4 septembre 2024
Quimper
Adobestock
Le Cerema a réalisé pour la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) du Finistère une étude sur la mobilité des actifs sur le périmètre de l’agence d’urbanisme Quimper Cornouailles, en vue de renforcer l’articulation des actions entre intercommunalités et AOM locales et de développer des alternatives à l'usage de la voiture individuelle.

Si toutes les intercommunalités de Cornouaille ont la compétence mobilité depuis loi LOM, la plupart ont laissé à la Région le soin d’organiser les transports interurbains, scolaires et Transport à la demande au sein de leur ressort territorial. L’enjeu de cette démarche était de favoriser les coopérations au service de la mobilité du quotidien sur l’ensemble de ce territoire qui comporte plusieurs polarités.

 

Organiser les services de mobilité à l’échelle intercommunale

La démarche d’élaboration des Contrats de Relance et de Transition Ecologique, qui se concentre sur les bassins de vie, par les 7 EPCI du territoire d’intervention de Quimper Cornouaille Développement , a mis en évidence le besoin de réfléchir et d’agir à une échelle supérieure à celle des intercommunalités en matière de mobilités du quotidien

En effet, la question de la gouvernance afin de permettre aux Autorités Organisatrices de Mobilité (AOM) compétentes de s’organiser à l’échelle d’un bassin de mobilité s’est posée, l’objectif étant de développer des services adaptés aux besoins sur l’ensemble du périmètre et articulés entre eux. 

A la demande du préfet, la DDTM du Finistère a fait appel au Cerema pour réaliser une étude approfondie de la mobilité des actifs à l’échelle de 7 EPCI. Ce travail avait pour principaux objectifs : 

  • Prolonger et renforcer la coopération entre les intercommunalités membres de l'agence d'urbanisme Quimper Cornouaille Développement entamée lors de l'élaboration des CRTE (Contrats de relance et de transition énergétique, devenus depuis Contrats pour la réussite de la transition énergétique). La question de mobilités des actifs est apparue particulièrement pertinente car près du tiers de ces déplacements dépassent les frontières des intercommunalités ;
  • Lancer une démarche sur la mobilité à l'échelle d'un bassin de vie. Le périmètre choisi a ensuite été conservé pour le Comité local de mobilité, nom donné par la Région Bretagne aux bassins de mobilité prévus par la loi d'orientation des mobilités. L'enjeu était d'imaginer une gouvernance permettant à plusieurs autorités organisatrices de mobilité (AOM) locales d'organiser des services cohérents et continus sur leurs territoires tout en restant compétentes à l'intérieur de leurs périmètres respectifs ;
  • Proposer des solutions concrètes et rapidement déployables sur le territoire pour offrir des alternatives aux actifs de Cornouaille.

Les trajets des actifs, qui ont un fort impact, ont été étudiés prioritairement. Par ailleurs, la présence d’alternatives de mobilité pour les trajets domicile – travail constitue un enjeu pour l’attractivité de ce territoire où l’on cherche à attirer de jeunes actifs, à favoriser l’insertion des jeunes et le maintien dans l’emploi.

 

Une démarche collective en deux temps

L’étude a été réalisée de juin 2023 à juin 2024. Le Cerema a déployé une méthode impliquant les acteurs locaux (élus et techniciens des territoires, collectivités -département, Région- associations, représentants d'entreprise, etc.). Dans un premier temps, l’objectif était d’identifier collectivement les problèmes concrets rencontrés sur le territoire, de manière à partager une vision globale et à alimenter dans un deuxième temps la réflexion sur les solutions. Les contributions ont été recueillies grâce à différents outils : atelier World café, jeu de rôle avec personæ, etc.

 

Le diagnostic

Un diagnostic des mobilités domicile travail a été mené à partir des données issues du recensement général de la population réalisé par l'INSEE, et a montré la forte prépondérance de la voiture, utilisée par 85% des actifs pour leurs trajets quotidiens. La part d’actifs qui travaillent dans une autre commune augmente d’année en année, et se situe aujourd’hui à 60%. L’offre de transports présente sur le territoire (voiture, train, covoiturage, vélo, mobilité solidaire) ainsi que les pratiques des actifs ont été examinées, montrant la forte interconnexion des intercommunalités en termes de déplacements domicile-travail.

Enfin, les politiques de mobilité existantes (SRADDET, pacte d’accessibilité et de mobilité pour la Bretagne, pacte de cohérence Cornouaille, CRTE) et les stratégies mobilité des EPCI (SCoT, projets de territoire, PCAET, plans globaux de déplacement et schémas intercommunaux des modes doux/actifs) ont été identifiées et synthétisées par le Cerema. Des entretiens ont été réalisés en 2023, d’abord avec l’ensemble des présidents ou vice-présidents et les chargés de mission chargés des politiques de mobilité des sept intercommunalités du territoire, pour recueillir des éléments confortant le diagnostic et les sujets prioritaires ou faisant déjà l’objet de réflexions ou de projets.

En complément de ces entretiens avec les intercommunalités AOM, d’autres acteurs de la mobilité, publics ou privés, ont été questionnés pour recenser les projets et services existants ainsi que les besoins ou offres à développer pour promouvoir les solutions alternatives à la voiture individuelle. 

