Dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté, Anne Postic, commissaire à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des Pays de la Loire a fait appel au Cerema pour réaliser un diagnostic sur l’offre existante en matière de mobilité solidaire à vocation d’insertion professionnelle, sa visibilité, son impact, les modèles économiques en place, et formuler des recommandations d’améliorations.
De nombreux acteurs ont été associés afin de construire une connaissance partagée de l’offre présente sur le territoire. Les Pays de la Loire est une région riche d’initiatives en termes de mobilité solidaire, faisant de ce territoire un vrai laboratoire d’expérimentations.
20% de la population active rencontre des difficultés pour se déplacer, en raison de difficultés d’ordre économiques, matérielles, parfois cognitives, ou psychosociales. Dans le cadre de la stratégie pauvreté, le gouvernement a prévu un volet destiné à développer les mobilités inclusives, notamment dans les espaces ruraux. Cette étude confiée au Cerema avait plusieurs objectifs:
- Actualiser la connaissance de l’offre de mobilité solidaire ciblée sur l’insertion professionnelle dans la région en caractérisant les forces et faiblesses en termes d’information, de services offerts, d’accompagnement individualisé, de maillage territorial.
- Qualifier le profil et les situations des bénéficiaires et l’impact des services de mobilité solidaire sur leur insertion professionnelle
- Identifier les enjeux et proposer des pistes d’amélioration et de développement de l’offre
- Mobiliser les acteurs pour coordonner l’offre et préfigurer une gouvernance sur la mobilité solidaire à vocation d’insertion
Un diagnostic réalisé avec la participation des acteurs
Dans la région pays de la Loire, seuls deux EPCI n’ont pas pris la compétence mobilité. A l’échelle des bassins de mobilité, des Contrats Opérationnels de Mobilité sont en cours de définition par les acteurs concernés, et un Plan d’action commun en matière de mobilités solidaire (PAMS) doit être élaboré par la région et les départements en associant les acteurs publics et privés.
Le travail demandé au Cerema visait à alimenter les réflexions liées à ces démarches, et a permis de produire une vision partagée. Pour établir ce diagnostic, le Cerema a analysé des documents sur les services de mobilité solidaire orientés vers l’insertion professionnelle et établi un pré-diagnostic, mené des entretiens, construit une enquête en ligne et organisé deux séries d’ateliers participatifs avec les acteurs engagés dans la mobilité solidaire (opérateurs, recruteurs et centres de formation, financeurs, bénéficiaires, collectivités), les uns pour établir un diagnostic, les autres pour identifier les enjeux et pistes d’amélioration.
Un comité de pilotage élargi a notamment permis d’orienter l’étude et de mobiliser les acteurs. Ces travaux ont été menés collectivement, et les restitutions ont été partagées pour alimenter les réflexions.
Les acteurs:
Les acteurs impliqués dans la mobilité solidaire en Pays de la Loire constituent un écosystème aux interactions nombreuses et complexes. D'autres acteurs sont prendre en compte, tels que les associations caritatives, des financeurs potentiels pour différents aspects de la mobilité solidaire (formation à la mobilité, location ou achat d'un véhicule, réparation...) ou de grandes entreprises qui proposent des solutions.
Lors de la première étape du travail les services présents sur le territoire pour chacune de ces familles ont été analysés et cartographiés. La variété mais aussi les disparités géographiques de l'offre de mobilité solidaire ont été mises en évidence. Pour chaque famille de service, les besoins et les solutions disponibles sur le territoire ont été identifiés.
Les entretiens avec les acteurs ont permis d’identifier des pistes d’amélioration telles que renforcer l’offre de mobilité entre les bassins de vie et les bassins d’emploi, notamment les zones d’activité, l’élargissement des horaires de transport à la demande, le problème de visibilité des offres et services existants.
L’accès à l’emploi n’étant pas uniquement lié à la mobilité, la question des indicateurs s’est posée et un travail collectif doit être mené pour établir un suivi quantitatif et qualitatif de ces services.
Les plateformes de mobilité en Pays de la Loire touchent environ 2300 personnes par an, mais il reste difficile de mobiliser les bénéficiaires dans l’évaluation des services. Des personnages-types aux profils différents ont été construits, pour envisager leur parcours de mobilité, leurs besoins, ce qui a permis de tirer de premiers enseignements tels que la richesse de l’offre mais les difficultés pour y accéder (visibilité, disponibilité, critères d’accès…)
Un personnage-type: Lou, 18 ans, Le Pellerin (44)
L’étude a également fait apparaître le caractère foisonnant de l’offre, avec un grand nombre d’acteurs engagés dans la mobilité solidaire à vocation d’insertion professionnelle, autant du côté des bénéficiaires potentiels –dont certains ne trouvent pas d’offre s’adressant à leur profil- que des employeurs ou formateurs, des financeurs et des structures qui proposent des services. Mais le corollaire est actuellement un manque de clarté dans l’offre et les services existants.
Le maillage territorial n’apparaît pas optimal malgré la présence de 199 acteurs recensés au moment de l’étude. Les opérateurs ont été interrogés par un questionnaire sur leur offre et les freins qu’ils ont identifiés dans le développement de cette offre. Les points de vue des bénéficiaires et des financeurs ont aussi été recueillis.
Un fort enjeu à coordonner un écosystème local dynamique
Pour permettre de développer de manière cohérente les services de mobilité solidaire orientés vers l’insertion professionnelle dans cet écosystème très riche, il apparaît essentiel de faciliter les échanges entre les acteurs. L’étude a examiné les interactions entre les acteurs pour imaginer les pistes d’amélioration.
Un axe important est la meilleure connaissance mutuelle entre les services existants, ainsi qu’avec les prescripteurs, les financeurs, les employeurs, les acteurs nationaux et régionaux.
Le fonctionnement en silo est souvent un frein à la coordination, si bien qu’un fort enjeu de gouvernance est apparu, avec l’idée de construire un observatoire partagé pour mieux comprendre et suivre le parcours des bénéficiaires.
Du point de vue des bénéficiaires, il est important de maintenir une porte d’entrée qui présente l’offre de service et les accompagnements possibles : le rôle des plateformes de mobilité est donc essentiel.
L’accès aux financements pour les opérateurs, qui ont des difficultés pour y accéder ainsi que des difficultés en termes de ressources humaines, peut aussi être clarifié.
Une gouvernance partagée pour piloter les services de mobilité solidaire orientés vers l’insertion professionnelle pourrait répondre à ces besoins.
Le Cerema a présenté une série de questions-clés qui permettront de dégager des pistes d’action, et ont été examinées lors d’ateliers qui ont permis de définir collectivement différentes notions telles que l’offre socle, le délai d’attente raisonnable pour accéder au service, l’accessibilité raisonnable, la distance raisonnable pour les trajets ou l’accès au service…
Les participants ont aussi identifié des actions qu’ils estiment prioritaires comme la formation des conseillers en mobilité et l’organisation de rendez-vous d’échanges inter-acteurs, puis ont esquissé les contours d’une gouvernance partagée aux différentes échelles concernées (région, département, bassin de mobilité) : quel serait son rôle ? Qui y participerait ?