
Les zones calmes sont des "espaces extérieurs remarquables par leur faible exposition au bruit", les zones de moindre nuisance intègrent les bruits d'origine anthropique. Elles jouent un rôle essentiel dans la préservation de la biodiversité et le bien-être des habitants.
Les berges de la Marne, milieu contraint aux enjeux forts en termes de biodiversité

La collectivité Paris Est Marne et Bois (PEMB) fait face depuis quelques années à des cycles répétés d'événements climatiques exceptionnels (canicule, surchauffe urbaine, inondation) impactant l'écosystème et le quotidien de la population. Dans ce contexte, la collectivité souhaite mettre en œuvre une stratégie systémique d’adaptation et de résilience fondée sur la nature, en prenant en compte les interactions complexes entre les écosystèmes, les activités humaines et les changements climatiques.
Elle a sollicité le Cerema pour élaborer une méthodologie afin d'améliorer la connaissance du territoire en termes de nuisances anthropiques (sonores, lumineuse et vibratoire) et de leurs impacts sur la faune et la flore locales, et pour proposer des actions concrètes afin de restaurer la qualité écologique des zones concernées. L’identification de la Trame Verte et Bleue (TVB), des réservoirs de biodiversité et des corridors écologiques qui favorisent les déplacements des espèces et leur cycle biologique a été complétée par les données sur les nuisances anthropiques, pour mettre en évidence les zones les plus impactées.
Cette étude intègre les impacts du bruit, de la lumière artificielle, des vibrations ou encore de l’urbanisation qui restent souvent insuffisamment mesurés et intégrés dans les démarches de préservation de la biodiversité. Afin de compléter cette approche, la collectivité a sollicité le Cerema pour mieux comprendre et limiter les effets de ces nuisances anthropiques, notamment sur les déplacements des espèces au sein des corridors écologiques de la Marne et des corridors secondaires.
L’objectif est de mettre en évidence les sources d’écofragmentation d'origine anthropique (infrastructures de transport, éclairage public...) et de proposer des solutions adaptées pour réduire leur impact sur la faune locale. Ainsi, le partenariat de recherche et développement mené avec le Cerema vise d'une part à enrichir la connaissance des nuisances existantes et à élaborer des mesures spécifiques pour les atténuer, et d'autre part à proposer un plan d'actions sur le territoire en général et sur les bords de Marne en particulier.
Identifier les sites où agir en priorité en faveur des continuités écologiques

Le territoire de Paris Est Marne et Bois est un territoire attractif grâce à sa proximité avec Paris et au réseau de transports, notamment avec le Grand Paris Express. C'est un territoire très urbanisé, qui possède des sites d'intérêt écologique (zones humides, zones classées au patrimoine naturel...).
L'étude a ciblé une zone précise s'étendant de Bry-sur-Marne à Champigny-sur-Marne, la rivière constituant l'élément principal. Cette zone est traversée par des axes de transport. L'étude du Cerema a identifié les différentes composantes du paysage et les ruptures dans les continuités écologiques, liées aux infrastructures, à l'urbanisation et aux nuisances anthropiques :
- La pollution lumineuse, soit l’impact de l'éclairage public sur les corridors écologiques ;
- Les nuisances sonores tant d'origine routière que ferroviaire ;
- Les nuisances vibratoires générées par le trafic.
Pour chacune de ces nuisances, le Cerema rappelle dans ses rapports d'étude le cadre réglementaire, les méthodes de mesure et les données utiles.
Par ailleurs, les berges de la Marne seront impactées par la volonté de valoriser les activités touristiques, festives et de loisir au sein de cette trame naturelle. L’enjeu pour le territoire est de maintenir son attractivité tout en y préservant les éléments naturels.

