23 avril 2019
marais poitevin
Gilbert Bochenek
A l'occasion de la journée mondiale de la Terre, focus sur les solutions favorables à la préservation et au partage de la ressource l'eau, des thématiques sur lesquelles les équipes du Cerema travaillent afin notamment de produire des méthodes et des guides à destination des territoires. Les retours d'expériences montrent une réelle inventivité des collectivités et acteurs des territoires autour de la gestion de l'eau.

 

L'eau joue un rôle essentiel dans le cadre de l'adaptation des territoires au changement climatique.

Préserver et mieux gérer la ressource en eau, c'est aussi améliorer le cadre de vie, lutter contre le ruissellement ou les inondations, préserver et même favoriser la biodiversité, favoriser des activités proches de la nature...

En janvier 2019, un rapport parlementaire intitulé "Terres d'eau, terres d'avenir", sur la restauration et la valorisation des milieux humide, a été rendu à François de Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire. Ce rapport insiste sur l'importance des zones humides pour atteindre les objectifs fixés en matière de transition écologique.

 

Ponton au-dessus d'une zone humide

 

Ce rapport identifie sept grands types de services rendus par les zones humides :
  • Contribution à la lutte contre le réchauffement climatique, notamment à travers le stockage de carbone
  • Atténuation des effets du changement climatique sur le cycle de l'eau : les zones humides constituent un rempart contre les submersions marines,  des réserves hydriques naturelles en période de sécheresse, et contribuent à la protection contre les inondations.
  • Auto-épuration des eaux, à travers les fonctions épuratrices des terres d'eau.
  • Réservoirs de biodiversité végétale et animale, terrestre et marine,
  • Productions alimentaires : les zones humides sont aussi des espaces productifs qui permettent le maraîchage, le pâturage et d'autres activités agricoles.
  • Rôle dans l'amélioration du cadre de vie, dans la découverte paysagère, les zones humides sont aussi des lieux d'activités récréatives...
  • Tourisme, loisirs et activités économiques d’accueil, comme les activités de nature, l'ornithologie...

 

Ce rapport, qui recommande la création de "territoires de projets" et lance un appel à destination des intercommunalités (EPCI) en charge de la compétence GEMAPI (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations, des bassins-versants de cours d'eau dotés d'une structure de gouvernance de type établissement public territorial de bassin, ou dans certains cas des Parcs Naturels Régionaux. 

En effet, le rôle des zones humides dans la prévention des inondations est souligné, et des objectifs de développement de ces espaces sont fixés afin de doubler d'ici dix ans le nombre de zones humides d'importance nationale

reserve naturelle regionale de la haute vallee de la vezere tourbiere et landes du pont la pierre
Tourbières et landes en Corrèze - CC-BY-SA - Dominique Robert

Le rapport propose également la mise en oeuvre d'un "Programme National de Restauration de 100 000 ha de tourbières", ce qui représente la surface estimée des tourbières françaises.

Les spécialistes estiment que les tourbières, qui représentent à peine 3% des terres émergées, stockent environ 30% de la totalité du carbone des sols mondiaux.

En revanche, la destruction des tourbières, tout comme celle des mangroves, provoque "de véritables gisements de gaz à effet de serre", rappellent les auteurs du rapport.

 

Celui-ci cite le Cerema et Irstea (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture) comme étant "en mesure de fournir un appui méthodologique au montage de tels projets".

 

Le Cerema s'implique dans une démarche "Territoires Eau-responsables" en Auvergne-Rhône-Alpes

capture d'écran d'un article sur la signature de l'accord le 12 avrilLe 12 avril dernier, la démarche Territoires Eau-responsables a été lancée avec plusieurs intercommunalités d'Auvergne-Rhône-Alpes [1], le Cerema, l’Agence française pour la biodiversité (AFB), l’Irstea et le BRGM qui ont signé les principes de l’Association internationale de l’eau (IWA) qui visent à encourager des actions collaboratives dans une perspective de gestion résiliente de l'eau dans les villes.

Ces principes recommandent des actions sur quatre niveaux:

  • Assurer des services d'eau durables pour tous, "afin d'assurer la santé publique et de satisfaire tous les besoins tout en protégeant la qualité et la quantité des ressources en eau pour les générations futures, grâce à une efficacité accrue de la production et de l’utilisation de l’eau, de l’énergie et des matériaux".
  • Une conception urbaine sensible à l'eau, de manière à intégrer "à la planification urbaine la gestion, la protection et la conservation du cycle complet de l’eau urbaine".
  • Une ville connectée à son bassin versant, ce qui rejoint la mise en oeuvre de la compétence GEMAPI (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations). Les objectifs ici sont de garantir la ressource en eau, en protéger la qualité, et de se préparer aux événements extrêmes de type tempêtes ou inondations. 
  • Développer des communautés "eau-responsables" avec l'ensemble des acteurs de la ville.

