Dans quel cadre réglementaire s’inscrit cette notion ? Comment la traduire concrètement de la planification aux projets d’aménagement ? Quels outils pour mener à bien ces initiatives ? De quelles réalisations renaturation s'inspirer ?
C’est pour apporter des réponses à ces questions qu’une centaine d’acteurs de la région ont participé à la rencontre régionale de l’aménagement du 25 novembre 2024 organisée par le Cerema en partenariat avec la DREAL et le CVRH, au Sarcus, Centre d'Affaires et d'Innovation Sociale de Nogent-sur-Oise.
A l’issue de la précédente rencontre régionale à Lens sur le sujet de la densité, les participants, invités à exprimer leurs souhaits pour la prochaine rencontre, avaient largement exprimé des attentes d’une journée consacrée à la renaturation. Creil et son agglomération sont apparus comme des territoires naturels pour accueillir cet évènement au vu de leur inscription dans le dispositif ACV2 en 2024 avec un axe fort sur la nature en ville. La ville de Nogent-sur-Oise a accueilli cette journée qui a rassemblé une centaine de participants issus de collectivités, services déconcentrés, organismes publics (agence d’urbanisme, établissement publics fonciers…) universités ou encore associations.
Introduction
Marc Grevet, Directeur adjoint du Cerema Hauts-de-France, a ouvert la journée en rappelant notamment la contribution à ces rencontres le rôle d’animation régional du Cerema sur les questions d’aménagement durable. Puis, Patricia Richard, Maire Adjointe chargée de l'Innovation, du pôle éducatif et culturel et de la citoyenneté et Conseillère Communautaire sur les sujets d’environnement, d’économie et de territoire a témoigné avec Xavier Nassez des services techniques à la ville de Nogent- sur-Oise de plusieurs projets menés dans la ville notamment le site du Marais Monroy et celui de la micro-forêt urbaine (qui fera l’objet d’une déambulation sur site l’après-midi) et souligné l'importance des choix politiques pour mener à bien des projets favorisant la nature en milieu urbain. Le nécessaire effort de pédagogie auprès des habitants a été aussi rappelé.
Outils et méthodes :
Renaturation, de quoi parle-t-on ?
Les premiers échanges ont permis de poser le cadre réglementaire de la renaturation, en lien avec la loi Climat et Résilience grâce à l’intervention de Lionel Hermange (DREAL Hauts-de-France). Marine Delassus (Région Hauts-de-France) a clarifié la notion dans le contexte de l’objectif de réduction de la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers et de l’artificialisation des sols, en illustrant la nuance avec les démarches de restauration écologique, de végétalisation, de désimperméabilisation ou encore de compensation environnementale.
Ces interventions ont permis à l’ensemble des participants de partager les conditions permettant de parler de renaturation au sens de la loi Climat et Résilience, de comprendre que toute opération de refonctionnalisation d’un sol n’entre pas nécessairement dans ce cadre bien que toutes aient un intérêt. Les échanges ayant souligné l’incidence des possibilités de mesure sur les définitions retenues à l’heure actuelle, le lien s’est fait tout naturellement avec l’intervention suivante.
Observation de la renaturation et estimation de son potentiel
L'observation de la renaturation et l'estimation de son potentiel constituent des enjeux cruciaux pour la planification territoriale. Nicolas Rochard, de la Région Hauts-de-France, a présenté l'OCS2D (occupation du sol à deux dimensions), une base de données essentielle disponible sur l'ensemble de la région. Cette ressource offre de nombreuses possibilités, notamment le calcul d'indicateurs pertinents tels que la mesure de la consommation des ENAF (espaces naturels, agricoles, forestiers) et l'évaluation des actions de renaturation.
Le Schéma Régional d'Aménagement, de Développement Durable et d'Égalité des Territoires (SRADDET) s'appuie sur cette méthode pour analyser la consommation et la renaturation pour la période 2021-2031, contribuant ainsi à une gestion durable des ressources naturelles.
Philippe Cotrebil (Agence d’Urbanisme Oise les Vallées) a ensuite partagé une expérimentation d’utilisation de cet OCS2D pour mesurer les potentialités de renaturation sur le territoire du Syndicat Mixte du Bassin Creillois et des Vallées Bréthoise.
Cette méthodologie a permis d’identifier des zones prioritaires et de proposer aux collectivités une mise en œuvre de projets adaptés aux spécificités géographiques et climatiques locales. Cette intervention illustrait notamment comment la renaturation peut s’intégrer dans une stratégie de territoire.
