14 octobre 2024
Parc de Miribel Jonage -
Adobestock
Comment accompagner les nombreux usagers, promeneurs et baigneurs, à devenir acteurs de la préservation du Grand Parc Miribel Jonage ? La question est vaste et au cœur des enjeux d’aujourd’hui puisqu’il s’agit pour la collectivité de trouver les leviers d’action permettant de faire évoluer le rapport à l’environnement de la population afin de trouver un équilibre entre préservation des milieux et accès aux espaces "naturels" pour les urbains.
Le syndicat mixte pour l'aménagement et la gestion du Grand Parc de Miribel-Jonage, situé aux portes de Lyon, a fait appel au Cerema qui a construit une stratégie de mobilisation et de participation écocitoyenne des usagers.

Le SYMALIM (syndicat mixte pour l'aménagement et la gestion du Grand Parc de Miribel-Jonage), propriétaire du Grand Parc de Miribel Jonage, conscient de la fragilité et du caractère exceptionnel de ses milieux naturels, et en même temps de son positionnement au sein d’une métropole lui donnant un rôle particulier dans l’accueil des populations et le vivre-ensemble, a souhaité remettre l’usager au centre de l'action, en pariant sur une mobilisation écocitoyenne. L’objectif est de converger vers "un territoire pour faire grandir le vivant" en faisant de l’ensemble du territoire une démarche d’éducation populaire, un territoire apprenant, dans lequel les usagers sont acteurs et non de simples consommateurs. 

En effet, la mobilisation écocitoyenne doit contribuer à la préservation de la ressource en eau et de la biodiversité. Ce dernier aspect est un enjeu essentiel pour le parc et une condition de son ouverture au public. Le Symalim a fait appel au Cerema pour élaborer un plan de mobilisation et de participation écocitoyenne des usagers du Grand Parc Miribel Jonage.

 

Résoudre le défi de l’équilibre entre préservation et fréquentation : l’équation du siècle ?

Parc de Mirubel Jonage - Crédit : Grand Lyon 

Le Parc Miribel Jonage se trouve à l’est de la Métropole de Lyon. Situé entre les canaux de Miribel et Jonage, le Grand Parc, d’une superficie de 2200 hectares, est l’un des plus grands parcs métropolitains d’Europe. Il comprend 800 ha de forêts, 500 ha d’espaces agricoles dont plus de 50 % en agriculture bio, 400 ha de plans d’eau, 56 ha de prairies sèches classées Natura 2000, 13 habitats faune flore classés d’intérêt communautaire rares et protégés par l’Europe et accueille 4 millions de visiteurs par an. 

Au-delà de ses qualités environnementales, les plages de ce Parc constituent des espaces publics uniques sur la métropole puisqu’il est possible de s’y baigner librement et gratuitement, dans la tenue souhaitée, de venir en famille, entre amis, y compris en grand groupe pour partager un repas et de faire un barbecue. Cette pratique, commune pour les habitants des milieux périurbains et ruraux, est peu accessible habituellement aux habitants des grandes villes, notamment des quartiers populaires. 

Ainsi, compte-tenu de la proximité géographique avec les Quartiers Prioritaires de la Ville de la Métropole de Lyon - et notamment ceux de Vaulx-en-Velin-, cet espace offre un jardin à ses populations, et confère au Grand Parc un enjeu majeur de cohésion sociale. Le Grand Parc constitue aussi un refuge et un espace de rafraîchissement en cas de canicule. Ses eaux bleues, ses plages et l’offre culturelle proposent aux 4 millions de visiteurs annuels un air de vacances en période estivale, souvent bienvenu dans une métropole où les canicules sont fréquentes.

Si d’un point de vue sociologique, les usages permis par cet espace unique sont précieux, ils présentent un fort impact sur les milieux naturels dont la préservation est une vocation socle du Grand Parc. Il est plus essentiel que jamais de faire évoluer les pratiques afin de garantir son accès tout en limitant la détérioration de l’environnement. Mais comment agir en faveur de plus d’écocitoyenneté ? Comment mobiliser les usagers et les rendre acteurs de la préservation et non simples consommateurs ? C’est la question qu’a posée le Symalim au Cerema.