[1] La communauté de communes pays d’Evian-Vallée d’Abondance (22 communes, 40660 habitants en Haute-Savoie), la ville de Meys (800 habitants, dans le Rhône) et la communauté de communes des monts du Lyonnais (32 communes, 35 000 habitants, dans le Rhône)

Des guides pour partager les bonnes pratiques de gestion de l'eau

A partir de ses travaux et des retours d'expériences issus des territoires qu'il capitalise, le Cerema a produit des ouvrages destinés aux collectivités, sur différentes thématiques liées à la gestion de l'eau.

Ils proposent des solutions mises en oeuvre localement, afin de prendre en compte la gestion de l'eau et/ou des milieux humides dans les projets d'aménagement.

économiser et partager l'eau dans les territoires

Dans un contexte d'adaptation de l'ensemble du territoire au changement climatique, la préservation des ressources en eau est l'une des priorités. 

Lors des récents ateliers réalisés dans le cadre du Concours Capitale française de la Biodiversité, de nombreux exemples de projets et démarches issus des collectivités, adaptés à des configurations de territoires variées, ont été présentés. 

En effet, la préservation et une gestion plus globale de la ressource en eau apporte des solutions aussi bien en milieu urbain qu'en territoire peu dense.

rivière dans une zone naturelle de plaine
CCO David Mark 

 

Les espaces urbains offrent un potentiel d’économies et aussi un gisement de ressources alternatives en eau. 

Afin de diffuser auprès des acteurs des territoires des expériences réussies en matière d'économie et de partage de la ressource en eau, le Cerema a lancé une série de fiches dont les deux premières ont été publiées:

  • L'une présente une démarche de réutilisation de l'eau usée traitée par une station d'épuration, pour l'irrigation de cultures céréalières à Château-Renault.
  • L'autre expose les actions menées à Mérignac, notamment auprès des habitants, pour réduire la consommation d'eau et limiter les prélèvements dans la nappe phréatique.

Un projet de recherche national pour traiter les rejets d'eau pluviale en ville avec des filtres de roseaux

Site d'expérimentation du projet ADEPTE
Site d'expérimentation du projet ADEPTE - Cerema

Le Cerema était l'un des partenaires de ce projet appelé ADEPTE (aide au dimensionnement pour la gestion des eaux pluviales par traitement extensif ), financé par l'Agence Française de la Biodiversité (AFB) et par trois agences de l'eau.

Le projet ADEPTE avait pour objectif de mieux connaître les capacités d'épuration de l'eau rejetée en milieu urbain par temps de pluie par des filtres plantés de roseaux, capables de la stocker et de la traiter, et de développer un logiciel pour dimensionner ces filtres, à destination des collectivités et des professionnels de l'assainissement.

En effet, les eux rejetées par temps de pluie représentent un risque de pollution des milieux aquatiques, et ce système de filtres plantés de roseaux représente une alternative au traitement de ces eaux de pluie en station d'épuration. Il a été testé sur des sites du Grand Lyon, de Metz Métropole, et en Ile-de-France, et le suivi expérimental des deux derniers sites a été réalisé par les équipes du Cerema.

Préserver les milieux aquatiques et lutter contre les inondations: la GEMAPI

vaches sur un ilot de terre suite à une inondationA partir du 1er janvier 2018, la gestion des milieux aquatiques et la préservation des territoires contre les inondations relèvent de la compétence des établissements publics de coopération intercommunale  (EPCI) à fiscalité propre.

Le fait de prendre en compte la gestion et de restauration des milieux aquatiques dans la réduction du risque inondation implique une meilleure efficacité de l'organisation des territoires. 

En 2016, le Cerema et Irstea ont lancé un appel à partenariat pour accompagner plusieurs territoires dans la prise de compétence "Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations" (GEMAPI). 

Ce partenariat couvrait quatre thématiques:

  • Diagnostic territorial en vue de l’élaboration des stratégies locales de restauration des milieux aquatiques et de prévention des inondations ;
  • Expertise pour l’intégration des différentes composantes de la GEMAPI ;
  • Elaboration de méthodes d’évaluation socio-économique des projets et programmes d’action relevant de la GEMAPI ;
  • Conception de dispositifs innovants pour l’acquisition et la valorisation de données, la cartographie et l’aide à la décision.

A la suite de ces travaux, le Cerema capitalise les bonnes pratiques à destination des territoires:

L'eau au Cerema, c'est aussi par exemple :

  • Un projet de recherche destiné à élaborer une méthode pour l'évaluation de l'état hydrique des installations de stockage de déchets non dangereux 

  • Une thèse sur la dépollution des eaux de rusissellement dans les bassins de rétention.

  • Une journée technique en décembre 2018, sur la protection de la ressource en eau vis-à-vis des pollutions diffuses, avec de nombreux retours d'expériences.

  • La création d'un outil, présenté lors du Congrès Intersol 2018, pour anticiper la migration des polluants dans l'eau souterraine.

  • Un simulateur pour calculer les performances des toitures végétalisées en matière d'absorption de l'eau.