 

 
 
Plusieurs besoins ont été identifiés à l’issue de ces entretiens :
  • Un service de transport à la demande plus souple (notamment quant aux modalités de réservation) et homogène,
  • Une intégration plus forte des différents réseaux de transports collectifs et une meilleure communication sur ce qui existe déjà, notamment le fait que les usagers peuvent aujourd’hui utiliser les trois réseaux urbains du territoire avec un titre de transport de car BreizhGo ;
  • L’amélioration du rabattement vers les offres TC, notamment à pied et à vélo en aménageant des itinéraires sécurisés et des stationnements fermés pour les vélos ;
  • Favoriser la pratique du covoiturage, notamment en aménageant de nouvelles aires de covoiturage ou en étendant les aires saturées, mais aussi en travaillant sur la communication et la mise en relation entre les conducteurs et les passagers ;
  • Améliorer les liaisons cyclables entre les polarités et les hameaux et villages pour favoriser ce mode de transport pour les trajets courts, y compris pour le travail ;
  • Un besoin de gouvernance technique et politique pour porter des projets collectifs de mobilité
     

Le plan d’action

A l’issue de cette première phase de réalisation du diagnostic, cinq thématiques ont été définies en commun pour travailler avec des équipes projet adaptées aux sujets. 

Les 5 groupes de travail :
  • Promouvoir les mobilités partagées dans les zones d’activité économique (ZAE) ;
  • Promouvoir le covoiturage en Cornouaille en commençant par des axes d’expérimentations prioritaires ;
  • Identifier les maillons manquants de transport collectif (TC) ou vélo sur des axes inter-EPCI stratégiques ;
  • Vers une amélioration de l’offre TC et de l’intermodalité
  • Faciliter l’accès à l’offre de mobilité – Gouvernance technique et politique
Les 5 axes du plan d’action :
  • Axe A : Développer le covoiturage du quotidien
  • Axe B : Faciliter l’intermodalité entre les réseaux de transports collectifs, la voiture et le vélo
  • Axe C : Mutualiser l’animation, l’accompagnement au changement et la communication sur les mobilités en Cornouaille
  • Axe D : Coordonner, partager et mutualiser des données
  • Axe E : Simplifier le parcours usage
Neuf actions ont fait l’objet de fiches détaillées
  • Proposer des stratégies d’approche des entreprises pour la mobilité des actifs de la zone d’emplois ;
  • Comparer les solutions de covoiturage existantes pour arbitrer un outil opérationnel et commun à la Cornouaille, en partageant les travaux du SIOCA ;
  • Élaborer un plan d’action pour favoriser la pratique du covoiturage sur un axe non desservi par le transport collectif – Secteur d’expérimentation : axe Pont-L’Abbé – Fouesnant – Concarneau ;
  • Identifier les opportunités de nouveau arrêts et/ou correspondances entre les lignes inter-urbaines BreizhGo pour une meilleure desserte des actifs du centre hospitalier de Quimper, y compris les liaisons avec le réseau urbain QUB ;
  • Développer la desserte des zones d’emplois et d’habitation par les voies vertes ;
  • Définir les renforcements nécessaires de liaisons en transports en commun à la fois entre la gare de Quimper et les autres EPCI, et les liaisons entre la QUB et la ZAE de Troyalac’h ;
  • Proposer une articulation de la représentation cornouaillaise au sein du potentiel syndicat mixte Bretagne Mobilités ;
  • Mieux voir l’offre de mobilité en Cornouaille ;
  • Identifier les potentiels de coopération sur la communication et la sensibilisation aux mobilités durables entre EPCI.
     

Deux rapports ont été fournis :

  • Le diagnostic et premières pistes d'actions : il synthétise l'ensemble des éléments issus des documents de planification à différentes échelles et les données disponibles. Il comprend également une cartothèque qui exploite principalement les données issues du recensement de l'INSEE et une analyse de la gouvernance actuelle et de son évolution récente concernant la mobilité. Enfin, il liste les grands thèmes de travail issus des échanges de la première phase avec les acteurs locaux.
  • Le plan d'actions : ce rapport présente l'intégralité des actions issues de la deuxième phase en les regroupant non plus suivant les thèmes issus de la phase 1 mais par grands objectifs. Neuf pistes d'action parmi les vingt retenues ont fait l'objet de fiches détaillées. Ces fiches présentent les objectifs de l'action, les différents leviers qui peuvent être activés, la gouvernance associée à chacun de ces leviers, une appréciation du coût financier, des moyens humains à mobiliser et du temps de mise en œuvre ainsi que des résultats pouvant être attendus.

L’étude a mobilisé Elise Soufflet-Leclerc à la mission stratégie intégrée, qui a apporté son expertise sur les technique d’animation et de co-construction de politique publique et Alexandre Strauss au groupe mobilité du Cerema Ouest, qui a apporté son expertise sur les stratégies et solutions de mobilité.

 

Schéma de synthèse de la démarche proposée 

[1] Douarnenez communauté, communauté de communes Cap Sizun - Pointe du Raz, communauté de communes du Haut Pays Bigouden, communauté de communes du Pays Bigouden Sud, Quimper Bretagne Occidentale, communauté de communes du Pays Fouesnantais et Concarneau Cornouaille Agglomération.

Le rapport d'étude est sur CeremaDoc :