Accompagnement des acteurs locaux :
Pour poursuivre sur l’accompagnement des acteurs de la définition de leur stratégie aux leviers de mise en œuvre, Jean Castaing, représentant la CDC Biodiversité, a présenté divers outils financiers et techniques disponibles pour soutenir les projets locaux privés et publics. Que ce soit pour des actions d’accompagnement de projets opérationnels (de compensation, de nature en ville, ZAN) ou d’Ingénierie, études et formation, la CDC Biodiversité peut développer des solutions innovantes et de long terme en faveur de la biodiversité sur les territoires. Par exemple le programme Nature 2050 offre des réponses adaptées aux besoins locaux, en combinant restauration écologique et adaptation au changement climatique.
Retours d'expériences :
L’après-midi a été consacrée à des exemples concrets et inspirants, montrant les multiples bénéfices de la renaturation. Ce temps particulièrement enthousiasmant a montré le champs des possibles et que la dynamique est déjà présente même si elle peut bien évidemment se renforcer.
Renaturation des cours d’école
Corentin Ryckelynck et Jérôme Guespin (Cerema) ont d’abord illustré les bienfaits des projets de nature en ville, non seulement pour la gestion de l’eau et le confort thermique, mais aussi pour l’éducation et le bien-être des habitants.
Des projets inspirants de végétalisation de cours d’école comme celui qui a été détaillé à Dunkerque a permis d’évoquer aussi les différentes ressources et outils disponibles. Ils ont insisté sur l’importance du diagnostic des usages et de l’implication de l’ensemble des acteurs (services techniques, équipe enseignante, élèves…) pour réussir à articuler l’ensemble des enjeux : désimperméabiliser en pensant aux moyens de gestion, conserver les usages actuels mais en développer d’autres, faire des arbres fruitiers un outil pédagogique, casser les monopoles genrés et ouvrir la possibilité de faire cours dehors...
Emmanuel Das Graças est ensuite intervenu pour présenter le Conservatoire des Espaces Naturels des Hauts-de-France, ses missions et son fonctionnement. Il a ensuite présenté des initiatives exemplaires de restauration écologique, telles que la désimperméabilisation des sols et la création de corridors écologiques. L’exemple de la zone d’activité de Douzies à Maubeuge a notamment été détaillé, s’agissant d’une intervention sur une friche. Ces actions visent à renforcer la biodiversité et à reconnecter les territoires naturels. Il a notamment montré comment les mesures compensatoires peuvent permettre des impacts positifs sur les écosystèmes locaux à court moyen voire long terme.
L’impact est d’autant plus grand que ces mesures s’intègrent dans le cadre d’une stratégie globale. Il a insisté également sur l’évaluation du suivi de ces mesures dans le temps, pour s’assurer que les effets attendus sont bien au rendez-vous. Son intervention s’est prolongé par un débat avec la salle sur les opportunités concrètes d’avancer sur ce sujet à Nogent-Sur-Oise où le conservatoire a d’ores et déjà identifié des enjeux majeurs.
Conclusion :
Une conclusion sous le signe de la nature "en action" avec la visite guidée de la micro-forêt urbaine de Nogent-sur-Oise, un projet pilote qui démontre comment des espaces restreints en milieu urbain peuvent aussi devenir des espaces de nature et des lieux de ressourcement pour les habitants. Sur un espace de 2000 m², elle a pris la place de trois tours démolies dans le cadre du projet de rénovation urbaine. Les arbres, plantés il y a deux ans seulement, font déjà plus de 2 m et l’évaluation montre que l’ensemble des espèces envisagées sont présentes, ainsi que d’autres qui sont venues enrichir la forêt.
Ce projet témoigne de l’engagement de la commune pour conjuguer urbanisme et préservation de la biodiversité.
Le succès de cet événement souligne l’importance d’une approche collaborative et inspirante pour intégrer la renaturation dans les projets d’aménagement.
De prochains rendez-vous sont en cours de programmation pour continuer ces échanges lors des prochaines rencontres régionales. Les questions et suggestions formulées par l’assistance, aideront les équipes du Cerema de la DREAL et du CVRH dans les propositions de thématiques à aborder en 2025.
Ressources :
Une communauté d'échanges sur Expertises.territoires
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Connaissance et mobilisation du foncier en hauts-de-France :
Contacts Cerema
Olivier DUPRE, Chef du groupe Connaissance du Foncier et de ses Usages (CFU) – Cerema Hauts-de-France
– Catherine BOCQUET, Chargée d’études Foncier, groupe CFU, Cerema Hauts-de-France