Dans les territoires où l’offre de transports collectifs est faible et les services éloignés, les personnes qui n’ont pas de voiture peuvent se retrouver rapidement isolées. Les services solidaires de déplacements accompagnés, notamment ceux reposant sur le bénévolat représentent alors une solution essentielle pour améliorer la mobilité du quotidien des personnes qui rencontrent des difficultés pour accéder à l'emploi, aux services de santé, aux biens et aux loisirs disponibles à proximité.
Afin de favoriser l’émergence et le développement de projets de mobilité solidaire dans les territoires et en particulier des services de Transport d’Utilité Sociale (TUS), le Cerema et la Fondation Macif ont lancé un appel à projets à l’automne 2020. En avril 2021, 11 projets lauréats répartis sur l’ensemble du territoire métropolitain ont été sélectionnés parmi 119 candidatures.
Comment agir et dans quel cadre ?
Gérôme Charrier, responsable d’activités politiques et services de mobilités au Cerema a rappelé que la loi d’orientation des mobilités (LOM) permet aux AOM d’agir en matière de mobilité solidaire. Les principaux leviers d’actions sont : de rendre plus inclusifs les services de transport actuels, de développer des services spécifiques et d’accompagner les publics les plus vulnérables. Toutefois, la mise en œuvre de ces leviers nécessite une coordination entre de nombreux acteurs publics ou privés.
L’enjeu est de fédérer cet écosystème notamment grâce aux plans d’actions communs en faveur de la mobilité solidaire (PAMS). Le PAMS est un outil crée par la LOM et piloté par la région et les départements sur chaque bassin de mobilité. Il a pour objectif de recenser, coordonner et planifier les dispositifs de mobilité solidaire. Les AOM et les organismes intervenant dans l’accompagnement des publics en situation de vulnérabilité sont associés à son élaboration et à sa mise en œuvre.
Quels sont les points clés pour lancer un projet ?
Honoré Rouland, chef de projets mobilités partagées au Cerema a ensuite présenté les principaux enseignements de l’appel à projets de la Fondation Macif et du Cerema. À travers l’accompagnement des 11 lauréats de l’appel à projets, le Cerema a identifié 7 thématiques principales au cœur de la mise en œuvre d’un projet de mobilité solidaire et en particulier d’un service de TUS :
- l’identification des besoins de mobilité solidaires ;
- l’élaboration d’un budget ;
- les questions assurantielles ;
- la communication ;
- les règles de fonctionnement du service ;
- la pérennisation du vivier de bénévoles ;
- et l’évaluation du service.
Un rapport complet contenant l’ensemble des recommandations du Cerema ainsi qu’une monographie de chaque service de mobilité solidaire lauréat de l’appel à projets sera prochainement publié sur le site du Cerema.
Comment mettre en œuvre concrètement un projet de mobilité solidaire ?
Olivier Ambrosi, directeur du Centre social Carrefour des habitants du Nyonsais, a co-présenté avec Johannie Engrand, Virginie Nadeau et Olivier Sarrat, les dispositifs mis en œuvre par le centre social. Un bouquet de services a été développé par le centre comprenant :
- un service de TUS avec la plateforme Mobisol 26 développée par l’opérateur Mobicoop ;
- un garage solidaire automobile ;
- un garage solidaire vélo auto-géré par des bénévoles ;
- et une expérimentation sur le covoiturage.
La force du projet repose sur la complémentarité des services proposés et la mobilisation croissante de l’écosystème de la mobilité solidaire.
Janna Allouche, chargé de mission urbanisme durable au Pays de la Châtre en Berry a d’abord présenté les différentes étapes de mise en œuvre du projet de TUS déployé sur le territoire (diagnostic, concertation, communication, budget, lancement du service, et évaluation). Maylis Chiron, référente services de transport solidaire à Familles rurales de l’Indre est ensuite revenue sur les enjeux, et les règles de fonctionnement du service. L’une des particularités du projet est la forte implication des collectivités, et en particulier du Pays de la Châtre en Berry qui a initié la démarche et accompagné techniquement et financièrement l’association porteuse du projet.
Enfin, Christèle Leroy, vice-présidente de Familles rurales Pays de Surques a présenté le projet de transport solidaire mené sur le territoire de la Communauté de Communes du Pays de Lumbres. Elle a rappelé l’aspect primordial de la communication et ses enjeux multiples : faire connaître le service, ou trouver des financeurs ou des bénévoles. L’association a réussi a communiquer via une multiplicité de canaux, notamment grâce à son partenariat avec la CC : conférence de presse, événements liés à la mobilité, réunions publiques, réseaux sociaux de la CC, flyers, communication spécifique à destination des bénévoles, et reportage télé.
Comment la mobilité solidaire peut passer à l’échelle ?
Pour conclure, le délégué général du Laboratoire de la Mobilité Inclusive (LMI) Francis Demoz a rappelé l’existence d’une dynamique incontestable de la mobilité solidaire ces dernières années, grâce à la LOM, la formation de comités interministériels, et la multiplication du nombre d’appels à projets mais fais le constat de 4 freins à son développement :
- un besoin de professionalisation face à des initiatives nombreuses et foisonnantes mais qui restent déstructurées ;
- un manque de coopération entre les acteurs de la mobilité mais aussi avec les acteurs territoriaux ;
- des dispositifs de financement nombreux mais pas prévus sur le temps long et peu pérennes ;
- l’intégration des enjeux de transition écologique et d’une mobilité plus durable dans des territoires ou les efforts à faire sont plus difficiles.