voir l'accompagnement AAP TCSP). Des recherches sont menées actuellement par les équipes de Matris au Cerema dans le cadre des thèses de Burcin Yilmazer et Agathe Daniel (Cerema Hauts-de-France).
Dans les territoires ruraux, le développement d’offres de mobilité alternatives à la voiture est un enjeu d’accessibilité, d’attractivité, d’insertion sociale, de cadre de vie et pour la préservation de l’environnement. Dans ces territoires, plus de 8 actifs sur 10 ayant un lieu de travail fixe hors du domicile s’y rendent uniquement en voiture, et déclarent très majoritairement ne pas avoir d’autre choix. Ces territoires sont donc davantage dépendants de modes de transport carbonés, alors même que la diffusion des stratégies de décarbonation n’est pas assurée d’atteindre les zones peu denses.
Une étude sur la valorisation des petites gares situées sur les lignes de desserte fine du territoire est réalisée dans le cadre du projet "Train Léger Innovant" (Programme d’investissements d’avenir "Digitalisation et Décarbonation du Transport Ferroviaire", pilotage SNCF) (renvoi projet Télli Cerema). En effet, les petites lignes ferroviaires lorsqu’elles desservent encore les espaces ruraux, fondent d’importants espoirs pour des mobilités plus durables. Cependant les modèles "urbains" des PEM sont difficiles à transposer dans les territoires peu denses.
Des innovations dans la conception des PEM
Ces travaux visent à comprendre s’il existe un modèle propre aux espaces peu denses en matière d’intermodalité. Les observations pointent différentes formes d’innovations territoriales dans les démarches d’aménagement de pôles d’échanges dans les espaces peu denses :
- Des innovations sur la matérialité des aménagements : des équipements légers, parfois préfabriqués, assurant une mise en œuvre plus rapide sont privilégiés. Les projets prennent également en considérations les préoccupations environnementales par exemple autour de haltes "éco-durables", même si la gestion des équipements est encore rarement intégrée à la réflexion. On peut aussi noter des démarches de tests, des aménagements temporaires ou tactiques ;
- Des innovations partenariales dans la démarche de projet : les expériences de régénération des gares rurales associent plus systématiquement le public et les habitants, et s’appuient sur une gouvernance partenariale davantage "ad hoc" que dans les projets urbains. La gouvernance des projets de gare rurale semble plutôt construite au cas par cas, avec une position souvent paradoxale de l’acteur SNCF, parfois très en retrait ;
- Des innovations en matière d’animation des gares et quartiers de gares : ces recherches montrent des modalités multiples d’appropriations par des associations notamment. À l’image d’exemple étranger comme le programme Adopt a Station en Écosse, la possibilité offerte aux habitants de co-gérer les petites gares conduit à un sentiment d’appartenance et de responsabilité.
Ces travaux viennent alimenter la "boite à outils" pour donner les clés de valorisation du territoire autour des gares, en lien avec les perspectives de redynamisation de l’offre ferroviaire.
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