6 mars 2025
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Le Cerema présente dans un Essentiel à destination des maires et des élus locaux, sur la Réutilisation des Eaux Usées Traitées (REUT) et présente les leviers d'action pour développer un projet. Deux des autrices reviennent sur les enjeux en matière de ressource alternative en eau, les points d'attention pour mener ces démarches, et les travaux du Cerema à ce sujet.

L'Essentiel "Eaux usées traitées. Une ressource à valoriser" aborde les différentes questions liées au développement de projet de Réutilisation des Eaux Usées Traitées (REUT) dans le cadre de stratégies locales. Deux des autrices, Olivia Martin, directrice de projet Plan Eau, et Virginie Fouilliart, Chargée de mission "Plan Eau", ont répondu à 3 questions sur l'intérêt de la REUT et sa mise en œuvre.

 

La réutilisation des eaux usées traitées se développe en France : le contexte est-il plus favorable pour ces projets que par le passé ?

Cerema

Virginie Fouilliart : Avec le changement climatique, les épisodes de sécheresse sont plus fréquents et plus longs, et une tension apparaît sur la ressource en eau. Il y a une notion d’urgence, même si tous les territoires ne la ressentent pas de la même manière. Depuis la sécheresse de 2023, on observe que de plus en plus de collectivités s’intéressent à la REUT

Olivia Martin : En effet, la première motivation des territoires est l’adaptation au changement climatique, et la nécessité de se mettre en action notamment sur la protection de la ressource en eau. L’objectif est d’abord de limiter les consommations globales en réalisant des économies d’eau, puis de prioriser les usages qui nécessitent de l’eau potable en trouvant des ressources alternatives, ce qu’on appelle les eaux non conventionnelles. Parmi elles, la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) en sortie des stations d’épuration permet d’avoir des volumes importants d’eau, y compris lors des périodes de sécheresse.

Les usages de la REUT peuvent être développés suivant les besoins des territoires : selon le panorama INRAE 2022, les principaux usages sont l’agriculture (42%) et l’arrosage des espaces verts (39%). Avec le Plan Eau de 2023, qui prévoit des mesures pour accélérer le déploiement de la REUT, les évolutions de la réglementation visent à harmoniser les seuils de qualités d’eau requis pour les différents usages, en cohérence avec la réglementation européenne, et à faciliter la REUT en l’ouvrant à de nouveaux usages tels que les usages urbains. 

La REUT est une solution à envisager, et la France qui n’utilise que 1% du potentiel de REUT, a une marge de progression : l’objectif est d’atteindre 10% de recours aux eaux non conventionnelles à l’horizon 2030. En Israël, plus de 80 % du potentiel de REUT est exploité, en Espagne 14% et en Italie 10%. 

 

Le Cerema propose une démarche qui consiste à intégrer ces projets dans une démarche de territoire : il s'agit de penser la ressource à une échelle plus large que celle du projet ?

Thierry Degen - TERRA

Virginie Fouilliart : Chaque démarche est différente car elle est propre au territoire. Il y a un intérêt à regarder à l’échelle du territoire l’ensemble des ressources et des besoins, et d’identifier les gisements d’eaux non conventionnelles, afin de travailler sur une stratégie d’utilisation des ressources en eau sur le territoire.

Il est intéressant d’avoir une vue globale, au-delà d’une seule station : cela permet d’écarter certaines stations qui ont un rôle par exemple dans le soutien étiage, et de mettre en corrélation les besoins et les ressources. Il existe aussi des alternatives à la REUT, comme la récupération des eaux pluviales, qui peut suffire pour certains besoins.

Les projets des collectivités sont actuellement très variés : il peut s’agir de petites communes rurales qui nous sollicitent pour une étude sur une station, d’intercommunalités ou encore de départements pour avoir une vision des opportunités à l’échelle de l’ensemble du territoire sur plusieurs stations. On explique aussi dans le guide l’intérêt pour les porteurs de projets de mettre les différents acteurs concernés autour de la table pour s’assurer de la robustesse et la durabilité du projet.

Olivia Martin :  L’étude de l’opportunité peut être motivée par diverses raisons (tension sur la ressource, travaux sur la station, intérêt d’un usager, …). Lorsqu’un besoin apparaît, c’est l’occasion de construire une stratégie, prenant en compte non seulement les enjeux sur la ressource en eau sur le territoire mais aussi les caractéristiques de la station, la qualité de l’eau requise, les besoins des usagers à proximité, …. 

Toute cette démarche est précisée dans cet Essentiel, étape par étape, ainsi que les documents de référence et des exemples issus des collectivités. C’est un guide très synthétique pour donner les leviers d’action aux élus locaux, fournir les clés pour lancer un projet, et présenter des ressources et des outils, comme le portail de l’assainissement collectif (informations sur les stations et les projets REUT existants) et des guides de référence.

 

Quels travaux mène actuellement le Cerema dans le domaine de la REUT ?

Virginie Fouilliart : Le Cerema a été désigné pilote dans le cadre de la mesure 18 du Plan eau, pour animer le programme d’accélération de la REUT sur le littoral. Les eaux traitées issues des stations d’épuration localisées dans les terres sont rejetées dans les cours d’eau et présentent souvent un intérêt environnemental pour le soutien d’étiage et le maintien de la qualité des eaux. D’où l’intérêt particulier de développer la REUT sur le littoral car l’eau usée traitée des stations est rejetée en mer. Les projets que nous allons accompagner seront ensuite capitalisés, et ce programme sera utile pour l’ensemble des territoires en apportant de nombreux retours d’expérience et des éléments de méthode

 

>> Programme REUT Littoral  

 

A ce titre, l’Essentiel renvoie vers une série de ressources déjà produites par le Cerema, notamment les fiches de retour d’expérience de projets REUT en service

Olivia Martin : Le Cerema a réalisé en 2020 le panorama français de la REUT, estimant à 1% le potentiel valorisé de la REUT. Depuis plusieurs années, il mène des études d’opportunité sur la REUT pour différentes collectivités (Loiret, Carene, Grandville, le département de l'Ain en cours), ce qui a permis de construire un cadre méthodologique enrichi par les retours d’expériences et les besoins exprimés par les partenaires.

Le Cerema est aussi présent dans le groupe de travail sur les eaux non conventionnelles de l’ASTEE missionné par le Ministère de la Transition Ecologique pour produire des guides sur les différents usages possibles par type d’eau référencé dans l’Essentiel. 

 

Retrouvez l'Essentiel sur CeremaDoc :