 

Comprendre les dynamiques écocitoyennes existantes sur le Grand Parc pour mieux les amplifier par des démarches participatives

Pour répondre à la question posée par le Grand Parc Miribel Jonage, le Cerema a proposé une étude sur mesure comprenant :

  • Une analyse des usages des différents groupes de population qui fréquentent le parc à différentes périodes de l’année. Ce travail s’est appuyé sur une enquête de terrain permettant de comprendre les motivations des usages, les perceptions des populations et leurs attentes et d’identifier les appétences pour la participation citoyenne. De cette façon, il a été possible de dresser une typologie des usagers selon leurs pratiques et leur rapport à l’environnement. Cela a également permis d’identifier des usagers "ressources", qui par leur attachement au Grand Parc et leur pratique participent d’ores et déjà à sa préservation et à l’évolution des pratiques des visiteurs. Cette typologie a ensuite permis de construire une démarche participative multiple pour s’adapter aux différents usagers. 

  • Des entretiens et ateliers avec les élus du Symalim afin de préciser leurs attentes en matière de participation citoyenne et de définir ainsi les invariants de la participation, le cadre participatif et le niveau de participation (information, consultation, concertation, co-construction) attendu, des entretiens et ateliers auprès des agents du Symalim et des gestionnaires sur le terrain (agents de la Segapal, qui est la Société Publique Locale à qui le Symalim a délégué la gestion du Grand Parc) afin de comprendre les modalités de gestion et de gouvernance actuelles du Grand Parc et d’identifier les freins et les leviers à la mise en œuvre d’une démarche participative. 

  • Un atelier avec les acteurs et associations qui œuvrent actuellement sur le Grand Parc afin d’identifier les pratiques actuelles, les envies et les coopérations possibles pour favoriser l’écocitoyenneté

Le travail de terrain auprès des usagers du Grand Parc a été décuplé par la contribution des étudiants de l’atelier professionnel du Master 1 ADDT de l’Université Lyon 3 afin d’élargir le travail de terrain, mais aussi d’avoir un regard autre sur les enjeux du Grand Parc.

Le Cerema a également travaillé en partenariat avec la société Kovalence afin de proposer une démarche expérimentale innovante sous forme d’observation croisée. Cette "capsule" a réuni un public mixte (élus, agents, usagers, associations) et a permis de croiser les regards, de mettre en mouvement en posant les premiers jalons d’une culture commune, et de donner à voir, prototyper, une des formes que pourrait prendre la démarche participative.

Des recommandations et des dispositifs pour amplifier la mobilisation et la participation des acteurs et usagers du Grand Parc

A partir de l’ensemble de ces données, de retour d’expérience d’autres territoires aux enjeux similaires et de l’expertise du Cerema en matière de gouvernance et de participation citoyenne, 4 recommandations ont été formulées :

 

  • Recommandation n°1 : Renforcer la gouvernance du Grand Parc, améliorer son fonctionnement interne, fluidifier les processus et accompagner la montée en compétence des agents : Avoir une réelle culture partagée en interne, préalable à la démarche participative et une des conditions de réussite
  • Recommandation n°2 : Elaborer un projet de territoire participatif et le mettre en récit : Pour avoir une vision stratégique opérationnelle claire et partagée et pour déterminer l’équilibre entre usages et préservation, entre interdiction et responsabilisation
  • Recommandation n°3 : Impulser une coopération vers l’écocitoyenneté avec les acteurs organisés du Grand Parc : Positionner le Grand Parc comme fédérateur des acteurs organisés et des différentes initiatives
  • Recommandation n°4 : Impulser une culture de la participation et ouvrir des espaces d’implication éco-citoyenne en phase avec les différentes dynamiques des usagers : Ouvrir des espaces de participation et de mobilisation divers en direction des usagers diffus, en fonction des types d’usagers, et du niveau de participation/mobilisation attendu
Le rapport d'étude est sur CeremaDoc :