Des cartographies pour chaque nuisance anthropique ont été fournies à la collectivité, mettant en évidence les zones de moindre nuisance et les zones à enjeux écologiques le long des berges de la Marne. Ce travail a permis d'identifier des mesures destinées à réduire la fragmentation.
L'évaluation de ces nuisances a cependant été confrontée à plusieurs freins évoqués dans ce rapport. Ce sont le manque d’un inventaire naturaliste complet, ainsi que la variabilité des vibrations générées par le trafic qui sont cités comme principales difficultés pour mesurer leur impact sur la faune en temps réel. Un enjeu pour la collectivité sera de compléter les connaissances liées à l'impact des nuisances sur la biodiversité.
Un plan axé sur 3 grandes orientations
L'exploitation des résultats fondée sur la stratégie de réduction des nuisances, a permis de dégager 3 grandes orientations principales contextualisées aux niveaux des zones prioritaires pour la reconquête des trames naturelles. Ces orientations ont été débattues et discutées en atelier afin d'aboutir à un consensus sur les orientations stratégiques et les objectifs.
Une démarche de concertation a été menée avec les élus et les techniciens pour définir le cadre du programme d'actions.
Un premier atelier en présence des élus a permis de définir des ambitions partagées (orientations stratégiques) pour le territoire pour répondre aux enjeux de préservation de la biodiversité, de diminution des nuisances et d'amélioration de cadre de vie.
Sur la base de ces ambitions, un deuxième atelier en présence des techniciens a été réalisé pour faire émerger des actions opérationnelles visant à rétablir les fonctionnalités écologiques avec une attention particulière au niveau des zones prioritaires d'intervention (zones de conflit).
La concertation a donc permis de fixer des bases solides pour formaliser un programme d'actions à l'échelle territoriale.
Le programme d'actions a été soumis à validation lors de la réunion de restitution de l'étude en janvier 2025 en présence des élus et des partenaires de l'étude.

Les objectifs du plan d'action :
Le plan d'action destiné à réduire les impacts des nuisances d’origine anthropiques sur le territoire du PEMB porte sur une durée de 7 ans (2025-2031). Il est présenté à travers 6 fiches Socles (cadre organisationnel et opérationnel) déclinées en 20 fiches Actions.
Fiche socle 1 : à l’échelle du territoire, se donner les moyens de mettre en œuvre le programme d’actions :
- Fiche action 1.1 : Créer un comité de partenaires et renforcer les relations avec les partenaires
- Fiche action 1.2 : Mettre en place une structure projet
- Fiche action 1.3 : Au niveau intercommunal, et pour chaque thématique, définir les objectifs minima à atteindre pour la réussite du plan d’actions dans le temps
Fiche socle 2 : Elaborer et mettre en œuvre un plan de gestion différenciée des espaces verts
- Fiche action 2.1 : Construire un référentiel méthodologique commun sur la gestion écologique
- Fiche action 2.2 : Gérer les espèces exotiques envahissantes
- Fiche action 2.3 : Former les agents et réaliser des journées techniques de retours d’expériences sur le thème de la gestion écologique
- Fiche action 2.4 : Sensibiliser les usagers à la gestion écologique
Fiche socle 3 : Réduire la pollution lumineuse et tendre vers une homogénéité des pratiques
- Fiche action 3.1 : Se mettre en conformité avec l’arrêté ministériel de 2018 portant sur la diminution de la pollution lumineuse
- Fiche action 3.2 : Adapter l’éclairage de l’espace public aux enjeux et aux usages
- Fiche action 3.3 : Rédiger un guide de bonnes pratiques de gestion de l’éclairage et du bruit provenant des activités récréatives dans les espaces privés.
Fiche socle 4 : Expérimenter des zones calmes et de moindre bruit
- Fiche action 4.1 : Encadrer les activités humaines au sein des zones d’importance pour la biodiversité
- Fiche action 4.2 : Fermer les bords de Marne à la circulation routière (cohérence intercommunale et augmentation des périodes de fermeture)
- Fiche action 4.3 : Déployer des dispositifs pour diminuer la pollution sonore (zone 30 km/h, radar pédagogique, conversion des appareils d’entretien bruyants)
Fiche socle 5 : Préserver et développer la végétation en ville
- Fiche action 5.1 : Végétaliser l’espace public et renforcer la trame verte urbaine
- Fiche action 5.2 : Rédiger une charte de l’arbre
- Fiche action 5.3 : Résorber la carence en espaces verts
Fiche socle 6 : Déployer les solutions fondées sur la nature
- Fiche action 6.1 : Réaliser des opérations de désimperméabilisation de l’espace public (exemple : parkings, trottoirs)
- Fiche action 6.2 : En bords de Marne, fermer une voie de shunt (sous un pont) et réaliser des opérations de désimperméabilisation (exemple Pont du Petit Parc)
- Fiche action 6.3 : Elaborer un référentiel commun sur le choix de matériaux durables
- Fiche action 6.4 : Consolider les berges par techniques végétales